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Israël-Palestine: faisons de l’eau une arme pour la Paix !

L'eau pour la paix

Sommaire:

1. Géographie

La mer Morte se trouve à moins 415 mètres en dessous du niveau de la mer.

Quatre pays se partagent le bassin du Jourdain, le Liban, la Syrie, la Jordanie et Israël, auxquels il faut ajouter les territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.

Logée dans le creux d’une dépression tectonique se situant sur la grande faille qui court depuis Aqaba jusqu’à la Turquie, la vallée du Jourdain est l’un des bassins de vie les plus bas au monde, puisqu’il se jette dans la mer Morte, à 421 mètres sous le niveau des océans.

Voir carte topographique interactive

De plus, il s’agit d’un bassin endoréique, c’est-à-dire d’un cours d’eau n’aboutissant ni à la mer ni à l’océan. Comme pour le bassin de la mer d’Aral en Asie centrale, ceci implique que toute eau puisée ou détournée en amont réduit le niveau de son réceptacle ultime, la mer Morte (voir plus bas) et pourrait même, éventuellement, la faire disparaître.

Vallée du Jourdain.

Tout en restant une artère fondamentale pour toute la région, le Jourdain est un fleuve présentant plusieurs inconvénients : son cours n’est pas navigable, son débit reste peu élevé et ses eaux, fortement salées, sont polluées.

Comme un des facteurs clés de l’équation (le nexus) « eau, énergie, nourriture », trois facteurs dont l’interdépendance est telle qu’on ne peut les traiter isolément, l’aménagement de la ressource en eau reste un enjeu capital et occupe une place primordiale pour tout avenir partagé entre Israël et ses voisins arabes.

2. Pluviométrie et ressources hydriques

Le Moyen-Orient forme une longue bande aride qui n’est interrompue qu’accidentellement par des zones où les précipitations sont abondantes (autour de 500-700 mm/an), par exemple les montagnes du Liban, de la Palestine, du Yémen.

Géographiquement, une bonne partie du Moyen-Orient est située au Sud de l’isohyète (ligne imaginaire reliant des points d’égales précipitations) indiquant les 300 mm/an. Cependant, les précipitations n’ont qu’un effet limité du fait de leur saisonnalité (octobre-février).

Par conséquent, le débit et les crues des cours d’eaux sont irréguliers au fil de l’année, en plus d’être irréguliers entre les années. Idem pour l’alimentation des nappes phréatiques.

Maintenant, en termes de ressources totales en eau par personne et par Etat, elles sont très inégalement réparties.

État par État, les ressources totales en eau sont très inégalement réparties dans la région :
La Turquie et l’Irak disposent de plus de 4 000 mètres cubes par personne et par an, et le Liban d’environ 3 000 m³/personne/an, ce qui est supérieur à la moyenne régionale (1 800 m³/personne/an).
La Syrie et l’Égypte ont environ 1 200 m³/personne/an, soit un tiers de moins.

D’autre part, certains pays se situent en dessous de la fourchette critique de 500 m³/an/habitant :
Israël et la Jordanie disposent de 300 m³/an/habitant, et les Territoires palestiniens (Cisjordanie-Gaza) de moins de 200 m³/an/habitant. Ils se trouvent dans ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle une situation de « stress hydrique ».

Le Moyen-Orient jouit d’une abondance d’eau à l’échelle régionale, mais compte de nombreuses zones en pénurie chronique, à l’échelle locale.

3. Hydrographie du bassin du Jourdain

A. Source

Long de 360 km de long, le fleuve Jourdain naît de l’eau qui descend des pentes du Jabal el-Cheikh (mont Hermon) au sud du Liban, sur la frontière avec la Syrie.

B. Affluents

Une fois passée la frontière israélienne, trois affluents rejoignent le Jourdain à environ 6 km en amont de l’ancien lac Houleh (aujourd’hui assaini) :

1. Le Hasbani, avec un débit de 140 millions de mètres cubes par an, prend sa source au Liban, qu’il parcourt sur 21 km. Son cours supérieur varie fortement en fonction des saisons, alors que son cours inférieur est plus régulier.

2. Long de 30 km, le Banias, actuellement placé sous le contrôle d’Israël, a un débit annuel proche de celui de l’Hasbani (140 MMC/an). Il prend sa source en Syrie sur les hauteurs du Golan, et s’étire en Israël sur environ 12 km avant de se jeter dans le Haut Jourdain.

3. Le Nahr Leddan (ou le Dan) se forme en Israël lorsque se rejoignent les eaux provenant en majorité des hauteurs du Golan. Bien que restreint, son cours reste stable et son débit annuel est supérieur à ceux des deux autres affluents du haut Jourdain, puisqu’il dépasse les 250 MMC/an.

C. Lac de Tibériade (Mer de Galilée, lac de Kinneret)

Le Jourdain parcourt ensuite 17 km de gorges étroites pour arriver au lac de Tibériade, où la salinité est forte, d’autant plus qu’on a détourné des cours d’eau douce qui s’y jetaient. Le lac de Tibériade reçoit cependant les eaux des multiples petits cours d’eau traversant les hauteurs du Golan.

D. La rivière Yarmouk

Le Jourdain rencontre alors la rivière Yarmouk (arrivant de Syrie), puis décrit des méandres sur 320 km (109 km à vol d’oiseau) avant d’atteindre la mer Morte. Ces 320 km sont occupés par une plaine humide (le zor humide), à la végétation subtropicale, dominée des deux côtés (cisjordanien et jordanien) par des terrasses sèches et ravinées.

4. Sources d’eau pour Israël

L’État hébreu dispose de quatre principales sources d’approvisionnement en eau.

A. Eaux de surface

Israël bénéficie des réserves en eau douce du lac de Tibériade en Galilée, au nord du pays. Traversée par le Jourdain, cette petite mer intérieure représente 25 % des besoins en eau d’Israël. Cette source d’eau a été sanctuarisée par son annexion dans les hauteurs du Golan et son occupation au Sud Liban.

B. Eaux souterraines

En plus des eaux de surface (rivières), le pays peut compter sur ses aquifères côtiers, de Haïfa à Ashkelon. Située entre Israël et la Cisjordanie occupée, la principale nappe phréatique, l’aquifère de montagne Yarkon-Taninim, a une capacité de 350 MMC/an. Dans le nord-est et l’est de la Cisjordanie se trouvent deux autres nappes, d’une capacité respective de 140 et 120 MMC/an.

C. Dessalement de l’eau de mer

Cinq usines de dessalement construites le long du littoral israélien – à Soreq, Hadera, Ashkelon, Ashdod et Palmachim – fonctionnent actuellement et deux autres sont en cours de construction. Ensemble, ces usines devraient représenter 85 à 90 % de la consommation annuelle d’eau d’Israël, ce qui constitue un changement de cap remarquable.

L’usine de dessalement de Sorek, située à environ 15 km au sud de Tel Aviv, est devenue opérationnelle en octobre 2013 avec une capacité de traitement de l’eau de mer de 624 000 m³/jour, ce qui en fait la plus grande usine de dessalement d’eau de mer au monde. L’installation de dessalement utilise le processus d’osmose inverse de l’eau de mer (SWRO) pour fournir de l’eau au système national de transport d’eau d’Israël (NWC, voir ci-dessous). La construction d’une douzaine d’autres unités de ce type est envisagée.

Israël, qui est confronté à de graves sécheresses depuis 2013, a même commencé à pomper de l’eau de mer dessalée de la Méditerranée dans le lac de Tibériade, une performance unique au monde. Alors qu’Israël était confronté à une pénurie d’eau il y a deux décennies, il exporte désormais de l’eau vers ses voisins (mais pas trop vers la Palestine). Israël fournit actuellement 100 millions de m3 à la Jordanie et répond à 20 % de ses besoins en eau.

A partir de 100 litres d’eau de mer, le dessalement permet d’obtenir 52 litres d’eau douce et 48 litres d’eau saumâtre (la « saumure »).

A partir de 100 litres d’eau de mer, on peut obtenir 52 litres d’eau potable et 48 litres d’eau saumâtre. Bien que très performant et très utile, ce type de technologie reste à perfectionner car pour l’instant, il rejette en mer des saumures qui perturbent l’écosystème marin. Pour réduire cette pollution et la transformer en déchets solides, il faut multiplier l’opération de nombreuses fois et donc la consommation énergétique.

D. Recyclage des eaux usées

Le pays se vante de recycler entre 80 % et 90 % de ses eaux usées pour alimenter les cultures agricoles. Ces eaux traitées, utilisées pour l’irrigation, sont appelées effluents. Leur taux d’utilisation en Israël est l’un des plus élevés au monde.

Le traitement est effectué par 87 grandes stations d’épuration des eaux usées qui fournissent plus de 660 millions de m3 par an. Cela représente environ 50 % de la demande totale en eau pour l’agriculture et environ 25 % de la demande totale en eau du pays. Israël a pour objectif de doubler la production d’effluents pour le secteur agricole d’ici 2050.

5. Projets d’aménagement

David Ben Gourion.

Pour Israël, se doter de ressources en eau dans une région désertique, par la technique, la force militaire et/ou la diplomatie, a été dès le début un impératif régalien pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance et, aux yeux du reste du monde, une démonstration de sa supériorité.

Cette symbolique se manifeste notamment à travers la figure du père de l’État hébreu, David Ben Gourion (1886-1973), qui avait pour objectif de faire « fleurir » le désert du Néguev, au sud du pays.

Dans son ouvrage Southwards (1956), Ben Gourion décrit ainsi son ambition :

A. Aqueduc national

De 1959 à 1964, les Israéliens ont construit le National Water Carrier of Israël (NWC ou aqueduc national), à ce jour le plus grand projet hydraulique du pays.

Les premières idées sont apparues dans le livre Altneuland (1902) de Theodor Herzl, dans lequel il parle d’utiliser les sources du Jourdain à des fins d’irrigation et de canaliser l’eau de mer pour produire de l’électricité depuis la Méditerranée, près de Haïfa, jusqu’à un canal parallèle au Jourdain et à la mer Morte, en passant par les vallées de Beit She’an et du Jourdain.

« Tout l’avenir économique de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau », déclarait en 1919 Chaïm Waizmann, le dirigeant de l’Organisation sioniste mondiale. Seulement, il préconisait d’intégrer la vallée du Litani (sud du Liban actuel) à l’Etat palestinien.

Le projet d’aqueduc national (NWC) été conçu dès 1937, bien que sa planification détaillée ait commencé après la reconnaissance d’Israël, en 1948.

Avec le NWC, l’écoulement naturel du Jourdain est empêché par la construction d’un barrage, construit au sud du lac de Tibériade. A partir de là, l’eau est déviée vers l’aqueduc national, un système long de 130 km combinant tuyaux géants, canaux ouverts, tunnels, réservoirs et stations de pompage à grande échelle. L’objectif est de transférer l’eau du lac de Tibériade vers le centre très peuplé et le sud aride, y compris le désert du Néguev.

Lors de son inauguration en 1964, 80 % de son eau était allouée à l’agriculture et 20 % à l’eau potable. En 1990, l’aqueduc national fournissait la moitié de l’eau potable en Israël. En y intégrant l’eau provenant des usines de dessalement d’eau de mer, il approvisionne aujourd’hui Tel Aviv, une ville de 3,5 millions d’habitants, Jérusalem (1 million d’habitants) et (hors période de guerre) Gaza et les territoires occupés de Cisjordanie. Depuis 1948, la superficie des terres agricoles irriguées est passée de 30 000 à 186 000 hectares. Grâce à la micro-irrigation (goutte à goutte, y compris sous la surface), la production agricole israélienne a augmenté de 26 % entre 1999 et 2009, bien que le nombre d’agriculteurs ait chuté de 23 500 à 17 000.

Cependant, depuis sa construction, le projet de détournement de l’eau du Jourdain a été une source de tension, en particulier avec la Jordanie et la Syrie, sans parler des Palestiniens, largement exclus des bénéfices économiques du projet.

La guerre de l’eau

En lançant son aqueduc national, Israël a fait cavalier seul, alors que pour le reste du monde, il était clair que ce détournement des eaux du Jourdain allait susciter de vives tensions avec ses voisins.

Dès 1953, Israël, pour préparer le travail, procède sans consulter quiconque à l’assèchement du lac Houleh, au nord du lac Tibériade, entraînant des escarmouches avec la Syrie.

En 1959, démarre le chantier de l’aqueduc national, interrompu dans un premier temps par l’arrêt des financements par les Etats-Unis, qui ne veulent pas voir monter la violence dans le contexte de la Guerre froide.

Rappelons que, suite à la crise de Suez de 1956, l’Union soviétique s’installe durablement en Syrie comme puissance protectrice des pays arabes contre la « menace israélienne ». Elle obtient, dans le cadre du déploiement de sa présence navale en Méditerranée, des facilités pour sa flotte à Lattaquié en Syrie et un traité d’assistance militaire mutuel est signé.

Cependant, Israël parvient à reprendre le chantier qu’elle poursuit discrètement. La prise d’eau dans le lac de Tibériade commence en juin 1964 dans le plus grand secret. Lorsque les pays arabes l’apprennent, la colère est grande. En novembre 1964, l’armée syrienne tire sur des patrouilles israéliennes autour de l’usine de traitement de l’aqueduc national, provoquant des contre-attaques israéliennes. En janvier 1965, l’aqueduc est la cible du premier attentat du Fatah (organisation luttant pour la libération de la Palestine) dirigé par Yasser Arafat.

Les États arabes finissent par se rendre à l’évidence qu’ils ne pourront jamais arrêter le projet par une action militaire directe. Ils changent de tactique et adoptent le Plan de diversion des sources du Jourdain, immédiatement mis en œuvre en 1965, visant à détourner les eaux en amont du Jourdain vers le fleuve Yarmouk (en Syrie). Le projet était techniquement difficile et coûteux, mais s’il avait réussi, il aurait détourné 35 % de l’eau qu’Israël comptait retirer du cours supérieur du Jourdain.

Israël considère ce détournement comme une atteinte à ses droits souverains. Les relations dégénèrent et des affrontements frontaliers s’ensuivent, les forces syriennes tirant sur les agriculteurs et les patrouilles de l’armée israélienne, et les chars et l’artillerie israéliens détruisant les chars syriens ainsi que le matériel de terrassement utilisé pour le chantier de détournement.

En juillet 1966, l’armée de l’air israélienne bombarde un parc de matériel de terrassement et abat un MiG-21 syrien. Les États arabes abandonnent leur effort de détournement, mais le conflit se poursuit à la frontière israélo-syrienne, avec notamment une attaque aérienne israélienne sur le territoire syrien en avril 1967.

Guerre de l’eau : chars israéliens sur le plateau du Golan.

Pour bien des analystes, il s’agissait là d’un prélude à la guerre des Six-Jours, en 1967, amenant Israël à occuper le plateau du Golan pour protéger son eau. La guerre des Six jours modifie profondément la donne géopolitique du bassin, puisque Israël occupe à présent, en plus de la Bande de Gaza et du Sinaï, la Cisjordanie et le Golan.

Comme le précise Hervé Amiot dans « Eau et conflits dans le bassin du Jourdain« :

En réalité, dès 1955, entre un quart et un tiers de l’eau provenait de la nappe du sud-ouest de la Cisjordanie. Aujourd’hui, les nappes de Cisjordanie fournissent 475 millions de m³ d’eau à Israël, soit 25 à 30 % de l’eau consommée dans le pays (et 50 % de son eau potable).

Deux mois après la prise des territoires occupés, Israël publie le décret militaire 92, transférant à l’armée israélienne l’autorité sur toutes les ressources en eau des territoires occupés et conférant « le pouvoir absolu de contrôler toutes les questions liées à l’eau au responsable des ressources en eau, nommé par les tribunaux israéliens ». Ce décret révoque toutes les licences de forage délivrées par le gouvernement jordanien et désigne la région du Jourdain comme zone militaire, privant ainsi les Palestiniens de tout accès à l’eau, tout en accordant à Israël un contrôle total sur les ressources en eau, utilisées pour soutenir ses projets de colonisation.

Rendre le Golan à la Syrie et reconnaître la souveraineté de l’Autorité palestinienne sur la Cisjordanie semble impossible pour Israël, au vu de la dépendance accrue de l’Etat hébreu envers les ressources hydriques de ces territoires occupés. L’exploitation de ces ressources continuera donc, malgré l’article 55 du règlement de la IVe Convention de la Haye, stipulant qu’une puissance occupante ne devient pas propriétaire des ressources en eau et ne peut les exploiter pour le besoin de ses civils.

B. Le plan Johnston

Eric Allen Johnston.

En juillet 1952, un groupe d’officiers libres, dont Nasser, renversent la monarchie et créent la République Égyptienne. Une grande partie du monde arabe applaudit alors l’Egypte et sa volonté de mettre fin au colonialisme. En octobre de la même année, Eisenhower est élu président des Etats-Unis. Pour éviter que tout le monde arabe se rallie derrière Nasser et se coalise contre les Etats occidentaux, les Etats-Unis, tout en planifiant en secret l’élimination de Nasser, proposeront alors des politiques de développement séduisantes en échange d’une acceptation de leur domination. L’agitation nationaliste israélienne apparaît alors souvent pour Washington comme une menace. Si l’intérêt légitime d’Israël pour sécuriser son accès à l’eau, clé absolue de sa survie et de son développement, est pris en compte, Washington exige qu’on partage de façon équitable l’eau et qu’offre aux pays voisins des ressources suffisantes leur permettant d’accueillir les millions de Palestiniens exilés chez eux suite à la Nakba.

Face au risque de conflits, le gouvernement américain propose, dès 1953, donc des années avant qu’Israël lance son plan, une médiation pour résoudre les contentieux sur le bassin du Jourdain. Cela aboutit au « Plan unifié pour la vallée du Jourdain », dit « plan Johnston », du nom d’Eric Allen Johnston, l’envoyé pour l’eau du président américain Dwight Eisenhower.

Le 13 octobre 1953, le secrétaire d’État d’Eisenhower, John Foster Dulles, dans une lettre classée secrète, a expliqué à Johnston en quoi consistait sa mission et le 16 octobre, dans une déclaration publique, Eisenhower a expliqué :

Ce plan établit le caractère transfrontalier du bassin et propose un partage équitable de la ressource en accordant 52 % de l’eau à la Jordanie, 31 % à Israël, 10 % à la Syrie et 3 % au Liban.

Le plan Johnston, tout comme la Tennessee Valley Authority pendant le New Deal de FDR, était essentiellement basé sur la construction de barrages pour l’irrigation et l’hydroélectricité. L’eau était présente et correctement gérée, suffisante pour les besoins de la population de l’époque. Ses principales caractéristiques du plan étaient les suivantes:

  • un barrage sur la rivière Hasbani pour fournir de l’énergie et irriguer la région de Galilée ;
  • des barrages sur les rivières Dan et Banias pour irriguer la Galilée ;
  • le drainage des marais de Huleh ;
  • un barrage à Maqarin sur la rivière Yarmouk pour le stockage de l’eau (capacité de 175 mmc) et la production d’électricité ;
  • un petit barrage à Addassiyah sur le Yarmouk pour détourner ses eaux vers le lac de Tibériade et vers le sud le long du Ghor oriental ;
  • un petit barrage à la sortie du lac de Tibériade pour augmenter sa capacité de stockage ;
  • des canaux à écoulement par gravité le long des côtés est et ouest de la vallée du Jourdain pour irriguer la zone située entre le confluent du Yarmouk avec le Jourdain et la mer Morte ;
  • des ouvrages de contrôle et des canaux pour utiliser les débits pérennes des oueds que les canaux traversent.

Voir les détails du plan Johnston dans cet article très complet :

Validé par les comités techniques d’Israël et de la Ligue arabe, ce projet n’exige pas qu’Israël renonce à son ambition de verdir le désert du Néguev. Pourtant, sa présentation à la Knesset, en juillet 1955, n’aboutit malheureusement pas à un vote. Le comité arabe approuve le plan en septembre 1955 et le transmet au conseil de la Ligue arabe pour approbation finale. Tragiquement, cette institution refuse, elle aussi, de le ratifier le 11 octobre, à cause de son opposition à un acte impliquant une sorte de reconnaissance d’Israël… L’erreur ici fut d’isoler la question de l’eau d’un accord plus général de paix et de justice résultant d’un développement mutuel.

Après la crise du canal de Suez en 1956, les pays arabes, à l’exception de la Jordanie, durcissent considérablement leur position à l’égard d’Israël et s’opposent désormais frontalement au plan Johnston, alléguant qu’il accroît la menace représentée par ce pays en lui permettant de renforcer son économie. Ils assurent aussi que l’accroissement de ses ressources hydriques ne peut qu’augmenter le mouvement de migration des Juifs vers l’État hébreu, réduisant ainsi les possibilités de retour des réfugiés palestiniens de la guerre de 1948…

On ne refait pas l’histoire, mais on peut penser que l’adoption du plan Johnston aurait pu éviter des conflits, notamment celui de 1967 qui coûta la vie à 15 000 Égyptiens, 6000 Jordaniens, 2500 Syriens et un bon millier d’Israéliens.

C. La réponse jordanienne: le canal du Ghor

Presque au même moment où Israël achève son aqueduc national, entre 1955 et 1964, la Jordanie creuse de son côté le canal du Ghor oriental, qui débute à la confluence entre le Yarmouk et le Jourdain, dont il suit un cours parallèle jusqu’à la mer Morte, en territoire jordanien.

A l’origine, il s’agissait d’un projet plus vaste, le « Grand Yarmouk », qui prévoyait deux barrages de stockage sur cette rivière et un canal du Ghor occidental sur la rive occidentale du Jourdain. Cet autre canal ne fut jamais construit, Israël ayant pris entre-temps la Cisjordanie à la Jordanie, lors de la guerre des Six-Jours de 1967.

En fait, en déviant les eaux du Yarmouk pour alimenter son propre canal, la Jordanie se procure de l’eau pour sa capitale Amman et son agriculture, tout en asséchant, elle aussi, le fleuve Jourdain.

La région du bassin versant du Jourdain, en Jordanie, est une région d’une importance primordiale pour le pays. En effet, elle accueille 83 % de la population, les principales industries, ainsi que 80 % de l’agriculture irriguée. On y trouve également 80 % de la ressource hydrique du pays.

Or, le royaume hachémite, dont 92 % du territoire est désertique, se place parmi les pays les plus pauvres en eau. Alors qu’Israël dispose de 276 m³ d’eau douce naturelle disponible par an et par habitant, la Jordanie n’en compte que 179 m³, dont plus de la moitié provient des nappes phréatiques.

L’ONU considère d’ailleurs qu’un pays doté de moins de 500 m³ d’eau douce par an et par habitant souffre de « stress hydrique absolu ». Sans compter que depuis le début de la guerre civile syrienne, la Jordanie a accueilli près de 1,4 million de réfugiés sur son sol, en plus de ses 10 millions d’habitants.

Conçu en 1957, le canal du Ghor oriental fut réalisé entre 1959 et 1961. En 1966, la partie en amont jusqu’à Wadi Zarqa était achevée. Le canal, qui faisait alors 70 km de long, fut prolongé à trois reprises entre 1969 et 1987.

Les États-Unis, par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), ont financé la phase initiale du projet, après avoir obtenu du gouvernement jordanien l’assurance explicite que la Jordanie ne prélèverait pas plus d’eau du Yarmouk que ce qui lui avait été alloué dans le cadre du plan Johnston. Ils ont également participé aux phases ultérieures.

Les ouvrages hydrauliques de la région ont souvent pour éponymes de grandes figures politiques. C’est ainsi que le canal du Ghor oriental fut baptisé « King Abdallah Canal (KAC) » par Abdallah II, en l’honneur de son arrière-grand-père, le fondateur de la Jordanie. À l’occasion du traité de paix avec Israël en 1994, les deux pays se répartissent le débit du Jourdain et son voisin accepte de lui vendre de l’eau du lac de Tibériade.

D. Canal mer Morte – Méditerranée

Itinéraires possibles pour l’acheminement de l’eau :
A : Traversée du seul territoire israélien ;
B et C : traversant Israël et la Cisjordanie (le plus court, 70 km) ;
D. Traversée de Gaza et Israël ;
E. Traversée de la Jordanie uniquement (la plus longue, 200 km).

L’idée d’un canal mer Morte-Méditerranée fut initialement proposée par William Allen en 1855, dans un ouvrage appelé The Dead Sea – A new route to India (La mer Morte, une nouvelle route vers l’Inde). À l’époque, on ignorait que le niveau de la mer Morte était très en dessous de celui de la Méditerranée et Allen a proposé ce canal comme alternative au canal de Suez.

Plus tard, plusieurs ingénieurs et hommes politiques ont repris l’idée, dont Theodor Herzl dans sa nouvelle de 1902, Altneuland. Si la plupart des premiers projets partent de la rive gauche du Jourdain (Jordanie), une version prévoit également un tracé sur la rive droite (Cisjordanie), scénario abandonné après 1967 lorsque la Cisjordanie tombe aux mains d’Israël.

Après des recherches approfondies, les ingénieurs allemands Herbert Wendt et Wieland Kelm ont proposé non pas un canal navigable, mais un aqueduc composé d’une galerie en charge orientée ouest-est, reliant la Méditerranée à la mer Morte.

Tirant profit de la différence de niveau entre la mer Méditerranée et la mer Morte le système vise essentiellement à alimenter la mer Morte en eau de mer tout en produisant de l’énergie hydro-électrique. Trois tracés sont envisagés, le plus court étant celui reliant la Méditerranée à la Mer Morte (70 km) en partant d’Ashdod en Israël et traversant la Cisjordanie.

En 1975, une étude détaillée de leur projet a fait l’objet d’une première publication dans la revue spécialisée allemande Wasserwirtschaft.

Le schéma s’explique comme ceci:

  1. La prise d’eau de mer se situe à Ashdod.
  2. Un canal ouvert fait écouler l’eau par gravité sur 7 km.
  3. De là, l’eau sous pression part dans un une galerie hydraulique en charge long de 65 km;
  4. L’eau arrive dans un lac de retenue de 3 km de long créé grâce un barrage situé au bord de la descente abrupte vers la mer Morte. A cet endroit, l’eau peut éventuellement servir au refroidissement d’une centrale thermique ou nucléaire dont la chaleur peut rendre des services dans le domaine industriel ou agricole.
  5. Par un puits qui part du fond du réservoir, l’eau descend abruptement de 400 mètres.
  6. Là, il actionne trois turbines d’une puissance de 100 MWe chacune.
  7. Enfin, par une galerie d’évacuation, l’eau de mer rejoint la mer Morte.

L’ONU votre contre !

Cependant, comme le projet est élaboré exclusivement par Israël et sans aucune consultation avec ses voisins jordaniens, palestiniens et égyptiens, il se fracasse sur un mur d’opposition politique.

Bien entendu, comme pour tout projet d’infrastructure à grande échelle, de nombreux éléments doivent être adaptés, notamment les équipements touristiques, les routes, les hôtels, l’exploitation de la potasse jordanienne, les terres agricoles palestiniennes, etc.

On s’interroge également sur les tremblements de terre potentiels (très peu fréquents) et la différence de salinité de l’eau de la Méditerranée et de la mer Morte.

Le 16 décembre 1981, l’Assemblée générale des Nations unies, estimant que le projet de canal « violera le principe du droit international », adopte la résolution 36-150.

Cette résolution « prie le Conseil de sécurité d’envisager de prendre l’initiative de mesures visant à arrêter l’exécution de ce projet », et « demande à tous les Etats de ne fournir aucune assistance directe ou indirecte à la préparation ou à l’exécution de ce projet ».

E. Aqueduc mer Morte – mer Rouge

Le 17 octobre 1994, Yitzhak Rabin, alors Premier ministre israélien, et le roi Hussein de Jordanie paraphent le projet de traité de paix entre leurs deux pays à Amman, après être parvenus à un accord sur les deux derniers points en litige – la question de l’eau et la démarcation des frontières.

Yitzhak Rabin, Bill Clinton et le Roi Hussein de Jordanie.

Le 26 novembre, le traité de paix séparée israélo-jordanien est signé en grande pompe dans la vallée de l’Arava, entre la mer Rouge et la mer Morte, par les Premiers ministres des deux pays, en présence du président américain Bill Clinton, dont le pays avait contribué à faire aboutir les négociations entre Jérusalem et Amman.

Apparaissent alors, fait rare, les conditions pour que la vieille idée de relier la mer Rouge à la mer Morte, un projet rebaptisé et soutenu par Shimon Peres sous le nom de « Canal de la paix », puisse revenir sur la table.

L’ancien commissaire israélien de l’eau, le professeur Dan Zaslavsky, qui s’opposait au projet pour des raisons de coût, relatait en 2006 dans le Jerusalem Post l’obstination de Peres. Pour écouter les scientifiques, ce dernier en avait convoqué cinq. Chacun devait présenter en quelques minutes ses objections. A la fin, Peres s’est levé et a dit : « Excusez-moi. Vous ne vous souvenez pas que j’ai construit le réacteur nucléaire de Dimona ? Vous souvenez-vous que tout le monde était contre ? Et bien j’ai eu raison à la fin. Et il en sera de même avec ce projet« . Et sur ce, rapporte Zaslavsky, Peres est parti !

La mer Morte

Pendant des millénaires, la mer Morte a été remplie d’eau douce provenant du Jourdain, via le lac de Tibériade. Or, au cours des cinquante dernières années, elle a perdu 28 % de sa profondeur et un tiers de sa surface. Son niveau d’eau baisse inexorablement, à un rythme moyen de 1,45 mètre par an. Sa forte salinité (plus de 27 %, alors que la moyenne des océans et des mers est de 2 à 4 %) et son niveau de 430 mètres en dessous du niveau de la mer, ont toujours fasciné les visiteurs et procuré des bienfaits thérapeutiques. D’une longueur de 51 km sur 18 km de large, elle est partagée entre Israël, la Jordanie et la Cisjordanie.

La surexploitation des ressources en eau en amont (aqueduc national en Israël, canal du Ghor en Jordanie), ainsi que l’exploitation des mines de potasse, sont à l’origine du désert de sable qui, si rien n’est fait, continuera à remplacer la mer Morte. Si la mer Morte a besoin du Jourdain, en amont, le Jourdain a besoin du lac de Tibériade, d’où son cours inférieur prend sa source. Ces dernières années, le lac a lui aussi subi des baisses drastiques de son niveau d’eau, ce qui a déclenché un cercle vicieux entre les trois systèmes (lac de Tibériade, fleuve Jourdain et mer Morte).

L’Aqueduc

En réponse, fin 2006, la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD) ont aidé Israël et la Jordanie à concevoir un projet colossal visant à relier la mer Morte à la mer Rouge via un pipeline souterrain de 180 kilomètres, entièrement construit sur le territoire jordanien. Un accord tripartite entre Israéliens, Jordaniens et Palestiniens avait été signé en décembre 2013.

Le projet mer Rouge – Mer morte combine plusieurs éléments:

  1. Prise d’eau de mer et station de pompage
    L’eau de mer est pompée à +125 m au-dessus du niveau de la mer dans la mer Rouge.
  2. Conduite sous pression
    La première partie du système d’adduction transmet l’eau de mer à l’altitude prévue. La longueur est de 5 km à partir d’Aqaba (3% de l’ensemble du tracé).
  3. Canal et tunnel – le principal système d’adduction
    L’eau de mer est acheminée vers des réservoirs de régulation et de prétraitement avec un débit nominal de 60 m3 /s. Un tunnel de 121 km avec un diamètre de 7 m et un canal de 39 km ont été conçus.
  4. Réservoirs de régulation et de prétraitement
    Plusieurs réservoirs ont été conçus à +107 m à Wadi G’mal à la marge sud-est de la mer Morte.
  5. Usine de dessalement
    Les usines de dessalement sont conçues pour être exploitées en utilisant le processus d’osmose inverse à support hydrostatique pour séparer l’eau douce de la saumure. L’usine sera située à Zafi, à 365 m au-dessous du niveau de la mer, avec une colonne d’eau de 475 m.
  6. L’eau douce
    L’ensemble produira chaque année environ 850 mmc d’eau douce à partager entre la Jordanie, Israël et la Palestine, les trois pays gérant la mer Morte. Pour le transport de l’eau vers Amman, un double pipeline de 200 km avec un diamètre de 2,75 m a été conçu avec neuf stations de pompage pour une élévation de 1500 m. Pour le transport vers Hébron, un double pipeline de 125 km avec une différence d’élévation de 1415 m a également été conçu.
  7. La saumure
    L’eau de rejet de la saumure sera acheminée de l’usine de dessalement vers la mer Morte via un canal de 7 km. 1 100 mmc par an d’eau de rejet de saumure rejoindront la mer Morte.
  8. Production d’électricité
    Lors de son écoulement, les turbines d’une ou de plusieurs centrales hydroélectriques permettent de générer environ 800 mégawatts d’électricité capables de compenser en partie l’électricité consommée par le pompage.
  9. Trois nouvelles villes seront construites : North Aqaba city dans le nord d’Aqaba, South Dead Sea City, proche de l’usine de dessalement au sud de la mer Morte et South Amman City.

Compte tenu de l’importance stratégique de l’eau pour son économie, la Jordanie envisage d’y ajouter une centrale nucléaire permettant d’alimenter en électricité à la fois l’usine de dessalement et le système de pompage.

En termes d’impact environnemental, les scientifiques craignent que le mélange de la saumure (riche en sulfate) des usines de dessalement avec l’eau de la mer Morte (riche en calcium) ne fasse blanchir cette dernière. Il serait donc nécessaire de procéder à un transfert d’eau progressif pour observer les effets du transfert d’eau dans cet écosystème particulier.

Pas de quoi stabiliser le niveau de la mer Morte, mais un début de solution pour ralentir son assèchement, comme le soulignait en 2018 Frédéric Maurel, en charge de ce projet pour l’AFD, et pour qui « il faut aussi utiliser l’eau de manière plus économe, tant dans l’agriculture que dans l’industrie de la potasse ».

Volonté politique en panne

Début du projet coté mer Rouge.

Du côté israélien, la sauvegarde de la mer Morte est une nécessité pour maintenir le tourisme balnéaire et le thermalisme. C’est aussi un levier pour garantir son contrôle hydraulique sur la Cisjordanie, Israël ne faisant pas confiance à l’Autorité palestinienne pour la gestion de l’eau. Conscientes du potentiel pacificateur de ce projet, des factions pro-paix en Israël ont besoin d’un partenaire stable dans la région. La Jordanie, pour sa part, était de loin la plus intéressée par ce projet, compte tenu de sa situation critique.

En 2021, la Jordanie a décidé de mettre un terme au projet de pipeline commun, estimant qu’il n’y avait « pas de réelle volonté de la part des Israéliens » de faire avancer ce projet qui stagnait depuis plusieurs années.

Pour faire face à ses besoins croissants, la Jordanie a décidé de construire sa propre usine de dessalement sur la mer Rouge. Le projet de dessalement Aqaba-Amman prélèvera l’eau de la mer Rouge, la dessalera et l’acheminera à 450 kilomètres au nord vers la capitale Amman et ses environs, fournissant ainsi 300 mmc d’eau par an, dont le pays a désespérément besoin. Les études sont terminées et la construction commencera en juillet 2024. La Jordanie compte faire tourner son usine de dessalement grâce à de l’énergie solaire.

La mer Morte pourrait lentement réapparaître

L’usine de dessalement et le pipeline qui renvoie l’eau douce dans la mer de Galilée sont désormais opérationnels.

Disposant désormais d’énormes capacités de désalinisation, Israël a adopté le Projet national d’inversion du flux pour rendre l’eau à ses ressources naturelles, en particulier au lac de Tibériade, un trésor national, une pièce maîtresse du tourisme, de l’agriculture et, comme nous l’avons vu, de la géopolitique.

Chaque année, Israël prélève 100 mmc d’eau dans le lac de Tibériade pour les envoyer en Jordanie, et ce même pendant les années de sécheresse de 2013 à 2018.

Selon Dodi Belser, directeur de l’innovation chez le géant de l’eau Mekorot, si Israël veut augmenter la quantité d’eau qu’il envoie à ses voisins jordaniens et protéger ses réserves, il est vital de conserver le niveau d’eau du lac. C’est ainsi qu’est née l’idée de pomper de l’eau dessalée dans le lac de Tibériade, à hauteur de 120 mmc par an jusqu’en 2026.

Mécaniquement cette eau ira également alimenter le Jourdain et, par conséquent… la mer Morte. Rappelons que le sel de la mer Morte provient des eaux du Jourdain. Chaque année, le célèbre fleuve lui apporte près de 850 000 tonnes de sel.

F. Projets turcs

Depuis longtemps, la Turquie, véritable « château d’eau » dans la région, rêve d’exporter, à prix d’or, son eau vers Israël, la Palestine, Chypre et d’autres pays du Moyen-Orient.

Le plus ambitieux de ces projets était le « Peace Water Pipeline » du président Turgut Özal en 1986, un projet de 21 milliards de dollars visant à acheminer l’eau des rivières Seyhan et Ceyhan par des pipelines vers des villes de Syrie, de Jordanie et des États arabes du Golfe.

En 2000, Israël envisageait fortement d’acheter 50 millions de m3 par an pendant 20 ans à partir du fleuve Manavgat près d’Antalya, mais depuis novembre 2006, l’accord a été mis en suspens.

Projets d’aquaducs turcs.

Le projet Manavgat, finalisé techniquement à la mi-mars, fait figure de projet pilote. Le complexe sur la rivière Manavgat, qui prend sa source dans le Taurus pour se jeter en Méditerranée entre Antalya et Alanya, comprend une station de pompage, un centre de raffinage et un canal de conduite d’une dizaine de kilomètres. L’objectif est ensuite d’acheminer ces eaux douces grâce à des tankers de 250 000 tonnes vers le port israélien d’Ashkelon pour injection dans l’aqueduc national israélien.

A terme, la Jordanie pourrait également être intéressée par la manne aquatique turque. Un deuxième client en aval de son réseau permettrait à Israël de partager les coûts. Une autre solution serait d’amener l’eau par un pipeline reliant la Turquie à la Syrie et à la Jordanie, et à Israël et la Palestine si elle arrive à s’entendre avec ses partenaires. Les Palestiniens de leur côté ont cherché un pays donateur pour subventionner des importations d’eau douce par tanker.

Le projet Manavgat n’est pas le seul par lequel Ankara espère vendre son eau. En 1992, Süleyman Demirel, alors Premier ministre, affirmait un principe qui fit d’ailleurs l’effet d’une bombe :

Les pays situés en aval des deux fleuves, l’Irak et surtout la Syrie, avaient immédiatement protesté. Pour eux, les multiples barrages qu’Ankara compte construire sur les principales sources d’eau douce de la région, à des fins d’irrigation ou de production d’électricité, ne sont qu’une manière pour l’héritier de l’Empire ottoman d’asseoir son autorité sur la région.

Quelle que soit l’ambition réelle d’Ankara, le pays dispose en tout cas d’un véritable trésor, surtout au regard des ressources déclinantes des pays voisins.

Cependant, depuis novembre 2006, les partisans israéliens du dessalement s’élèvent contre le prix de l’eau turque et s’interrogent sur la sagesse de s’appuyer sur Ankara, dont le gouvernement critique les politiques israéliennes. Dessalement ou importation ? Le choix est cornélien pour Israël. Et éminemment politique, puisqu’il s’agit de savoir si l’on entend camper sur des positions basées sur l’autosuffisance ou si l’on préfère jouer la carte de la coopération régionale, ce qui revient à faire le pari de la confiance…

G. Vices cachés des accords d’Oslo

La reconnaissance d’Israël par Yasser Arafat – chef de l’Organisation de libération de la Palestine – et l’élection d’Yitzhak Rabin au poste de Premier ministre d’Israël en 1992 ont ouvert de nouvelles perspectives de paix et de coopération.

Les accords d’Oslo qu’ils ont signés ont établi l’Autorité palestinienne et déterminé les allocations temporaires d’eau souterraine de la Cisjordanie à Israël et à la Palestine. Dans la déclaration, les deux parties ont accepté le principe d’une « utilisation équitable » entre Palestiniens et Israéliens.

Cependant, l’effondrement de la confiance mutuelle à la suite de l’assassinat de Rabin en novembre 1995 et l’élection de Benjamin Netanyahou, qui s’était montré très critique à l’égard d’Oslo, ont eu des répercussions négatives sur la coopération dans le domaine de l’eau.

En 2000, pendant les six premiers mois de la seconde Intifada, il n’y a eu pratiquement aucun contact entre les deux parties concernant les questions liées à l’eau.

Malgré le conflit, mettant de coté leurs désaccords, les dirigeants israéliens et palestiniens se sont engagés à séparer la question de l’eau de la violence et ont réactivé la coopération sur l’eau.

En 2004, Israël aurait proposé un plan de construction d’une usine de dessalement afin d’augmenter la quantité d’eau douce disponible et d’acheminer l’eau dessalée vers la Cisjordanie. Craignant que cela n’implique un renoncement aux revendications palestiniennes sur l’aquifère de la montagne (dont 75 % sont attribués à Israël bien que l’aquifère se trouve en territoire palestinien), les Palestiniens ont rejeté cette solution.

Bien que stipulant qu’« Israël reconnaît les droits sur l’eau de la Palestine », les accords d’Oslo, signés par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1993, ont permis en réalité à Israël de continuer de contrôler les sources d’eau de la région… en attendant la résolution du conflit. Oslo II prévoyait le report des négociations sur les droits relatifs à l’eau jusqu’aux pourparlers sur le « statut permanent », le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés, les colonies illégales, les dispositions en matière de sécurité et d’autres questions. Les discussions sur le statut définitif, qui devaient se tenir cinq ans après la mise en œuvre des accords d’Oslo (en 1999, comme cela avait été prévu), n’ont toujours pas eu lieu à ce jour.

Les accords d’Oslo prévoyaient également la création d’une autorité de gestion de l’eau et leur « Déclaration de principes » soulignait la nécessité d’assurer « l’utilisation équitable des ressources en eau communes, pour application au cours de la période intérimaire [des accords d’Oslo] et après ».

Depuis des décennies, Israël perpétue le principe de distribution de l’eau qui existait avant la signature des accords d’Oslo et qui autorise les Israéliens à consommer de l’eau à volonté, tout en limitant les Palestiniens à une part prédéterminée de 15 %.

Lorsqu’il a fallu organiser la répartition de l’eau entre Israël et les Palestiniens, les accords n’ont pas tenu compte de la division de la Cisjordanie en zones A, B et C.

Israël s’est finalement vu accorder le droit de contrôler les sources d’eau, même dans les zones A et B contrôlées par l’AP. La plupart de ces sources sont déjà situées en zone C, entièrement contrôlée par Israël et qui constitue près de 61 % de la Cisjordanie. Dans les faits, Israël a donc raccordé toutes les colonies construites en Cisjordanie, à l’exception de la vallée du Jourdain, au réseau d’eau israélien. L’approvisionnement en eau des communautés israéliennes de part et d’autre de la ligne verte est géré comme un système unique dont la compagnie nationale israélienne Mekorot a la charge.

Si les accords d’Oslo autorisent Israël à pomper l’eau des zones qu’il contrôle pour alimenter les colonies de Cisjordanie occupée, ils empêchent en revanche l’AP de transférer de l’eau d’une zone à l’autre dans celles qu’elle administre en Cisjordanie. Israël a désavoué la plupart des dispositions des accords d’Oslo, mais reste attachée à celles relatives à l’eau.

Un membre de la délégation palestinienne qui a signé les accords d’Oslo, souhaitant conserver l’anonymat, affirme à la revue Middle East Eye que le manque d’expertise de la délégation à l’époque a donné lieu à la signature d’un accord qui,

Les frontières entre Gaza, les territoires occupés et Israël n’ont pas besoin d’être tracées au moyen d’une ligne, car elles sont marquées par le changement brutal de l’éclat de la couleur verte (terres irriguées).

En pratique, cela signifie que les Palestiniens de Cisjordanie occupée sont à la merci de l’occupation israélienne en ce qui concerne leur approvisionnement en eau.

Les inégalités en termes d’accès à l’eau en Cisjordanie sont criantes, comme l’a montré l’ONG israélienne B’Tselem dans un rapport intitulé Parched, publié en mai 2023.

En 2020, chaque Palestinien de Cisjordanie consommait en moyenne 82,4 litres d’eau par jour, contre 247 litres par personne en Israël et dans les colonies. Ce chiffre tombe à 26 litres par jour pour les communautés palestiniennes de Cisjordanie qui ne sont pas reliées au réseau de distribution d’eau. Seuls 36 % des Palestiniens de Cisjordanie bénéficient d’un accès à l’eau courante toute l’année, contre 100 % des Israéliens, colons inclus.

L’Autorité palestinienne souligne que l’agriculture palestinienne compte pour une grande part dans l’économie des territoires occupés (15% du PIB, 14% de la population active en 2000). En comparaison, l’agriculture israélienne, certes beaucoup plus productive, emploie 2,5% de la population active et produit 3% du PIB.

Or, les terres cultivables dont l’autonomie palestinienne, totale ou partielle, est reconnue par Israël au titre des accords d’Oslo, sont situées sur les hauteurs calcaires où l’accès à l’eau est difficile, puisqu’il est nécessaire de creuser profond pour atteindre la nappe. Ajoutons à cela qu’en Israël et dans les colonies, 47% des terres sont irriguées, contre 6 % seulement des terres palestiniennes. L’Autorité palestinienne demande actuellement des droits sur 80 % de l’aquifère des montagnes, ce qu’Israël ne peut pas concevoir.

« Mythe » du Palestinien assoiffé

Des porte-parole israéliens, comme Akiva Bigman dans son article intitulé « Le mythe du Palestinien assoiffé » (2014), ont trois réponses prêtes à sortir lorsqu’ils sont confrontés aux pénuries d’eau dans les villes palestiniennes de Cisjordanie :

Réponse : les pertes varient de 20 à 50 % aux États-Unis, ce qui est bien supérieur au taux de la Palestine pauvre.

On peut se demander où est passé l’argent. Et oui, le constat est juste, au bout du compte, pour diverses raisons techniques et des échecs de forage inattendus dans le bassin oriental de l’aquifère (le seul endroit où l’accord autorise les Palestiniens à forer), les Palestiniens ont fini par produire moins d’eau que ce que prévoyaient les accords.

Dans les chiffres, c’est vrai. Cependant, Oslo n’a pas fixé de limite à la quantité d’eau qu’Israël peut prélever, mais a limité les Palestiniens à 118 mmc provenant des puits qui existaient avant les accords, et à 70-80 mmc supplémentaires provenant de nouveaux forages. Selon l’ONG israélienne B’Tselem, en 2014, les Palestiniens ne tiraient que 14 % de l’eau de l’aquifère. C’est pourquoi l’entreprise publique israélienne Mekorot (obéissant aux directives du gouvernement) vend aux Palestiniens le double de l’eau stipulée dans l’accord d’Oslo : 64 MCM, contre 31 MCM prévus. Cela fait 64 + 31 = 95 MCM au total, un chiffre à examiner à la lumière de la consommation actuelle des Palestiniens de Cisjordanie : 239 mcm en 2020, dont… 77,1 achetés à Israël.

Un dernier détail qui en dit long : alors que les Palestiniens sont facturés au prix de l’eau potable pour leur eau agricole, les colons Juifs bénéficient de tarifs agricoles et de subventions. La justification étant que les colons juifs ont investi dans de coûteuses techniques d’irrigation…

H. Canal de navigation Ben Gourion

Fin 2023, l’idée du canal Ben Gourion fut relancée dans les médias. Ce canal relierait le golfe d’Aqaba (Eilat), dans la mer Rouge, à la mer Méditerranée et passerait par Israël pour se terminer dans ou près de la bande de Gaza (Ashkelon).

Il s’agit d’une alternative israélienne au canal de Suez, devenue d’actualité dans les années 1960 après la nationalisation de Suez par Nasser.

Les premières idées de connexion entre la mer Rouge et la Méditerranée sont apparues au milieu du XIXe siècle, à l’initiative des Britanniques qui souhaitaient relier les trois mers : Rouge, Morte et Méditerranée. La mer Morte se trouvant à 430 mètres en dessous du niveau de la mer, cette idée n’était pas réalisable, mais on pourrait l’adapter dans une autre direction. Effrayés par la nationalisation de Suez par Nasser, les Américains envisagent l’option du canal israélien, leur fidèle allié au Moyen-Orient.

En juillet 1963, H. D. Maccabee, du Lawrence Livermore National Laboratory (sous contrat avec le ministère américain de l’Energie), rédige un mémorandum explorant la possibilité de recourir à 520 explosions nucléaires souterraines pour creuser environ 250 kilomètres de canaux à travers le désert du Néguev. Classé secret jusqu’en 1993, ce document aujourd’hui déclassifié indique :

L’idée du canal Ben Gourion est réapparue au moment où ont été signés les accords dits « d’Abraham » entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Le 20 octobre 2020, l’impensable s’est produit : l’entreprise publique israélienne Europe Asia Pipeline Company (EAPC) et la société émiratie MED-RED Land Bridge ont signé un accord sur l’utilisation de l’oléoduc Eilat-Ashkelon pour transporter du pétrole de la mer Rouge à la Méditerranée, donc sans passer par le canal de Suez.

Le 2 avril 2021, Israël annonça que les travaux sur le canal Ben Gourion devaient commencer en juin de la même année, mais ce ne fut pas le cas.

Les promoteurs du projet avancent que leur canal serait plus efficace que le canal de Suez car, en plus de pouvoir accueillir un plus grand nombre de navires, il permettrait la navigation simultanée dans les deux sens de grands navires grâce à la conception en deux bras. Contrairement au canal de Suez, qui s’écoule entre des rives sablonneuses, le canal israélien aurait des parois en dur ne nécessitant presque pas d’entretien. Israël prévoit de construire de petites villes, des hôtels, des restaurants et des cafés tout le long du canal.

De nombreux analystes interprètent la réoccupation israélienne actuelle de la bande de Gaza comme un événement que de nombreux politiciens israéliens attendaient pour relancer un vieux projet.

Chaque branche proposée du canal aurait une profondeur de 50 mètres et une largeur d’environ 200 mètres. Il serait 10 mètres plus profond que le canal de Suez. Des navires de 300 mètres de long et 110 mètres de large pourraient l’emprunter, ce qui correspond à la taille des plus grands navires du monde.

Un des tracés envisagés pour le futur canal Ben Gourion.

Si l’on examine plus en détail le tracé prévu, on constate que le canal commence à la limite sud du golfe d’Aqaba, à partir de la ville portuaire d’Eilat, près de la frontière israélo-palestinienne, et se prolonge à travers la vallée de l’Arabah sur environ 100 km, entre les montagnes du Néguev et les hauts plateaux jordaniens.

Il bifurque ensuite vers l’ouest avant la mer Morte, continue dans une vallée de la chaîne montagneuse du Néguev, puis tourne à nouveau vers le nord pour contourner la bande de Gaza et rejoindre la mer Méditerranée dans la région d’Ashkelon.

S’il est réalisé, avec ses 292,9 km de long, le canal Ben Gourion sera presque un tiers plus long que le canal de Suez (193,3 km). Sa construction prendrait 5 ans et impliquerait 300 000 ingénieurs et techniciens du monde entier. Le coût de la construction est estimé entre 16 et 55 milliards de dollars. Israël devrait gagner 6 milliards de dollars par an.

Celui qui contrôlera le canal, et apparemment ce ne peut être qu’Israël et ses alliés (principalement les États-Unis et la Grande-Bretagne), aura une influence énorme sur les chaînes d’approvisionnement internationales de pétrole, gaz, céréales, mais aussi sur tout le commerce mondial en général.

Israël avance qu’un tel projet mettrait en échec le pouvoir de l’Egypte, un pays fortement allié à la Russie, à la Chine et aux BRICS, et donc « une menace » pour les Occidentaux ! Avec la dépopulation de Gaza et la perspective d’un total contrôle israélien sur ce minuscule territoire, certains politiciens israéliens, y compris Netanyahou, salivent de nouveau à la perspective d’un tel projet.

Comme le précise en novembre 2023 l’analyste croate Matia Seric dans Asia Review :

I. Plan Oasis

C’est à la lumière de tous ces échecs qu’apparaît l’apport fondamental du « Plan Oasis » proposé par l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019).

En 1975, à la suite d’entretiens avec les dirigeants du parti Baas irakien et du parti travailliste israélien, Lyndon LaRouche voyait son plan Oasis comme le socle d’un développement mutuel bénéficiant à toute la région.

Au lieu d’attendre « la stabilité » et « une paix durable » qui arriveraient par magie, il s’agit alors pour LaRouche de proposer et même de lancer des projets dans l’intérêt de tous, en recrutant tous les partenaires à y participer pleinement, avant tout dans leur propre intérêt, mais en réalité dans l’intérêt de tous.

Fresque de Banksy.
plan

Le Plan Oasis* pour une « paix bleue », conçu par LaRouche et défendu par l’Institut Schiller, prévoit :

  1. L’abandon par Israël de son contrôle exclusif des ressources en eau, au profit d’un accord de partage équitable des ressources entre tous les pays de la région ;
  2. La reconstruction et le développement économique de la bande de Gaza, y compris l’Aéroport international Yasser Arafat (inauguré en 1998 et détruit au bulldozer par les Israéliens en 2002), un grand port maritime desservant un hinterland équipé d’infrastructures de transport, industrielles et agricoles.
  3. L’installation immédiate d’une usine de dessalement flottante, sous-marine ou off-shore, sur la côte de Gaza.
  4. La construction d’un réseau ferroviaire moderne pour le transport rapide des personnes et le fret, reliant la Palestine (y compris Gaza) et Israël aux pays voisins.
  5. La réalisation (pour moins de 20 milliards de dollars) d’un système d’adduction d’eau Méditerranée-mer Morte et mer Rouge-mer Morte, composé de tunnels, pipelines, galeries d’eau, stations de pompage, unités hydroélectriques et usines de dessalement fonctionnant à l’énergie nucléaire.
  6. Avant d’être dessalée, l’eau de mer arrivant à la mer Morte « chutera » dans un puits de 400 mètres de profondeur (le niveau de la mer Morte), produisant ainsi de l’hydroélectricité.
  7. Après dessalement, l’eau douce ira en Jordanie, en Palestine et en Israël ; la saumure ira remplir et sauver la mer Morte.
  8. L’unité nucléaire de « dessalement hybride » fera appel aussi bien à la chaleur qu’à l’électricité produite par le réacteur.
  9. La chaleur industrielle des réacteurs à haute température (HTR) servira à des applications industrielles et agricoles.
  10. L’ensemble des réservoirs fonctionnera également comme un système de transfert d’énergie par pompage (STEP), indispensable pour réguler les réseaux électriques de la région.
  11. Une partie de l’eau de mer transitant par le système d’adduction Méditerranée-mer Morte sera dessalée à Beersheba, la « capitale du Néguev » dont la population, grâce à de nouvelles réserves d’eau douce, pourra doubler.
  12. De nouvelles villes et des « corridors de développement » se développeront autour des nouveaux systèmes d’adduction d’eau.
  13. Le centre de recherche nucléaire et la centrale de Dimona (pour l’instant un réacteur à but militaire et de traitement de déchets nucléaires du secteur médical) peuvent constituer la base d’un programme nucléaire civil israélien et contribueront à la construction d’usines de dessalement nucléaire. La Jordanie peut y contribuer avec ses réserves en thorium et en uranium.
  14. Des plan américains et israéliens existent pour accueillir 500 000 à 1 million d’habitants supplémentaires dans le Néguev. Pour nous, ces plans doivent être entièrement reconfigurés et ne peuvent en aucun cas se résumer à une simple extension de colonies exclusivement juives. Ils doivent offrir l’occasion à tous les citoyens israéliens, en coopération avec Bédouins qui y vivent (200 000 ou 30% du total), les Palestiniens et d’autres, de faire reculer un ennemi commun : le désert.
  15. La fin de la politique de colonisation illégale en Cisjordanie. Les colons seront incités (fiscalité, etc.) à se réorienter vers le Néguev où ils pourront occuper, en bonne entente avec les Bédouins, des Palestiniens et d’autres, des emplois productifs et y faire fleurir le désert (62 % du territoire israélien).

Schéma d’usine de dessalement flottante, réponse immédate à la crise humanitaire de Gaza.

6. Alvin Weinberg, Yitzhak Rabin et Lyndon LaRouche

LaRouche proposait de combiner les infrastructures hydrologiques, énergétiques, agricoles et industrielles. Il donna aux complexes agro-industriels construits autour de petits réacteurs nucléaires à haute température le nom de « nuplexes », un concept avancé dans l’après-guerre par le scientifique américain Alvin Weinberg, grand patron des laboratoires d’Oak Ridge au Tennessee (ORNL) et co-inventeur de plusieurs types de réacteurs nucléaires, notamment la filière aux sels fondus utilisant le thorium comme combustible (donc sans production de plutonium militaire).

Au chapitre 8 de son autobiographie, Weinberg raconte comment l’ORNL « s’est lancé dans une grande entreprise : dessaler la mer avec de l’énergie nucléaire bon marché », avec des centrales « à usage multiple, produisant à la fois de l’eau, de l’électricité et de la chaleur industrielle ». L’affirmation que cela était possible, rapporte Weinberg, « a suscité des remous au sein de la Commission de l’énergie atomique ».

Le sénateur John F. Kennedy écoute le Dr Alvin Weinberg, directeur du laboratoire national d’Oak Ridge, dans le Tennessee. Avec l’aimable autorisation du ministère de l’énergie. (février 1959)

Finalement, c’est le président Kennedy qui s’est montré le plus enthousiaste, en s’exprimant le 25 septembre 1963 :

L’idée parvint ensuite à l’oreille du patron de la Commission de l’énergie atomique (AEC), Lewis Strauss.

Lewis transmet cette idée à Eisenhower, qui esquisse dans le magazine Life les grandes lignes de ce qui sera connu sous le nom de plan Eisenhower, basé « sur ce dont Lewis et moi avions discuté », écrit Weinberg.

Celui-ci envoie alors une équipe en Égypte, en Israël et au Liban, où elle fut chaleureusement accueillie. Cette visite permit à Tennessee d’inviter des ingénieurs israéliens et égyptiens à s’intégrer dans le projet d’étude du Moyen-Orient « qui étudiait ce que nous appelions les ‘complexes agro-industriels à propulsion nucléaire+’ ».

Le « projet Moyen-Orient » a adapté ces résultats antérieurs à la situation israélo-égyptienne. Un rapport en fut publié en plusieurs volumes, « dans lequel nous avons examiné la faisabilité de complexes nucléaires agro-industriels à construire en tant que projets nationaux dans la région d’El-Hamman, près d’Alexandrie en Égypte, et dans la région occidentale du Néguev en Israël, et en tant que projet international près de la bande de Gaza. L’implication était que les complexes seraient subventionnés par les États-Unis.

« Le plan Eisenhower-Baker n’a jamais été mis en œuvre : la volonté politique nécessaire pour soutenir la construction de grands réacteurs dans un Moyen-Orient en proie aux conflits faisait défaut… », regretta Weinberg, qui ignorait les opérations des frères Dulles…

Le plan LaRouche, comme tant d’autres propositions allant dans le même sens, a été bloqué jusqu’ici du côté israélien, américain et britannique, et nous ne savons que trop bien ce qui est arrivé à Yitzhak Rabin, assassiné après avoir signé les accords d’Oslo, à Shimon Peres évincé, et à un Yasser Arafat diabolisé. A cela il faut ajouter que LaRouche fut couvert de calomnies et traité d’antisémite.

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Israel-Palestine: Time to Make Water a Weapon for Peace

Water for Peace

Contents:

Introduction

This article provides readers with the keys. To understand the history of the water wars that continue to ravage the Middle East, it is essential to understand the geological, hydrographical, geographical and political issues at stake. In the second part, we examine the various options for developing water resources as part of a strategy to overcome the crisis. We will deal with the gas issue, another subject of potential conflict or cooperation, in a later article.

1. Geography

The Dead Sea lays at minus 415 meters below sea level (in black), while the mountains rise up till 1486 meters (red).

The Jordan River basin is shared by four countries: Lebanon, Syria, Jordan and Israel, plus the Palestinian territories of the West Bank and Gaza.

Situated in the hollow of a tectonic depression on the great fault that runs from Aqaba to Turkey, the Jordan Valley is one of the lowest-lying basins in the world, flowing into the Dead Sea at an altitude of 421 meters below sea level.

See interactive topographic map.

Added to this is the fact that this is an endorheic basin, i.e. a river that flows neither into the sea nor the ocean. As in the Aral Sea basin in Central Asia, this means that any water drawn or diverted upstream reduces the level of its ultimate receptacle, the Dead Sea (see below), and can even potentially make it disappear.

Jordan river.

While remaining a fundamental artery for the entire region, the Jordan River has a number of drawbacks: its course is not navigable, its flow remains low and its waters, which are highly saline, are polluted.

As one of the key factors in the « Water, Energy, Food nexus » – three factors whose interdependence is such that we can’t deal with one without dealing with the other two – water resource management remains a key issue, and holds a primordial place for any future shared between Israel and its Arab neighbors. To grow food, one needs water. But to desalinate sea water, Israel spends 10 % of its electricity generated by consuming gas and oil.

2. Rainfall and water resources

A gauche, moyenne des précipitations annuelle, à droite le relief géographique.

The Middle East forms a long, arid strip, only accidentally interrupted by areas of abundant rainfall (around 500-700 mm/year), such as the mountains of Lebanon, Palestine and Yemen.

Geographically, much of the Middle East lies south of the isohyet (imaginary line connecting points of equal rainfall) indicating 300 mm/year.

However, precipitation has only a limited effect due to its seasonality (October-February).

As a result, river flow and flooding are irregular throughout the year, as well as between years. The same applies to groundwater recharge.

On a state-by-state basis, total water resources are very unevenly distributed in the region:
Turkey and Iraq have over 4,000 cubic meters per person per year, and Lebanon around 3000 m³/person/year, which is above the regional average (1,800 m³/person/year).
Syria and Egypt have around 1200 m³/person/year, one third lower.

On the other hand, some countries are below the critical 500 m³/year/capita bracket:
Israel and Jordan have 300 m³/year/capita, and the Palestinian Territories (West Bank-Gaza) less than 200 m³/year/capita. They are in what the World Health Organization (WHO) calls a situation of « water stress ».

The Middle East enjoys plenty of water on a regional scale, but has many areas in chronic shortage, on a local scale.

3. Hydrography of the Jordan basin

A. Source

360 km long, the Jordan River rises from water flowing down the slopes of Jabal el-Sheikh (Mount Hermon) in southern Lebanon on the border with Syria.

B. Tributaries

Once over the Israeli border, three tributaries join the Jordan about 6 kilometers upstream from the former Lake Hula (now reclaimed):

1. The Hasbani, with a flow of 140 million cubic meters (MCM) per year, rises in Lebanon, a country it crosses over 21 kilometers. The upper reaches of the Hasbani vary greatly with the seasons, while the lower reaches are more regular.

2. The Banias, currently under Israeli control and 30 kilometers long, has an annual flow close to that of the Hasbani (140 MCM). It rises in Syria in the Golan Heights, and flows into Israel for around 12 kilometers before emptying into the Upper Jordan.

3. The Nahr Leddan (or Dan) forms in Israel when the waters of the Golan Heights come together. Although restricted, its course remains stable and its annual flow is greater than that of the other two tributaries of the Upper Jordan, exceeding 250 MCM per year.

C. Lake Tiberias or Kinneret (aka Sea of Galilee)

The Jordan then flows through 17 km of narrow gorges to reach Lake Tiberias, where the salinity is high, especially as the freshwater streams flowing into it have been diverted. Lake Tiberias, however, receives water from the many small streams running through the Golan Heights.

D. Yarmouk River

Next, the Jordan meets the Yarmouk River (bringing in water from Syria), then meanders for 320 km (109 km as the crow flies) to reach the Dead Sea. These 320 km are occupied by a humid plain (the humid zor), with subtropical vegetation, dominated on both sides (West Bank and Jordanian) by dry, gullied terraces.

4. Water sources for Israel

The Hebrew state has four main sources of water supply:

A. Surface Water

Israel benefits first and foremost from the freshwater reserves of Lake Tiberias in Galilee, in the north of the country. Crossed by the Jordan River, this small inland sea accounts for 25% of Israel’s water needs. The annexation of the Golan Heights and the occupation of southern Lebanon have made this source of water a sanctuary.

B. Groundwater

In addition to surface water (lakes and rivers), the country can rely on its coastal aquifers, from Haifa to Ashkelon.

Located between Israel and the occupied West Bank, the main aquifer, the Yarkon-Taninim mountain aquifer, has a capacity of 350 MCM per year. In the northeast and east of the West Bank are two other aquifers with capacities of 140 and 120 MCM per year respectively.

C. Seawater desalination

Water desalination in Israel.

Five desalination plants built along the country’s coastline — in Ashkelon (2005), Palmachin (2007), Hadera (2010), Sorek (2013) and Ashdod (2015) — currently operate and two more are under construction. Collectively, these plants are projected to account for 85-90 per cent of Israel’s annual water consumption, marking a remarkable turnaround.

The Sorek desalination plant, located about 15 km south of Tel Aviv, became operational in October 2013 with a seawater treatment capacity of 624,000m³/day, which makes it world’s biggest seawater desalination plant. The desalination facility uses seawater reverse osmosis (SWRO) process providing water to Israel’s National Water Carrier system (NWC, see below). A dozen more units of this type are considered for construction.

Israel, which has been facing severe droughts since 2013, even began pumping desalinated seawater from the Mediterranean into Lake Tiberias, a unique performance worldwide. While Israel faced water scarcity two decades ago, it now exports water to its neighbors (not too much to Palestine). Israel currently supplies Jordan with 100 MCM and fulfills 20 % of Jordan’s water needs.

From 100 liters of seawater, 52 liters of drinking water and 48 liters of brine (brackish water) can be obtained. Although highly efficient and useful, desalination technology has still to be perfected, as it currently discharges brine into the sea, disrupting the marine ecosystem. To reduce this pollution and transform it into solid waste, we need to increase treatment and therefore energy consumption.

D. Wastewater

The country prides itself on reusing between 80% and 90% of its wastewater for agriculture. Treated wastewater used for irrigation is known as effluent. Israel’s effluent utilization rate is one of the highest in the world. Reclamation is carried out by 87 large wastewater treatment plants (WWTPs) that supply over 660 MCM per year. This represents around 50% of total water demand for agriculture and around 25% of the country’s total water demand. Israel aims to more than double the amount of effluent produced for the agricultural sector by 2050.

5. Water infrastructure projects

David Ben-Gurion.

For Israel, acquiring water resources in a desert region, through technology, military conquest and/or diplomacy, was from the outset an imperative to meet the needs of a rapidly growing population and, in the eyes of the rest of the world, a demonstration of its sovereign power and its superiority.

This symbolism is particularly evident in the figure of the father of the Hebrew state, David Ben-Gurion (1886-1973), whose aim was to make the Negev desert in the south of the country « blossom ».

In his book Southwards (1956), Ben Gourion described his ambition:

A. National Water Carrier of Israel (NWC)

From 1959 to 1964, the Israelis built the National Water Carrier of Israel (NWC), the largest water project in Israel to date.

The first ideas appeared in Theodor Herzl‘s book Altneuland (1902), in which he spoke of using the springs of the Jordan for irrigation purposes and channeling seawater to generate electricity from the Mediterranean Sea near Haifa through the Beit She’an and Jordan valleys to a canal running parallel to the Jordan and Dead Sea.

In 1919, Chaïm Waizmann, leader of the World Zionist Organization, declared: « The whole economic future of Palestine depends on its water supply ».

However, he advocated incorporating the Litani Valley (in today’s southern Lebanon) into the Palestinian state.

The NWC project was conceived as early as 1937, although detailed planning began after the recognition of Israel in 1948. In practice, the natural flow of the Jordan River is prevented by the construction of a dam, built south of Lake Tiberias. From there, water is diverted to the NWC, a 130 km-long system combining giant pipes, open channels, tunnels, reservoirs and large-scale pumping stations. The aim is to transfer water from Lake Tiberias to the densely populated center and the arid south, including the Negev desert.

When it was inaugurated in 1964, 80% of its water was allocated to agriculture and 20% to drinking water. By 1990, the NWC supplied half of Israel’s drinking water. With the addition of water from seawater desalination plants, it now supplies Tel Aviv, a city of 3.5 million inhabitants, Jerusalem (1 million inhabitants) and (outside wartime) Gaza and the occupied territories of the West Bank.

Since 1948, the area of irrigated farmland has increased from 30,000 to 186,000 hectares. Thanks to micro-irrigation (drip irrigation, including subsurface irrigation), Israeli agricultural production increased by 26% between 1999 and 2009, although the number of farmers fell from 23,500 to 17,000.

The Water War

In launching its NWC, Israel went it alone, while for the rest of the world, it was clear that diverting the waters of the Jordan River would give rise to sharp tensions with neighboring countries, particularly with Jordan and Syria, not to mention the Palestinians who have been largely excluded from the project’s economic benefits.



As early as 1953, Israel began the unilateral draining of Lake Hula (or Huleh), north of Lake Tiberias, leading to skirmishes with Syria.

In 1959, Israel kickstarted the NWC. The project was initially interrupted by a halt in American funding, as the Americans did not want to see violence escalate in the context of the Cold War.

It should be noted that, following the Suez crisis of 1956, the Soviet Union established itself in Syria as the protecting power of Arab countries against the « Israeli threat ». As part of the deployment of its naval presence in the Mediterranean, it obtained facilities for its fleet at Latakia in Syria.

However, Israel managed to quietly resume and continue the work on the NWC. Filling the system by pumping of Lake Tiberias began in June 1964 in utmost secrecy. When the Arab countries learned of this, their anger was great. In November 1964, the Syrian army fired on Israeli patrols around the NWC pumping station, provoking Israeli counter-attacks. In January 1965, the NWC was the target of the first attack by the Fatah (organization fighting for the liberation of Palestine) led by Yasser Arafat.

The Arab states finally recognized that they would never be able to stop the project through direct military action.

They therefore adopted a plan, the Headwater Diversion Plan immediately implemented in 1965, to divert water upstream from the tributaries of the Jordan River into the Yarmouk River (in Syria). The project was technically complicated and costly, but if successful would have diverted 35% of the water Israel intended to withdraw from the upper Jordan…

Israel declared that it considered this deviation of the water as an infringement of its sovereign rights. Relations degenerated completely and border clashes followed, with Syrian forces firing on Israeli army farmers and patrols. In July 1966, the Israeli air force bombed a concentration of earth-moving equipment and shot down a Syrian MiG-21. The Arab states abandoned their counter plan, but the conflict continued along the Israel-Syria border, including an Israeli air attack on Syrian territory in April 1967.

1967. Israeli tanks on the Golan heights to control water.

For many analysts, this was a prelude to the Six-Day War in 1967, when Israel occupied the Golan Heights to protect its water supply. The Six-Day War profoundly altered the geopolitical situation in the basin, with Israel now occupying not only the Gaza Strip and Sinai, but also the West Bank and the Golan Heights.

As French researcher Hervé Amiot explains:

In fact, as early as 1955, between a quarter and a third of the water came from the groundwater in the south-western part of the West Bank. Today, the West Bank aquifers supply Israel with 475 million m³ of water, i.e. 25-30% of the country’s water consumption (and 50% of its drinking water).

Two months after the seizure of the occupied territories, Israel issued “Military Decree 92”, transferring authority over all water resources in the occupied territories to the Israeli army and conferring « absolute power to control all water-related matters to the Water Resources Officer, appointed by the Israeli courts ». This decree revoked all drilling licenses issued by the Jordanian government and designated the Jordan region a military zone, thus depriving Palestinians of all access to water while granting Israel total control over water resources, including those used to support its settlement projects.

Today, returning the Golan to Syria and recognizing the sovereignty of the Palestinian Authority over the West Bank seems impossible for Israel, given the Hebrew state’s increasing dependence on the water resources of these occupied territories. The exploitation of these resources will therefore continue, despite Article 55 of the Regulations of the IVth Hague Convention, which stipulates that an occupying power does not become the owner of water resources and cannot exploit them for the needs of its civilians…

B. Johnston Plan

Eric Allen Johnston

One might think that the United States tried very early on to prevent the situation from degenerating in such a predictable way. They tried to take into account Israel’s legitimate interest in securing access to water, the absolute key to its survival and development, while at the same time offering neighboring countries (Jordan, Syria and Lebanon) sufficient resources to accommodate the millions of Palestinians exiled from their homes following the Nakba.

Faced with the risk of conflict, as early as 1953 – years before Israel launched its NWC plan – the American government proposed its mediation to resolve disputes over the Jordan basin. The result was the « Jordan Valley Unified Water Plan » (known as the « Johnston Plan »), named after Eric Allen Johnston, president of the United States Chamber of Commerce and US President Dwight Eisenhower‘s water envoy.

More concretely, “The Unified Development of the Water Resources of the Jordan Valley Region,” was prepared at the request of the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees under the direction of the Tennessee Valley Authority.

On Oct. 13, 1953, Eisenhower’s Secretary of State John Foster Dulles, in a top secret letter instructed Johnston what his mission was all about and on Oct. 16, in a public statement Eisenhower explained:

This plan established the transboundary nature of the Jordan basin and proposed an equitable sharing of the resource, giving 52% of the water to Jordan, 31% to Israel, 10% to Syria and 3% to Lebanon.

The plan, just as the Tennessee Valley Authority during FDR’s New Deal, was essentially based on building dams for irrigation and hydropower. The water was there and correctly managed, sufficient for the needs of the population at that time. Its main features were:

  • a dam on the Hasbani River to provide power and irrigate the Galilee area;
  • dams on the Dan and Banias Rivers to irrigate Galilee;
  • drainage of the Huleh swamps;
  • a dam at Maqarin on the Yarmouk River for water storage (capacity of 175 million m³) and power generation;
  • a small dam at Addassiyah on the Yarmouk to divert its water toward both the Lake Tiberias and south along the eastern Ghor;
  • a small dam at the outlet of Lake Tiberias to increase its storage capacity;
  • gravity-flow canals along the east and west sides of the Jordan valley to irrigate the area between the Yarmouk’s confluence with the Jordan and the Dead Sea;
  • control works and canals to utilize perennial flows from the wadis that the canals cross.

See details of the Johnston plan in this comprehensive article.

The project was validated by the technical committees of Israel and the Arab League, and did not require Israel to abandon its ambition to green the Negev desert. Unfortunately, however, the presentation of the plan to the Knesset in July 1955 did not result in a vote.

The Arab Committee approved the plan in September 1955 and forwarded it to the Council of the Arab League for final approval. Tragically, this institution also chose not to ratify it on October 11, because of its opposition to an act implying an implicit act of recognition of Israel that would prevent the return of the Palestinian refugees to their home… The mistake here was to isolate the water issue from a broader agreement on peace and justice as the foundation of mutual development.

Then, after the Suez Canal crisis in 1956, the Arab countries, with the exception of Jordan, hardened their stance towards Israel considerably, and henceforth opposed the Johnston plan head-on, arguing that it would amplify the threat posed by that country by enabling it to strengthen its economy. They also claim that increasing Israel’s water resources could only increase Jewish migration to the Hebrew state, thereby reducing the possibility of the return of Palestinian refugees from the 1948 war…

History cannot be rewritten, but the adoption of the Johnston Plan could well have prevented conflicts, such as that of 1967, which cost the lives of 15,000 Egyptians, 6,000 Jordanians, 2,500 Syrians and at least 1,000 Israelis.

C. Jordan’s response: the Ghor irrigation Canal

East Ghor or King Abadallah Canal (KAC).

At almost the same time as Israel was completing its NWC, Jordan was digging the East Ghor irrigation canal between 1955 and 1964, starting at the confluence of the Yarmouk and Jordan rivers and running parallel to the latter all the way to the Dead Sea on Jordanian territory.

Originally, this was part of a larger project – the « Greater Yarmouk » project – which included two storage dams on the Yarmouk and a future “Western Ghor Canal” on the west bank of the Jordan. The latter was never built, as Israel took the West Bank from Jordan in the 1967 Six-Day War.

In effect, by diverting the waters of the Yarmouk to fill up its own canal, Jordan secured water for its capital Amman and its agriculture, but of course, contributed reducing the waters of the Jordan River.

In Jordan, the Jordan’s river watershed is a region of vital importance to the country. It is home to 83% of the population, the main industries and 80% of irrigated agriculture. It is also home to 80% of the country’s total water resources.

Overall, the Hashemite kingdom is one of the world’s most water-poor countries, with 92% of its territory desert. While Israel has 276 m³ of natural freshwater available per capita per year, Jordan has just 179 m³, more than half of which comes from groundwater.

The UN considers that a country with less than 500 m³ of freshwater per capita per year suffers from « absolute water stress ». Added to this is the fact that since the start of the Syrian civil war, Jordan has welcomed nearly 1.4 million refugees onto its soil, in addition to its 10 million inhabitants.

The East Ghor Canal was designed in 1957 and built between 1959 and 1961 competing with Israel’s NWC. In 1966, the upstream section as far as Wadi Zarqa was completed. The canal was then 70 km long and was extended three times between 1969 and 1987.

The United States, through the U.S. Agency for International Development (USAID), financed the initial phase of the project, after obtaining explicit assurances from the Jordanian government that Jordan would not withdraw more water from the Yarmouk than had been allocated to it under the Johnston Plan. They were also involved in the subsequent phases.

Waterworks in the region are often named after great political figures. The East Ghor Canal was named « King Abdallah Canal (KAC) » by Abdalla II after his great-grandfather, the founder of Jordan. At the time of the peace treaty with Israel in 1994, the two countries shared the flow of the Jordan, and Jordan agreed to sell its water from Lake Tiberias.

D. Mediterranean – Dead Sea Aqueduct

Possible routes for water conveyance:
A: Crossing solely Israelian territory;
B and C: Crossing Israel and West Bank (shortest, 70 km);
D. Crossing Gaza and Israel;
E. Crossing only Jordan (longest, 200 km).

The idea of a Dead Sea-Mediterranean Canal was first proposed by William Allen in 1855 in a book entitled The Dead Sea – A new route to India. At the time, it was not known that the level of the Dead Sea was far below that of the Mediterranean, and Allen proposed the canal as an alternative to the Suez navigation Canal.

Later, several engineers and politicians took up the idea, including Theodor Herzl in his 1902 short story Altneuland. Most early projects were based on the left bank of the Jordan, but a modified form, using the right bank (West bank), was proposed after 1967.

After extensive research, German engineers Herbert Wendt and Wieland Kelm proposed not a navigable canal, but an aqueduct consisting essentially of an overhead gallery running West-East, linking the Mediterranean to the Dead Sea.

Their 1975 detailed project study Depressionskraftwerk am Toten Meer – Eine Projektstudie, on how to use the difference of water levels between the Mediterranean sea (level 0) and the Dead Sea (- 400 m) for power generation was the subject of a first publication in the German journal Wasserwirtschaft (1975,3).

The diagram indicates the system operates as follows:

  1. The seawater intake is at Ashdod.
  2. An open channel allows the water to flow by gravity for 7 km.
  3. From there, the pressurized water travels through a 65 km-long hydraulic gallery;
  4. The water arrives in a 3km-long reservoir created by a dam on the edge of the steep descent to the Dead Sea. At that point, the water can be used to cool a thermal or nuclear power plant, the heat from which can be used for industrial or agricultural purposes.
  5. Through a shaft running from the bottom of the reservoir, the water descends a steep 400 metres.
  6. There, it powers three turbines, each producing 100 MWe.
  7. Finally, via an evacuation gallery, the seawater reaches the Dead Sea.

However, since the project was elaborated exclusively by Israel and without any consultation with its Jordanian, Egyptian and Palestinian neighbors, the project ran against a wall of political opposition.

Of course, as with any large scale infrastructure projects, many things needed to be adapted, including tourist equipment, roads, hotels, Jordanian potash exploitation, Palestinian farmland, etc.

Questions were also raised about (very infrequent) potential earthquakes and the difference of salinity of water from the Mediterranean and the Dead Sea.

On Dec. 16, 1981, the UN General Assembly, arguing the canal project « will violate the principle of international law » adopted Resolution 36-150.

That resolution requested the UN Security Council « to consider initiating measures to halt the execution of this project » and calling « upon all States not to assist, either directly or indirectly, in the preparation for and the execution of this project. »

The request, in article 3, to submit a study was fulfilled. The report, not really convincing, details various objections but doesn’t call into question the technical feasability of the project.

E. Red Sea – Dead Sea Water Conveyance

In the framework of the peace treaty between Israel and the Hashemite Kingdom of Jordan the integrated development Master Plan for the Jordan Rift Valley (JRV) was studied in the mid 1990’s.

The Red Sea – Dead Sea Canal (RSDSC) was considered to be one of the most important potential elements for implementing this Master Plan. The principal development objective of the RSDSC was to provide desalinated drinking water for the people of the area.

On October 17, 1994, then Israeli Prime Minister Yitzhak Rabin and King Hussein of Jordan validated the draft peace treaty between their two countries in Amman, after reaching agreement on the last two points in dispute – the water issue and border demarcation.

Yitzhak Rabin, Bill Clinton and King Hussein.

On November 26, the Israeli-Jordanian peace treaty was signed with great fanfare in the Arava Valley, between the Red Sea and the Dead Sea, by the prime ministers of the two countries, in the presence of US President Bill Clinton, whose country had helped bring the negotiations between Jerusalem and Amman to a successful conclusion.

This created the condition where the old idea of linking the Red Sea with the Dead Sea, a project renamed and supported by Shimon Peres as the « Peace Canal », could come back on the table.

Former Israeli water commissioner Professor Dan Zaslavsky, who opposed the project on cost grounds, wrote in the Jerusalem Post in 2006 about Peres’ obstinacy. To listen to the scientists, Peres summoned five of them. Each had to present his objections in a few minutes.

« At one point, Peres got up and said, ‘Excuse me. Don’t you remember that I built the nuclear reactor in Dimona? Do you remember that everyone was against it? Well I was right in the end. And this will prove to be the same thing! » And with that, Zaslavsky said with a flourish, « he left! »

The Dead Sea

For millennia, the Dead Sea was filled with fresh water from the Jordan River, via Lake Tiberias. Over the last fifty years, however, it has lost 28% of its depth and a third of its surface area. Its water level is falling inexorably, at an average rate of 1.45 meters per year. Its high salinity – over 27%, compared with the average for oceans and seas of 2-4% – and a level 430 meters below sea level, has always fascinated visitors and provided therapeutic benefits. Stretching 51 kilometers long and 18 kilometers wide, it is shared by Israel, Jordan and the West Bank.

The over-exploitation of upstream water resources (the National Aqueduct in Israel, the Ghor Canal in Jordan), together with potassium mining, is the cause of the sand desert which, if nothing is done, will continue to replace the Dead Sea.

If the Dead Sea needs the Jordan River, the Jordan River needs Lake Tiberias, from which it takes its source. However, the lake too has been affected by drastic drops in its water level in recent years, triggering a vicious circle between the three systems (Lake Tiberias, Jordan River and Dead Sea).

Aqueduct

In response, at the end of 2006, the World Bank and Agence Française de Développement (AFD) assisted Israel and Jordan in the design of a colossal project to link the Dead Sea to the Red Sea via a 180-kilometer mainly underground pipeline.

In the end, the project for an aqueduct starting from the Red Sea and built entirely on Jordanian territory was chosen, with the signing of a tripartite agreement between Israelis, Jordanians and Palestinians in December 2013.

  1. Sea intake and pumping station
    The seawater is pumped to +125 m above sea level at the Red Sea.
  2. Pressure pipeline
    The first part of the conveyance system transmits the seawater to the planned elevation. The length is 5 km from Aqaba (3% of the whole alignment).
  3. A tunnel and canal conveyance system
    Seawater is transmitted to the regulating and pretreatment reservoirs with a design flow of 60 m3 /s. A 121 km tunnel with 7 m diameter and 39 km canal were designed.
  4. Regulating and pre-treatment reservoirs
    Several reservoirs were designed at +107 m at Wadi G’mal at the southeastern margin of the Dead Sea.
  5. Desalination plants
    The 2 desalination plants are designed to operate by using the process of hydrostatically supported reverse osmosis to provide desalinated seawater. The main plant will be located at Safi at 365 m below the sea level with a water column of 475 m.
  6. Fresh water
    The project will produce around 850 MMC of fresh water per year, to be shared between Jordan, Israel and Palestine, the three countries that manage the Dead Sea. For the transmission of the water to Amman a double pipeline of 200 km with 2.75 m diameter was designed with nine pumping stations for the uplift of 1,500 m. For the transmission to Hebron a double pipeline of 125 km with an elevation difference of 1,415 m was designed.
  7. The brine
    The brine reject water will be conveyed from the desalination plant via a 7 km canal to the Dead Sea. 1,100 MMC per year of brine reject water will enter the Dead Sea.
  8. Electricity generation
    As the brine runs through the tunnel and canal, the turbines of one or more hydroelectric power plants will generate around 800 megawatts of electricity to partially offset the electricity consumed by pumping;
  9. Three new cities will be built: North Aqaba city in northern Aqaba, South Dead Sea City, close to the desalination plant south of the Dead Sea, and South Amman City (see map at the beginning of this section).

In terms of environmental impact, scientists have expressed concern that mixing the brine (rich in sulfate) from the desalination plants with the Dead Sea water (rich in calcium) could cause the latter to turn white. It would therefore be necessary to proceed with a gradual water transfer to observe the effects of water transfer in this particular ecosystem.

Not enough to stabilize the level of the Dead Sea, but a first step to start slowing down its drying up, emphasized Frédéric Maurel, in charge of this project for AFD, in 2018. « We also need to use water more sparingly, both in agriculture and in the potash industry, » he stressed.

Political will?

Projected water intake at Red Sea.

In 2015, as a supplement to the program, agreements had been reached on reciprocal water sales: Jordan would supply drinking water to Israel in the south, which in return would increase its sales of water from Lake Tiberias to supply northern Jordan. And the Palestinians would also receive additional water supplies from Israel. By the end of 2016, five consortia of companies had been shortlisted.

In 2017, the European Investment Bank produced a 264 page detailed study to support the plan.

On the Israeli side, saving the Dead Sea is a necessity to maintain seaside tourism and thermalism. It is also a lever to guarantee its hydraulic control over the West Bank, as Israel does not trust the Palestinian Authority to manage water. Honest elements of the Hebrew state are aware of the peacemaking potential of this project, and need a stable partner in the region. Jordan, for its part, was by far the most interested in this project, given its critical situation.

In 2021, Jordan decided to put an end to the joint water pipeline project, believing that there was « no real desire on the part of the Israelis » for the plan, which had stagnated for several years, to go ahead.

To face its growing needs, Jordan has decided to build its own desalination plant directly on the Red Sea. The Aqaba-Amman Water Desalination and Conveyance Project will take water from the Red Sea at the Gulf of Aqaba in the south, desalinate it, and channel it 450 kilometres north to the capital Amman and its surrounding area, supplying a desperately needed 300 million cubic metres of water a year. Studies are complete and construction will start on July 2024. The plant will be powered with solar energy.

In 2022, Jordan, the UAE and Israel signed a memorandum of understanding (MoU) to continue feasibility studies for two interconnected projects: establishing the water desalination station at the Red Sea (Prosperity Blue) and establishing a solar power plant in Jordan (Prosperity Green). However, due to the ongoing war against Gaza and the rejection of the Jordanian public regarding the agreement’s signing, the Jordan government announced the suspension of the agreement.

The Dead Sea might slowly reappear

The desalination plant an pipeline pumping fresh water back in the Sea of Galilee are now operational.

With huge desalinization capacities in hand, Israel adopted in 2023 the National Carrier Flow Reversal Project to return water to its natural resources, in particular to Lake Tiberias, the very source of freshwater for its entire national water system.

Lake Tiberias, as we have seen, is therefore a national treasure, a centerpiece of tourism, agriculture and, as we have seen, geopolitics.

According to Dodi Belser, Director of Innovation at water state giant Mekorot, if Israel wants to increase the water it sends to its Jordanian neighbors and to protect its reservoir, it’s vital to retain the lake’s water level. Currently Israel taps 100 million cubic meters of water from Lake Tiberias to send to Jordan, and did so even during the drought years of 2013 to 2018.

Increase resilience to climate chaos and preparing eventual futur water sharing, gave birth to the idea to pump desalinated water into the Lake Tiberias, up to 120 million cubic meters a year until 2026. That is happening right now.

It can partly increase the level of the Jordan river and therefore the water arriving into the Dead Sea. But the salt in the Dead Sea comes from the waters of the Jordan River. Every year, the famous river brings it some 850,000 tonnes of salt.

F. Turkish water sales

Projected possible water export from Turkye.

Turkye, a veritable « water tower » in the region, has long dreamed of exporting its water to Israel, Palestine, Cyprus and other Middle Eastern countries at a premium.

The most ambitious of these projects was President Turgut Ozal‘s « Peace Water Pipeline » in 1986, a $21 billion project to pipe water from the Seyhan and Ceyhan rivers to cities in Syria, Jordan and the Arab states of the Gulf.

In 2000, Israel was strongly considering purchasing 50 million m3 per year for 20 years from the Manavgat river near Antalya, but since November 2006, the deal has been put on hold.

The Manavgat project, technically completed in mid-March 2000, was a pilot project.

The complex on the Manavgat river – which rises in the Taurus mountains and flows into the Mediterranean between Antalya and Alanya – includes a pumping station, a refining center and a ten-kilometer-long canal. The aim was then to transport this fresh water by 250,000-ton tankers to the Israeli port of Ashkelon for injection into the Israeli NWC.

Eventually, Jordan was also interested in Turkey’s aquatic manna. A second customer downstream of its network would enable Israel to share costs. Another possibility would be to transport the water via a water pipeline linking Turkey to Syria and Jordan, and ultimately to Israel and Palestine if the latter could reach an agreement with its partners. The Palestinians, for their part, have been looking for a donor country to subsidize freshwater imports by tanker to Gaza.

The Manavgat project is not the only one through which Ankara hopes to sell its water. In 1992, Suleyman Demirel, then Prime Minister, expressed a credo that went viral: « Turkey can use the waters of the Tigris and Euphrates rivers as it sees fit: Turkey’s water resources belong to Turkey, just as oil belongs to Arab countries.”

The countries downstream of the two rivers – Iraq and above all Syria – immediately protested. For them, the multiple dams that Ankara plans to build on the region’s main freshwater sources for irrigation or power generation are simply a way for the heir to the Ottoman Empire to assert its authority over the region.

Whatever Ankara’s real ambitions, the country has a real treasure trove at its disposal, especially given the dwindling resources of neighboring countries.

In the end, since November 2006, Israeli supporters of desalination have objected to the price of Turkish water and questioned the wisdom of relying on Ankara, whose government is critical of Israeli policies. Desalination or importation? The choice is a Cornelian one for Israel. And an eminently political one, since it comes down to knowing whether to stick to positions based on self-sufficiency or whether to play the regional cooperation card, which amounts to betting on trust…

G. Hidden defects and non-implementation of Oslo

The recognition of Israel by Yasser Arafat – leader of the Palestinian Liberation Organisation –, and the election of Yitzhak Rabin as Israel’s Prime minister in 1992 opened new opportunities for peace and cooperation. The Oslo accords they signed established the Palestinian Authority and determined temporary groundwater allocations from the West Bank to Israel and Palestine. In the declaration, both parties agreed on the principle of “equitable utilisation” between Palestinians and Israelis.

The collapse of mutual trust following the assassination of Rabin in November 1995 and the subsequent election of Benjamin Netanyahu, who had been highly critical of Oslo, negatively affected cooperation on water.

In 2000, during the first six months of the second Intifada, there was hardly any contact between both sides regarding water issues. But with reason coming back, despite the conflict, Israeli and Palestinian leaders committed themselves to separating the water issue from violence and reactivated cooperation over water.

In 2004, Israel reportedly proposed a plan to build a desalination plant in order to increase the quantity of freshwater available and to channel desalinated water to the West Bank. Fearing that this might in effect imply a renunciation to Palestinian water claims on the Mountain aquifer (75% of which is allocated to Israel even though the Aquifer is on Palestinian land), the Palestinians rejected this solution.

The Oslo Accords, signed by Israel and the Palestine Liberation Organization (PLO) in 1993, although stipulating that « Israel recognizes the water rights of Palestine », in reality allowed Israel to continue controlling the region’s water sources… while awaiting a resolution to the conflict. Oslo II provided for the postponement of negotiations on water rights until those on permanent status, as well as on the status of Jerusalem, refugees’ right of return, illegal settlements, security arrangements and other issues.

But final status talks, scheduled to take place five years after the implementation of the Oslo Accords (in 1999, as planned), have not yet taken place.

The Oslo Accords also provided for the creation of a water management authority, and their « Declaration of Principles » stressed the need to ensure « the equitable use of common water resources, for application during the interim period [of the Oslo Accords] and thereafter ».

Hence, for decades, Israel has perpetuated a principle of water distribution that existed before the Oslo Accords were signed, allowing Israelis to consume water at will while limiting Palestinians to a predetermined 15% share.

Zones A, B and C.

The Oslo agreements did not take into account the division of the West Bank into zones A, B and C when it came to organizing water distribution between Israel and the Palestinians.

Israel was finally granted the right to control water sources, even in PA-controlled areas A and B.

Most water sources were already located in Area C, which is entirely controlled by Israel and comprises almost 61% of the West Bank.

On the ground, Israel has connected all the settlements built in the West Bank, with the exception of the Jordan Valley, to the Israeli water network. The water supply to Israeli communities on both sides of the Green Line is managed as a single system, under the responsibility of Israel’s national water company, Mekorot.

While the Oslo Accords allowed Israel to pump water from areas under its control to supply settlements in the occupied West Bank, they also prevent the PA from transferring water from one area to another in those it administers in the West Bank. Israel has disavowed most of the provisions of the Oslo Accords, but remains committed to those relating to water.

A member of the Palestinian delegation that signed the Oslo Accords, wishing to remain anonymous, tells Middle East Eye magazine that the delegation’s lack of expertise at the time resulted in the signing of an agreement that

The borders between on the one side Gaza and the occupied territories and Israel don’t need to be drawn with a line, since the sharp shift of brilliance of the green color (irrigated land) marks them.

In practice, this means that Palestinians in the occupied West Bank are at the mercy of the Israeli occupation when it comes to their water supply.

Inequalities in terms of access to water in the West Bank are glaring, as shown by the Israeli NGO B’Tselem in a report entitled Parched, published in May 2023.

In 2020, each Palestinian in the West Bank consumed an average of 82.4 liters of water per day, compared with 247 liters per person in Israel and the settlements.

This figure drops to 26 liters per day for Palestinian communities in the West Bank that are not connected to the water distribution network. 36% of West Bank Palestinians have year-round access to running water, compared with 100% of Israelis, including settlers.

The Palestinian Authority, which claims more water, points out that Palestinian agriculture plays a major role in the economy of the Occupied Territories (15% of GDP, 14% of the working population in 2000). In comparison, Israeli agriculture, while far more productive, employs 2.5% of the working population and produces 3% of GDP.

Added to this the fact that the arable land recognized by Israel under the Oslo Accords as totally or partially autonomous to the Palestinians is located in the limestone uplands, where access to water is difficult, since it is necessary to dig deep to reach the water table.

What’s more, in Israel and the settlements, 47% of land is irrigated, compared with only 6% of Palestinian land. The Palestinian Authority is currently demanding rights to 80% of the mountain aquifer, which Israel cannot conceive of.

Myth of Thirsty Palestinian

Israeli spokespeople, such as Akiva Bigman in his article titled « The Myth of the Thirsty Palestinian » have three answers ready to pull out when they are confronted with the water shortages in West Bank Palestinian towns:

Answer: leakage varies from 20 to 50% in the USA, far above the rate of poor Palestine.

One can ask where the money went. And yes, in reality, at the end of the day, for various technical reasons and unexpected drilling failures in the eastern basin of the aquifer (the only place the agreement allows the Palestinians to drill), the Palestinians ended up producing less water than the agreements set.

True. However, Oslo didn’t set a limit to the amount of water Israel can take, but limited the Palestinians to 118 MCM from the wells that existed prior to the accords, and another 70-80 MCM from new drilling. According to the Israeli NGO B’Tselem, as of 2014 the Palestinians are only getting 14 percent of the aquifer’s water. That is why the Israeli state company Mekorot (obeying to government directives) is selling the Palestinians the double of water stipulated in the Oslo Agreement – 64 MCM, as opposed to 31 MCM. 64 + 31 = 95 MCM in total, to be compated with current consumption by Palestinians in the West Bank: 239 MCM of water in 2020 of which 77.1 of them purchased from Israel.

A final detail that speaks volumes: Palestinians are charged the price of drinking water for their agricultural water while Jewish settlers benefit from agricultural tariffs and subsidies. The justification being that the Jewish settlers have invested in expensive irrigation techniques such as desalination

H. Ben Gurion Navigation Canal


At the end of 2023, the idea of the Ben-Gurion navigation Canal project was revived in the media. The canal would link the Gulf of Aqaba (Eilat) in the Red Sea to the Mediterranean Sea, passing through Israel to terminate in or near the Gaza Strip (Ashkelon). This is an Israeli alternative to the Suez Canal, which became topical in the 1960s following Nasser’s nationalization of Suez.

The first ideas for a connection between the Red Sea and the Mediterranean appeared in the mid-19th century, on the initiative of the British, who wanted to link the three seas: the Red, the Dead and the Mediterranean. As the Dead Sea lies 430.5 meters below sea level, such an idea was not feasible, but it could be realized in another direction. Frightened by Nasser’s nationalization of Suez, the Americans considered the option of the Israeli canal, their loyal ally in the Middle East.

In July 1963, H. D. Maccabee of Lawrence Livermore National Laboratory, under contract to the U.S. Department of Energy, wrote a memorandum exploring the possibility of using 520 underground nuclear explosions to help dig some 250 kilometers of canals across the Negev desert. The document was classified until 1993. « Such a canal would constitute a strategically valuable alternative to the present Suez Canal and would probably contribute greatly to the economic development of the surrounding region, » says the declassified document.

The idea of the Ben Gurion Canal resurfaced at the same time as the signing of the so-called « Abraham Agreements » between Israel and the United Arab Emirates, Bahrain, Morocco and Sudan.

On October 20, 2020, the unthinkable happened: Israel’s state-owned Europe Asia Pipeline Company (EAPC) and the UAE’s MED-RED Land Bridge signed an agreement to use the Eilat-Ashkelon pipeline to transport oil from the Red Sea to the Mediterranean, avoiding de facto the Suez Canal.

On April 2, 2021, Israel announced that work on the Ben Gurion Canal was due to start in June of the same year. But this has not been the case. Some analysts interpret the current Israeli reoccupation of the Gaza Strip as an event that many Israeli politicians were waiting for to revive an old project.

Proposed route for Ben Gurion navigation canal.

A closer look at the planned route shows that the canal starts at the southern edge of the Gulf of Aqaba, from the port city of Eilat, close to the Israeli-Palestinian border, and continues through the Arabah valley for around 100 km, between the Negev mountains and the Jordanian highlands. It then turns west before the Dead Sea, continues through a valley in the Negev mountain range, then turns north again to bypass the Gaza Strip and reach the Mediterranean Sea in the Ashkelon region.

The project’s promoters argue that their canal would be more efficient than the Suez Canal because, in addition to being able to accommodate a greater number of ships, it would allow the simultaneous two-way navigation of large vessels thanks to the design of two canal arms.

Unlike the Suez Canal, which runs along sandy banks, the Israeli canal would have hard walls that require almost no maintenance. Israel plans to build small towns, hotels, restaurants and cafés along the canal.

Each proposed branch of the canal would be 50 meters deep and around 200 meters wide. It would be 10 meters deeper than the Suez Canal. Ships 300 meters long and 110 meters wide could pass through the canal, corresponding to the size of the world’s largest ships.

If completed, the Ben-Gurion Canal would be almost a third longer than the Suez Canal, which measures 193.3 km, or 292.9 km. Construction of the canal would take 5 years and involve 300,000 engineers and technicians from all over the world. Construction costs are estimated at between $16 and $55 billion. Israel stands to gain $6 billion a year.

Whoever controls the canal, and apparently it can only be Israel and its allies (mainly the USA and Great Britain), will have enormous influence over international supply chains for oil, gas and grain, as well as world trade in general.

Israel argues that such a project would undermine the power of Egypt, a country strongly allied with Russia, China and the BRICS and therefore « a threat » to the West! With the depopulation of Gaza and the prospect of total Israeli control over this tiny territory, some Israeli politicians, including Netanyahu, are once again salivating over the prospect of such a project.

As Croatian analyst Matia Seric pointed out in Asia Review in November 2023:

I. Oasis Plan

It is in the light of all these failures that the fundamental contribution of the « Oasis Plan » proposed by the American economist Lyndon LaRouche (1922-2019) becomes apparent.

In 1975, following talks with the leaders of the Iraqi Baath Party and sane elements of the Israeli Labor Party, the American economist LaRouche saw his Oasis Plan as the basis for mutual development to the benefit of the entire region.

Instead of waiting for « stability » and « lasting peace » to arrive magically, LaRouche proposed and even launched projects in the interests of all, and « recruited » all partners to participate fully, first and foremost in their own interests, but in reality in the interests of all.

Banksy mural painting.



LaRouche’s « Blue Peace » Oasis plan, to be put on the table of diplomatic negotiations as the « spine » of a durable peace agreement », includes:

  1. Israel’s relinquishment of exclusive control over water resources in favor of a fair resource-sharing agreement between all the countries in the region;
  2. The reconstruction and economic development of the Gaza Strip, including the Yasser Arafat International Airport (inaugurated in 1998 and bulldozered by Israeli in 2002), a major seaport backed up by a hinterland equipped with industrial and agricultural infrastructure.
  3. A floating, underwater or off-shore desalination plant will be stationed in front of Gaza.
  4. The construction of a fast rail network reconnecting Palestine (including Gaza) and Israel to its neighbors;
  5. The construction, for less than 20 billion US dollars of both the Red-Dead and the Med-Dead water conveyance system composed of tunnels, pipelines, water galeries, pumping stations, hydro-power units and nuclear powered desalination plants.
  6. Salted sea water, arriving at the Dead Sea, before desalination, will « fall » through a 400 meter deep shaft and generate hydro-electricity.
  7. Following desalination, the fresh water will go to Jordan, Palestine and Israel; the brine will refill and save the Dead Sea.
  8. The nuclear powered desalination plant will produce heat and electricity with « hybrid desalination » combining evaporation and Reverse Osmosis (RO) ;
  9. The industrial heat of the Molten Salt (MSR) high temperature reactors (HTR), will also be tapped for industrial and agricultural purposes;
  10. The reservoirs of the water conveyance systems will also function as a Pumped Storage Power Plant (PSPP), essential for regulating the region’s power grids;
  11. Part of the seawater going through the Med-Dead Water conveyance system will be desalinated in Beersheba, the « capital of the Negev » whose population, with new fresh water supplies, can be doubled.
  12. New cities and « development corridors » will grow around the new water conveyance systems.
  13. Israel’s Dimona nuclear center and power plant (currently a military reactor and medical nuclear waste treatment center) can form the basis to create a civilian nuclear program and contribute to the construction of nuclear desalination plants. Jordan can supply the uranium.
  14. US and Israeli plans to prepare the housing of 500,000/1 million people in the Negev exist but should be entirely reconfigured in terms of both scope and intent. They cannot be a mere extension of exclusively Jewish settlements, but should offer the opportunity to all Israeli citizens, in peaceful cooperation with the Bedouins who live there, the Palestinians and others, to roll back a common enemy: the desert.
  15. The policy of illegal settlements in the West Bank shall be halted. Settlers will be encouraged (through taxation, etc.) to relocate to the Negev, where they, in a shared effort with the Bedouins, Palestinians and others, can take up productive jobs and make the desert bloom (62% of Israeli territory).
Floating desalination plant.

Alvin Weinberg, Yitzhak Rabin and Lyndon LaRouche

LaRouche proposed coupling hydrological, energy, agricultural and industrial infrastructures. These agro-industrial complexes, built around small high-temperature nuclear reactors, were called « nuplexes », a concept put forward in the post-war period by the American scientist Alvin Weinberg, head of the Oak Ridge Laboratories in Tennessee (ORNL) and co-inventor of several types of nuclear reactor, notably the molten-salt line using thorium as fuel (and therefore without the production of weapons-grade plutonium).

In chapter 8 of his autobiography, Weinberg recounts how ORNL, « embarked on a great enterprise: desalinating the sea with cheap nuclear power », with « multi-purpose » plants, « producing water, electricity and process heat at the same time ». The assertion that this was possible, Weinberg reports, « caused a stir within the Atomic Energy Commission ».

Senator John F. Kennedy listens to his science advisor Dr. Alvin Weinberg, Director of the Oak Ridge National Laboratory, in Tennessee. Courtesy of Department of Energy. (February 1959)

In the end, it was President John F. Kennedy who reacted most enthusiastically, speaking on September 25, 1963:

The idea reached later the ear of AEC’s patron Lewis Strauss.

Lewis conveyed this idea to Eisenhower and Ike published in Life magazine an outline of what became known as the Eisenhower plan, based “on what Lewis and I had discussed”, writes Weinberg.

ORNL then sent a team to visit Egypt, Israel and Lebanon where they were warmly received. The visit brought to Tennessee Israeli and Egyptian engineers who were integrated in the Middle East Study Project,

Weinberg, clearly unaware of the Dulles brothers‘ operations sabotaging anything good Ike wanted to accomplish regretted: “The Eisenhower-Baker plan was never implemented: the political will needed to support building large reactors in the strife-riven Middle East was lacking…”

The LaRouche Oasis plan, like any other proposal along the same lines, has so far been blocked by the Israeli, American and British sides, and we know only too well what happened to Yitzhak Rabin, assassinated after signing the Oslo Accords, to Shimon Peres, ousted, and to a demonized Yasser Arafat. In addition, LaRouche has been slandered and called an anti-Semite.

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