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Quinten Matsys et Léonard – L’aube d’une ère du rire et de la créativité

par Karel Vereycken, août 2024.

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Matsys et Léonard, sommaire

Introduction

A. Les enjeux culturels et philosophiques d’un contexte

  1. Blagues cyniques ou dialogue socratique ?
  2. Qu’est-ce que l’humanisme chrétien ?
  3. Pétrarque et le « Triomphe » de la mort
  4. L’ère du bon rire
  5. Sebastian Brant, Jérôme Bosch et la Nef des fous

B. Quinten Matsys

  1. Éléments biographiques
  2. De forgeron à peintre
  3. Duché de Brabant
  4. Formation : Bouts, Memling et Van der Goes
  5. Débuts à Anvers et à l’étranger

C. Œuvres choisies, décryptage et nouvelles interprétations

  1. La Vierge et l’Enfant, « Grâce divine » et « Libre arbitre »
  2. Le retable de Sainte-Anne
  3. Une nouvelle perspective
  4. Coopération avec Patinir et Dürer
  5. Le lien avec Érasme
  6. L’Utopie de Thomas More
  7. Pieter Gillis et le « diptyque de l’amitié »
  8. La connexion Léonard de Vinci (I)

D. L’art érasmien du grotesque

  1. Dans les peintures religieuses
  2. Avares, banquiers, receveurs d’impôt et agents de change, la lutte contre l’usure
  3. La connexion Léonard de Vinci (II)
  4. L’art du grotesque per se
  5. La métaphore du « couple mal assorti ».
  6. « La vieille femme hideuse », la paternité de Léonard

E. Conclusion

Bibliographie sélective

Quinten Matsys.

En 1500, Anvers, avec quelque 90 000 habitants, est la plus grande ville (précisons-le) d’Occident. Grand port et cœur battant d’un florissant commerce international qui dépasse alors la vieille Bruges des Médicis, Anvers est un aimant qui attire tous les talents de toutes les nations.

C’est dans ce contexte de brassage culturel que Quinten Matsys croise et collabore avec les plus brillants des grands humanistes chrétiens de son époque, qu’il s’agisse d’érudits militants pour la paix tels qu’Érasme de Rotterdam, Thomas More et Pieter Gillis, d’imprimeurs novateurs comme Dirk Martens d’Alost, de réformateurs exigeants comme Gérard Geldenhouwer et Cornelius Grapheus, de peintres flamands comme Gérard David et Joachim Patinir ou de peintres-graveurs et illustrateurs étrangers comme Albrecht Dürer, Lucas van Leyden et Hans Holbein le Jeune.

Malheureusement, aujourd’hui, les grandes maisons d’édition internationales, telles que, pour ne pas la nommer, Taschen, pour des raisons qui restent à élucider, semblent l’avoir condamné à l’oubli éternel. Ailleurs, son nom n’apparaît que sporadiquement dans un court chapitre consacré à « l’Ecole d’Anvers » à la fin de l’ouvrage Les Primitifs flamands et leur temps (656 pages, Renaissance du Livre, 1994). Pire encore, aucune de ses œuvres n’est référencée et seules deux mentions de son nom figurent dans L’art flamand et hollandais, les siècles des Primitifs (613 pages, Citadelles et Mazenod, 2003), œuvre de référence sur cette période.

La bonne nouvelle est que depuis 2007, le Centre interdisciplinaire pour l’art et la science de Gand, en Belgique, prépare un nouveau « catalogue raisonné » de son œuvre. Celui de Larry Silver (Phaedon Press, 1984) se vend hors de prix. Reste celui d’Andrée de Bosque (Arcade, Bruxelles, 1975), avec la majorité des images en noir et blanc. En guise de consolation, les lecteurs se contenteront de la thèse de doctorat de Harald Brising de 1908, dans une version réimprimée en 2019.

Afin d’honorer et de rendre justice à cet artiste, nous tenterons d’explorer dans cet article certaines questions restées sans réponse jusqu’à présent. Dans quelle mesure l’œuvre d’Érasme a-t-elle directement inspiré Matsys, Patinir et leur cercle ? Que savons-nous des échanges entre ce cercle à Anvers et d’éminents artistes de la Renaissance tels que Léonard de Vinci et Albrecht Dürer ? Quelle influence l’artiste érasmien a-t-il exercée sur ses correspondants étrangers ?

Quinten Matsys. Autrefois, pour de bonnes raisons, ce tableau était appelé Les Hypocrites, et aujourd’hui Les deux moines en prière. (Galleria Arti Doria Pamphilj, Rome).

Nos recherches antérieures sur la Renaissance italienne, la vie d’Érasme et l’art de Dürer nous ont familiarisés avec l’époque de Matsys et ses défis, un sujet que nous ne pouvons pas redévelopper ici de façon exhaustive, mais qui nous donne quelques bases pour appréhender la valeur extraordinaire de cet artiste.

A. Les enjeux culturels et philosophiques d’un contexte

1. Blagues cyniques ou dialogue socratique ?

« Tussen neus en lepel », proverbe néerlandais signifiant littéralement “entre le nez et la cuillère”, c’est-à-dire “entre une chose et une autre”.

De nombreux spectateurs contemporains, pénalisés par un regard non entraîné et pollués par un wokisme et un pessimisme abusif, passent à côté du sujet. Il leur manque l’intégrité morale et intellectuelle nécessaire pour comprendre les plaisanteries, l’ironie et les métaphores qui constituaient l’essence même de la vie culturelle des Pays-Bas de l’époque. Beaucoup contemplent et commentent la couleur de leurs lunettes en croyant livrer leur vision du monde. Perdus dans leurs préjugés culturels, en regardant un visage peint, ils ne voient pas l’intention ou l’idée que l’artiste a voulu faire apparaître, non pas sur le tableau, mais dans l’esprit du spectateur. Fuyant ce domaine supérieur de la métaphore, ils se ruent sur les détails en enchaînant des interprétations symboliques dont la somme est supposé expliquer le sens de l’œuvre.

Ainsi, devant un visage « grotesque », ils s’obstinent à croire qu’il s’agit d’un portrait plutôt que de rire à pleins poumons ! Du coup, ne voulant pas voir cette dimension « invisible », prenant l’image « à la lettre », pour eux, les « grotesques » d’Érasme, de Matsys et de Léonard, ne sont et ne peuvent être que des « plaisanteries cyniques » témoignant d’un « manque de tolérance » à l’égard des personnes « laides », « malades », « anormales » ou « différentes » !

Répétons-le donc haut et fort : Erasme et ses trois principaux disciples, Rabelais, Cervantès et Shakespeare, sont les incarnations, quoique rarement reconnues, de l’« humanisme chrétien » et le bon rire, en tant qu’arme politique puissante pour « élever à la dignité d’homme, tous les membres du genre humain ».

2. Qu’est-ce que l’humanisme chrétien ?

L’idée maîtresse du programme éducatif et politique d’Érasme était de promouvoir la docta pietas, la piété savante, ou ce qu’il appelait la « philosophie du Christ ». Cette philosophie peut être résumée comme un « mariage » entre les principes humanistes résumés dans la République de Platon et la notion agapique de l’homme transmise par les Saintes Écritures et les écrits des premiers Pères de l’Église comme Jérôme et Augustin, qui considéraient Platon comme un de leurs précurseurs imparfaits.

En rupture totale avec la soumission à une foi « aveugle » et féodale, qui plaçait le salut de l’homme uniquement dans une existence après la mort, l’humanisme chrétien considère que la nature humaine est bonne. L’origine du mal n’est donc pas l’homme lui-même ou un « diable » extérieur, mais les vices et les afflictions morales que Platon avait déjà largement identifiés des siècles avant qu’elles deviennent chez les Chrétiens les « sept péchés capitaux » qui peuvent être surmontés par les « sept vertus capitales ».

Jérome Bosch, Les sept péchés capitaux et les quatre dernières choses (la mort, le jugement, le ciel et l’enfer), vers 1500, dessus de table, Prado, Madrid.

Pour rappel, ces péchés capitaux et leur antidotes sont :

  1. L’orgueil (Superbia, hubris) par opposition à l’humilité (Humilitas) ;
  2. L’avarice (Avaricia) par opposition à la charité (Caritas, Agapè) ;
  3. La colère (Ira, rage) opposée à la patience (Patientia) ;
  4. L’envie (Invidia, jalousie) opposée à la bonté (Humanitas) ;
  5. La luxure (Luxuria, fornication) opposée à la chasteté (Castitas) ;
  6. La gourmandise (Gula) opposée à la tempérance (Temperantia) ;
  7. La paresse (Acedia, mélancolie, spleen, paresse morale) opposée à la diligence (Diligentia).

Il est assez révélateur pour notre époque que ces « péchés » (affections qui nous empêchent de faire le bien), et non leurs vertus opposées, aient été tragiquement sacralisés comme les « valeurs » de base garantissant le bon fonctionnement du système financier « néolibéral » actuel et de son ordre mondial « fondé sur les règles » !

« Les vices privés font la vertu publique », arguait Bernard Mandeville en 1705 dans La fable des abeilles. C’est la dynamique des intérêts particuliers qui stimule la prospérité d’une société, estimait ce théoricien néerlandais qui a inspiré Adam Smith et pour qui « la morale » ne fait qu’inviter à la léthargie et provoque le malheur de la cité.

C’est la cupidité et la recherche perpétuelle du plaisir, et non le bien commun, qui ont été proclamées motivations essentielles de l’homme, selon l’école philosophique devenue dominante, celle de l’empirisme britannique proféré par Locke, Hume, Smith et consorts.

De ce fait, la « charité », le « Care » et l’aide « humanitaire » ont été réduits à une activité souvent éphémère de dames de charité, permettant au système criminel actuel de faire accepter au plus grand nombre son existence perpétuelle. Ainsi, et c’est tout à fait regrettable, les « organisations humanitaires », les « fondations charitables » aux mains de grandes familles patriciennes et certaines ONG, dont le travail est souvent essentiel, sont malheureusement devenues des outils de domination.

3. Pétrarque et le « Triomphe de la mort »

Daniel Hopfer, Femmes se regardant dans un miroir, surprises par la Mort et le Diable, 1515.

Le vrai christianisme, comme toutes les grandes religions humanistes, s’efforce sans relâche de secouer ceux qui gaspillent leur vie dans le péché en leur montrant que leur comportement est à la fois dramatique et surtout ridicule à la lumière de l’extrême brièveté de l’existence physique humaine.

Dürer en fait le thème central de ses trois célèbres Meisterstiche (gravures de maître) qui ne peuvent être comprises que comme une seule et même unité : Le chevalier, la mort et le diable (1513) ; Saint Jérôme dans son étude (1514) et Melencolia I (1514). Dans chacune de ces gravures figure un sablier, métaphore de l’écoulement inexorable du temps qui passe. En juxtaposant au sablier (le temps) un crâne (la mort ), une bougie qui s’éteint (dernier souffle), une fleur qui flétrie (la vacuité des passions) etc., les artistes arrivent à faire émerger la métaphore de la « vanité ».

Érasme, qui fait du couple sablier-crâne son emblème, y ajoute sa devise : Concedi Nulli (Signifiant que la mort n’épargnera personne et que tous, riches ou pauvres, mourront un jour). En ce sens, à la Renaissance, l’humanisme chrétien était un mouvement de masse visant à éduquer les gens à « l’immortalité » spirituelle, à la fois contre les superstitions religieuses et contre un retour sournois du paganisme gréco-romain.

Illustration du Triomphe de la renommée sur le Triomphe de la mort dans les I Trionfi de Pétrarque. Bnf, Paris.

Avec cette exigence philosophique, Erasme marche ici directement dans les pas de Pétrarque et ses I Trionfi (1351-1374), un cycle poétique structuré en six triomphes allégoriques qui s’enchaînent les uns aux autres. Par exemple, le Triomphe de l’amour est lui-même surpassé par le Triomphe de la chasteté. À son tour, la Chasteté est vaincue par la Mort ; la Mort est vaincue par la Renommée ; la Renommée est conquise par le Temps ; et même le Temps est finalement vaincu par l’Éternité et enfin par le Triomphe de Dieu sur toutes ces préoccupations terrestres.

Puisque la mort « triomphera » à la fin de notre existence physique éphémère, dans la vision pré-Renaissance, c’est la peur de la mort et la peur de Dieu qui doivent aider l’homme à se concentrer pour apporter quelque chose d’immortel aux générations futures plutôt que de se perdre dans le labyrinthe des plaisirs et des douleurs terrestres que Jérôme Bosch (1450-1516) dépeint avec tant d’ironie dans son Jardin des délices terrestres (1503-1515). Léonard, dont le sentiment théo-philosophique était considéré comme une hérésie par bon nombre au Vatican, notait amèrement dans ses carnets que, vu leur comportement, beaucoup d’hommes et de femmes ne méritaient même pas le beau corps que Dieu leur avait offert:

4. L’ère du « bon rire »

Érasme, autoportrait?

Selon les dictionnaires, on rit bien lorsqu’on trouve amusante et drôle une situation qui était au départ contrariante. En bref, le bon rire est la récompense d’un véritable processus créatif lorsque « l’agonie » de l’épuisement des hypothèses lors d’une recherche de solutions se termine par un joyeux Eurêka !

Cela peut être pour des questions scientifiques et purement matérielles, mais aussi dans le processus de développement de l’identité personnelle. La tempête et les nuages ont disparu et la pleine lumière ouvre des horizons et apporte une nouvelle perspective.

Érasme censuré.

Pour les humanistes chrétiens, grâce à « l’effet miroir » intrinsèquement inhérent au « dialogue socratique » (qui commence par accepter que l’on ne sait pas – appelé docta ignorantia par Nicolas de Cues), l’homme peut être libéré de ces afflictions « pécheresses » qui le plombent et lui coupent les ailes.

Son libre arbitre peut être mobilisé pour l’amener à agir conformément à sa vraie (bonne) nature, celle de se consacrer et de trouver son ultime plaisir dans l’accomplissement du bien commun au service d’autrui, aussi bien dans ses relations personnelles que dans ses activités économiques. C’est cet objectif, celui de former et d’ennoblir le caractère de chacun, qui deviendra le but fondamental de l’éducation républicaine. On ne remplit pas les têtes mais on forme des citoyens.

Or, en affirmant que la vie de l’homme est entièrement prédéterminée par Dieu, Luther niait l’existence du libre arbitre et rendait l’homme totalement irresponsable de ses actes. Ce point de vue était à l’opposé de celui d’Érasme, qui avait commencé par demander à l’Église d’éradiquer ses propres abus financiers, tels que les fameuses « indulgences », et ceci bien avant que Luther n’entre en scène. Les humanistes chrétiens se sont fermement engagés à élever nos âmes au plus haut niveau de beauté morale et intellectuelle en nous libérant de notre attachement excessifs aux biens terrestres – non pas en nous infligeant des sentiments de culpabilité et des injonctions morales ou par le commerce lucratif de la peur de l’enfer, mais… par le rire ! Ouf, on respire ! Prenons un peu de recul et tout en nous engageant sérieusement à nous améliorer, rions de nos imperfections. Dieu nous a donné la vie et elle est belle, pourvu qu’on sache comment s’en servir !

Jean Jaurès, lecteur d’Érasme disait même que :

Le rire vérace des uns, on s’en doute, ne fait pas le bonheur des autres, car il ruine l’autorité illégitime des puissants et des tyrans. Il s’agit bien de l’arme politique la plus dévastatrice jamais conçue. Par conséquent, pour les forces du mal, le rire vérace, tel qu’il est promu par Érasme et ses disciples, doit être ignoré, calomnié et autant que possible éradiqué et remplacé par la mélancolie, l’obéissance et la soumission à des doctrines et des « narratifs » écrits d’avance par et pour les élites dominantes grâce à une constipation scolastique douloureuse.

5. Sebastian Brant, Hieronymus Bosch et La nef des fous

Albrecht Dürer, portrait de Sébastian Brant.

La Nef des fous s’imprime, se copie, se diffuse et se vend comme des petits pains dans toute l’Europe. Son auteur n’était pas seulement un simple satiriste, mais un humaniste cultivé dont on retient la traduction de poèmes de Pétrarque.

La « peinture de genre », qui dépeint des aspects de la vie quotidienne en représentant des gens ordinaires engagés dans des activités ordinaires et quotidiennes, est née avec Quinten Matsys (on devrait plutôt dire avec le paradigme érasmien que nous venons d’identifier), souligne Larry Silver en reprenant ce qu’affirmait déjà Georges Marlier en 1954.

Plusieurs années avant qu’Erasme ne publie son Eloge de la folie (écrit en 1509 et publié à Paris dès 1511), le poète humaniste et réformateur social strasbourgeois Sébastien Brant (1558-1921) ouvre le bal du rire socratique avec son Narrenshiff (La Nef des fous, publiée en 1494 à Bâle, Strasbourg, Paris et Anvers), une œuvre satirique hilarante illustrée par Holbein le Jeune (1497-1543) et Albrecht Dürer (1471-1528) qui exécute 73 des 105 illustrations de l’édition originale. Brant était une figure clé et un allié de Johann Froben (1460-1529) et Johann Amerbach (1441-1513) issus de familles d’imprimeurs suisses qui accueillirent plus tard Érasme lorsque, persécuté aux Pays-Bas, il dut s’exiler à Bâle.

Après les saints et les princes, soudainement, ce sont des femmes, des hommes et des enfants ordinaires, des marchands certes encore souvent aisés, qui apparaissent dans les œuvres, non plus comme des « donateurs » assistants comme témoin à une scène biblique, mais pour leur qualités propres d’humains méritoires.

Dürer fait, par exemple, une gravure certes un peu ironique, d’« un cuisinier et sa femme ». Si au XVe siècle, la philosophie grecque pénètre en Europe, en ce début du XVIe, c’est le peuple qui fait irruption.

Bien sûr, les temps ont changé et la clientèle des peintres aussi. Les commandes proviennent beaucoup moins d’ordres religieux et de riches cardinaux de Rome et de plus en plus de bourgeois prospères ou de guildes, corporations, confréries et communautés des métiers désirant embellir leurs chapelles et demeures et offrir leurs portraits à leurs amis.

La Nef des fous de Brant marque un véritable tournant, prélude à un nouveau paradigme. Elle marque le début d’un long arc de créativité, de raison et d’éducation par le rire vérace et libérateur, dont l’écho résonnera très fort jusqu’à la mort de Pieter Bruegel l’Aîné en 1569.

Cet élan ne sera interrompu que lorsque Charles Quint, croyant faire peur, ressuscite, en 1521, l’Inquisition et adopte les « placards », c’est-à-dire des décrets punissant par la mort tout citoyen osant lire, commenter ou discuter de la Bible.

La Nef des fous s’organise en 113 sections, dont chacune, à l’exception d’une courte introduction et de deux pièces finales, traite indépendamment d’une certaine classe de fous, d’imbéciles ou de vicieux. L’idée fondamentale de la nef n’étant rappelée qu’occasionnellement.

Aucune folie du siècle n’est censurée. Le poète s’attaque avec noble zèle aux défauts et aux extravagances de l’homme. Le livre s’ouvre sur la dénonciation du plus grand fou de tous, celui qui se détourne de l’étude de tous les livres merveilleux qui l’entourent. Il ne veut pas « se casser la tête » et « encombrer » son crâne. « J’ai tout, dit le sot, d’un grand seigneur qui peut payer comptant la fatigue de ceux qui apprennent pour moi ». La troisième folie (sur les 113), donc tout près de la première, est la cupidité et l’avarice:

Un triptyque de Jérôme Bosch, en partie perdu, s’inscrit dans cette lignée. Des recherches relativement récentes ont établi que le tableau actuel La Nef des fous (Louvre, Paris) de Bosch, possiblement exécuté avant même que Brant n’écrive sa satire, n’est que le volet gauche d’un triptyque dont le panneau droit était La Mort de l’avare (National Gallery, Washington).

Ce qui est intéressant avec ce dernier panneau, c’est qu’il n’y a pas de fatalité ! Même l’avare, jusqu’à son dernier souffle, peut choisir entre lever les yeux vers le Christ ou les abaisser vers le diable ! Que l’homme soit éternellement perfectible et que son sort dépende de sa volonté, était au cœur de la doctrine des Frères de la Vie commune, un mouvement laïc de dévotion chrétienne avec lequel Bosch, sans en être membre, avait d’importantes affinités. Cependant, personne ne connaît à ce jour l’image et le nom du panneau central qui a été perdu. Mais ce qui apparaît lorsqu’on referme les deux volets latéraux, c’est l’image d’un colporteur (autrefois appelé à tort Le retour de l’enfant prodigue) fuyant des mauvais lieux.

Ce thème figure également sur les panneaux extérieurs du triptyque de Bosch le Chariot de foin, montrant des rois, des princes et des papes courant après un chariot chargé d’une gigantesque botte de foin (une métaphore de l’argent) et que les diables tirent vers l’Enfer.

Le thème du colporteur qui pérégrine était très populaire parmi les Frères de la Vie commune et la Devotio Moderna. Pour eux, comme pour Saint Augustin, l’homme est en permanence confronté à un choix existentiel. Il est en permanence à la croisée du chemin (le bivium). Soit il emprunte le chemin rocailleux et difficile qui le mène à une position spirituellement plus élevée et plus proche de Dieu, soit il emprunte la voie de la facilité vers le bas en s’abaissant aux passions et aux affections terrestres.

La beauté de l’homme et de la nature, prévient Augustin, peut et doit être pleinement appréciée et célébrée sous condition qu’elle soit vécue comme « l’avant-goût de la sagesse divine » et non pas comme un simple plaisir des sens.

Le colporteur que l’on retrouve chez Bosch et Patinir est donc une métaphore de l’humanité qui s’efforce d’avancer sur le bon chemin et dans la bonne direction. Bosch peuplera ses tableaux d’hommes et de femmes ressemblant à des animaux décervelés se précipitant avec grande frénésie sur de petits fruits comme des cerises, des fraises et des baies, métaphores de plaisirs terrestres tellement éphémères qu’ils doivent éternellement renouveler l’expérience pour en tirer le moindre plaisir.

Hans Holbein le Jeune, Illustration de l’Éloge de la folie d’Érasme: Homo Viator, qui va toujours d’un endroit à l’autre.

Le colporteur avance « op een slof en een schoen » (sur une pantoufle et une chaussure), c’est-à-dire qu’il abandonne sa maison et quitte le monde créé du péché (on voit un bordel, des ivrognes, etc.), et tous les biens matériels. Avec son « bâton » (symbole de la foi), il réussit à repousser les « chiens infernaux » (le mal) qui tentent de le retenir. Une enluminure d’un livre de psaumes anglais du XIVe siècle, le Luttrell Psalter, présente exactement la même représentation allégorique.

Ces images métaphoriques ne sont donc pas les fruits d’un « esprit malade » ou d’une imagination exubérante de Bosch, mais un langage courant qu’on retrouve assez souvent dans les marges des livres enluminés.

Le même thème, celui de l’Homo Viator, l’homme qui se détache des biens terrestres, est également récurrent dans l’art et la littérature de cette époque, notamment depuis la traduction néerlandaise du Pèlerinage de la vie et de l’âme humaine, écrit en 1358 par le moine cistercien normand Guillaume de Degulleville (1295-après 1358). Le Christ nous transforme en pèlerins à travers le monde. Unis à Lui nous traversons la Cité terrestre n’ayant comme véritable but que la Cité Céleste. Non plus seulement homo sapiens, mais homo viator, homme en route vers le Ciel.

Si les trois volets qui subsistent du triptyque de Bosch (la Nef des fous, La mort de l’Avare et le Colporteur) semblent de prime abord sans aucun lien, leur cohérence saute aux yeux une fois que le spectateur identifie ce concept primordial.

Il serait amusant, pour un peintre imaginatif et créatif vivant aujourd’hui, de recréer et de réinventer une image digne du volet perdu de Bosch, le thème étant forcément la chute de l’homme qui n’arrive pas à se détacher des biens terrestres, passant de la Nef des fous à La Mort de l’Avare.

B. Quinten Matsys, éléments biographiques

Connaissant maintenant les enjeux philosophiques et culturels majeurs de l’époque, nous pouvons examiner avec sérénité la vie de Matsys et quelques-unes de ses œuvres.

1. De forgeron à peintre

Quinten Matsys, médaille avec auto-portrait.

Selon l’Historiae Lovaniensium de Joannes Molanus (1533-1585), Matsys est né à Louvain entre le 4 avril et le 10 septembre 1466, comme un des quatre enfants de Joost Matsys (mort en 1483) et de Catherine van Kincken.

La plupart des récits de sa vie mêlent à cœur joie des faits et des légendes. En réalité, on dispose de très peu d’indices concernant son activité ou son caractère.

A Louvain, Quinten aurait eu des débuts modestes en tant que ferronnier d’art. La légende veut qu’il se soit épris d’une belle fille que courtisait également un peintre. La fille préférant de loin les peintres aux forgerons, Quinten aurait aussi vite abandonné l’enclume pour le pinceau.

An 1604, le chroniqueur Karel Van Mander affirme que Quinten, frappé d’une maladie depuis l’âge de vingt ans, « se trouvait dans l’impossibilité de gagner son pain » en tant que forgeron.

Van Mander rappelle que lors des fêtes du mardi gras,

Karel Vereycken, Anvers. Avec le géant Antigoon menaçant le port.

A Anvers, devant la cathédrale Notre-Dame, au Handschoenmarkt (marché aux gants), on trouve encore la « putkevie » (porte en fer forgé décorée sur un puits) qui aurait été réalisée par Quinten Matsys lui-même et qui représente la légende de Silvius Brabo et Druon Antigoon, respectivement les noms d’un officier romain mythique qui libéra Anvers de l’oppression d’un géant appelé Antigoon qui nuisait au commerce de la ville en bloquant l’entrée de la rivière.

L’inscription sur le puits se lit comme suit : « Dese putkevie werd gesmeed door Quinten Matsijs. De liefde maeckte van den smidt eenen schilder. » (La ferronnerie de ce puits a été forgée par Quinten Matsys. L’amour a fait du forgeron un peintre.)

Les dons documentés et les possessions de Joost Matsys, le père de Quinten, forgeron et horloger de la ville, indiquent que la famille disposait d’un revenu respectable et que le besoin financier n’était pas la raison la plus probable pour laquelle Matsys s’est tourné vers la peinture.

En 1897, Edward van Even a écrit, sans présenter la moindre preuve, que Matsys composait également de la musique, écrivait des poèmes et réalisait des gravures.

Quinten Matsys, La Vierge à l’enfant trônant avec quatre anges, 1505, National Gallery, Londres.

Bien qu’il n’existe aucune preuve de la formation de Quinten Metsys avant son inscription en tant que maître libre à la guilde des peintres d’Anvers en 1491, le projet de dessin de son frère Joos Matsys II à Louvain et les activités de leur père suggèrent que le jeune artiste a d’abord appris à dessiner et à transposer ses idées sur le papier auprès de sa famille et qu’ils l’ont exposé pour la première fois aux formes architecturales et à leur déploiement créatif.

Ses premières œuvres, en particulier, suggèrent clairement qu’il a reçu une formation de dessinateur d’architecture. Dans sa Vierge à l’enfant trônant avec quatre anges de 1505 (National Gallery, Londres), les personnages divins sont assis sur un trône doré dont le tracé gothique fait écho à celui de la fenêtre du dessin sur parchemin et à la maquette en calcaire du projet de Saint-Pierre auquel son frère était affecté à peu près à la même époque.

Quinten Matsys, médaille en bronze avec l’effigie d’Erasme.

Ce qui est sûr, c’est que l’artiste a réalisé de magnifiques médaillons en bronze représentant Érasme, sa sœur Catarina et lui-même.

Vers 1492, il épouse Alyt van Tuylt qui lui donne trois enfants : deux fils, Quinten et Pawel, et une fille, Katelijne. Alyt meurt en 1507 et Quinten se remarie un an plus tard.

Avec sa nouvelle épouse Catherina Heyns, il a dix autres enfants, cinq fils et cinq filles. Peu après la mort de leur père, deux de ses fils, Jan (1509-1575) et Cornelis (1510-1556) deviennent à leur tour peintres et membres de la Guilde d’Anvers.

2. Le Duché de Brabant

Leuven, Hôtel de ville et Eglise Saint Pierre (à droite).

Louvain était alors la capitale du Duché de Brabant qui s’étendait de Luttre, au sud de Nivelles, à ‘s Hertogenbosch (Pays-bas actuel). Il comprenait les villes d’Alost, Anvers, Malines, Bruxelles et Louvain, où, en 1425, l’une des premières universités d’Europe vit le jour. Cinq ans plus tard, en 1430, avec les duchés de Basse-Lotharingie et de Limbourg, Philippe le Bon de Bourgogne hérite du Brabant qui fait partie des Pays-Bas bourguignons.

En 1477, alors que Matsys avait environ 11 ans, le duché de Brabant tomba sous la domination des Habsbourg en tant que partie de la dot de Marie de Bourgogne au roi d’Espagne Charles Quint.

L’histoire ultérieure du Brabant fait partie de l’histoire des « dix-sept provinces » des Habsbourg, de plus en plus sous le contrôle de familles de banquiers d’Augsbourg, telles que les Fugger et les Welser.

Si l’époque d’Érasme et de Matsys est une période faste de la « Renaissance du Nord », elle marque aussi des efforts toujours plus grands des familles de banquiers pour « acheter » la papauté afin de dominer le monde.

Le partage géopolitique du monde entier (et de ses ressources) entre l’Empire espagnol (dirigé par des banquiers vénitiens) et l’Empire portugais (sous la houlette des banquiers génois), fut scellé par le traité de Tordesillas, une combine entérinée en 1494 au Vatican par le pape Alexandre VI Borgia. Ce traité a ouvert les portes à l’asservissement colonial de nombreux peuples et pays, le tout au nom d’un sentiment très discutable de supériorité culturelle et religieuse.

Suite à des banqueroutes d’État à répétition, les Pays-Bas deviennent alors la cible d’un intense pillage économique et financier, imposé aux populations par l’alliance du sabre et de goupillon. En diabolisant à outrance Luther, de plus en plus déterminé à créer une opposition en dehors de l’Église catholique, le pouvoir en place esquive les questions pressantes formulées par Erasme et Thomas More exigeant des réformes urgentes pour éradiquer les abus et la corruption à l’intérieur de l’Église catholique.

Tout laisse à penser que le refus du Pape Clément VII d’accepter les demandes de divorce d’Henri VIII faisait partie d’une stratégie globale visant à plonger l’ensemble du continent européen dans des « guerres de religion », qui n’ont pris fin qu’avec la paix de Westphalie en 1648.

3. Formation : Bouts, Van der Goes et Memling

Les premiers triptyques peints par Matsys lui valent de nombreux éloges et amènent les historiens à le présenter comme « l’un des derniers primitifs flamands », le quolibet utilisé par Michel-Ange pour discréditer intrinsèquement tout art non-italien considéré comme « gothique » (barbare) ou « primitif » par rapport à l’art italien imitant le style antique.

Comme Matsys est né à Louvain, on a pensé qu’il a pu être formé par Aelbrecht Bouts (1452-1549), le fils du peintre dominant de Louvain à l’époque, Dieric Bouts l’Ancien (v. 1415-1475). En 1476, un an après la mort de son père, Aelbrecht aurait quitté Louvain afin de compléter sa formation auprès d’un maître en dehors de la ville, très probablement Hugo van der Goes (1440-1482), dont l’influence sur Aelbrecht Bouts, mais aussi sur Quinten Matsys, semble plausible. Van der Goes, qui devint en 1474 le doyen de la guilde des peintres de Gand et mourut en 1482 au Cloître Rouge près de Bruxelles, était un fervent fidèle des Frères de la Vie commune et de leurs principes. En tant que jeune assistant d’Aelbrecht Bouts, lui-même en cours de formation chez Van der Goes, Matsys aurait pu découvrir ce qui était alors le berceau de l’humanisme chrétien.

L’œuvre la plus célèbre de Van der Goes est le Triptyque Portinari (Uffizi, Florence), un retable commandé pour l’église Sant’Egidio de l’hôpital Santa Maria Nuova de Florence par Tommaso Portinari, directeur de la succursale brugeoise de la banque Médicis.

Les traits rudes de trois bergers (exprimant chacun un des états d’élévation spirituelle stipulés par les Frères de la Vie commune) dans la composition de van der Goes ont profondément impressionné les peintres travaillant à Florence.

Matsys est également considéré comme un possible élève de Hans Memling (1430-1494), ce dernier étant un disciple de Van der Weyden et un peintre de premier plan à Bruges.

Quinten Matsys, Portrait de Jacob Obrecht, 1496.

Le style de Memling et celui de Matsys sont si proches qu’il est difficile de les distinguer.

Alors que l’historien de l’art flamand Dirk de Vos a qualifié, dans son catalogue de 1994 sur l’oeuvre de Hans Memling, le portrait du musicien et compositeur Jacob Obrecht (1496, Kimbell Art Museum, Fort Worth) d’œuvre très tardive de Hans Memling, les experts actuels, parmi lesquels Larry Silver, ont pu établir en 2018 qu’en réalité, il est beaucoup plus probable que le portrait soit la première œuvre connue de Quinten Matsys.

Obrecht, qui a exercé une influence majeure sur la musique flamande polyphonique et contrapuntique de la Renaissance, avait été nommé maître de chapelle de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers en 1492. Vers 1476, Érasme est l’un des enfants de chœur d’Obrecht.

Obrecht se rendit au moins deux fois en Italie, en 1487 à l’invitation du duc Ercole d’Este Ier de Ferrare et en 1504. Ercole avait entendu la musique d’Obrecht, dont on sait qu’elle a circulé en Italie entre 1484 et 1487, et avait déclaré qu’il l’appréciait plus que la musique de tous les autres compositeurs contemporains ; il invita donc Obrecht, qui mourut de la peste en Italie.

Dès les années 1460, le professeur d’Érasme à Deventer, le compositeur et organiste Rudolph Agricola, s’était rendu en Italie. Après avoir étudié le droit civil à Pavie et suivi les cours de Battista Guarino, il se rendit à Ferrare où il devint un protégé de la cour des Este.

Vers 1499, Léonard réalise un dessin de la fille d’Ercole, Isabella d’Este, qui, selon certains, serait la personne peinte dans la Joconde.

4. Débuts à Anvers et à l’étranger

Matsys est enregistré à Louvain en 1491, mais la même année, il est également admis comme maître peintre à la Guilde de Saint-Luc à Anvers où, à l’âge de vingt-cinq ans, il décide de s’installer. A Anvers, comme nous l’avons déjà dit, il a représenté le maître de chapelle Jacob Obrecht en 1496, sa première œuvre connue, et plusieurs tableaux de dévotion à la Vierge et à l’Enfant.

Ensuite, comme les Liggeren (registres des guildes de peintres) ne rapportent aucune information sur l’activité de Matsys dans les Pays-Bas pendant une période de plusieurs années, il est très tentant d’imaginer que Matsys s’est rendu en Italie où il aurait pu rencontrer de grands maîtres (Léonard a vécu à Milan entre 1482 et 1499 et y est retourné en 1506 où il a rencontré son élève Francesco Melzi (1491-1567) qui l’a ensuite accompagné en France) ou à Colmar ou Strasbourg où il aurait pu rencontrer Albrecht Dürer qu’il semble avoir connu longtemps avant que ce dernier ne vienne aux Pays-Bas en 1520.

Dürer est envoyé par ses parents à Colmar en Alsace pour être formé à l’art de la gravure par Martin Schongauer (1450-1491) de loin le plus grand graveur de son époque. Mais lorsque Dürer arrive à Colmar à l’été 1492, Schongauer a rendu l’âme. De Colmar, l’artiste se rend à Bâle, où il produit des gravures sur bois pour illustrer des livres et découvre les impressionnantes gravures de Jacob Burgkmair (1473-1531) et de Hans Holbein l’Ancien (1460-1524). Il se rend ensuite à Strasbourg où il rencontre et réalise le portrait de l’érudit poète et écrivain humaniste Sébastien Brant, évoqué précédemment.

C. Œuvres choisies

1. La Vierge à l’Enfant, la grâce divine et le libre arbitre

En 1495, Matsys peint une Vierge à l’Enfant (Bruxelles). Même si l’œuvre reste encore très normative, Matsys enrichit déjà la dévotion avec des scènes moins formelles de la vie quotidienne. L’Enfant, explorant de manière ludique de nouveaux principes physiques, tente maladroitement de tourner les pages d’un livre alors qu’une Vierge très sérieuse est assise dans une niche de style gothique, sans doute choisie pour s’intégrer à l’architecture et au style du lieu qui accueillera le tableau.

Dans une autre Vierge à l’Enfant (Rotterdam) Matsys va plus loin dans cette direction. On y voit une jeune maman bienveillante et heureuse avec un enfant enjoué, ce qui souligne le fait que le Christ était le fils de Dieu, mais aussi celui des Hommes. Sur un présentoir proche du spectateur, on remarque la présence d’une miche de pain et un bol de soupe au lait avec une cuillère, sans doute une scène quotidienne pour la plupart des habitants des Pays-Bas essayant de nourrir leurs enfants à l’époque.

Gérard David, Vierge à l’Enfant avec la soupe au lait, 1520, Bruxel.

Dans sa Vierge à l’Enfant avec la soupe au lait (Bruxelles), peinte en 1520 par l’ami de Matsys, le peintre Gérard David (1460-1523), montre avec une immense tendresse une jeune maman apprenant à son enfant que le dos d’une cuillère n’est pas vraiment l’idéal pour amener la soupe du bol à sa bouche.

De nombreux tableaux sur ce thème, qu’ils soient de Quinten Matsys (Vierge à l’Enfant, Louvre, 1529, Paris) ou de Gérard David (Repos lors de la fuite en Égypte, National Gallery, Washington), montrent un enfant qui tente, avec d’énormes difficultés, de saisir quelques raisins, des cerises ou d’autres fruits.

En 1534, dans sa Diatribe sur le libre arbitre, Érasme utilise également cette métaphore sur l’équilibre fragile à considérer dans la proportion entre les opérations du libre arbitre (qui, seul, séparé d’un but supérieur, peut devenir pure arrogance) et celles de la grâce divine (qui, seule, peut être interprétée comme une forme de prédestination).

Pour rendre accessible au plus grand nombre, un sujet qu’on croirait réservé aux théologiens, Érasme emploie une métaphore très simple, mais d’une tendresse et d’une beauté extrêmes :

Jan Matsys, Vierge à l’Enfant, 1537, Metropolitan, New York.

Bref, le libre arbitre, certes, Erasme le défendra, car il en faut, mais sans prétendre que l’homme peut y arriver tout seul…

2. Retable de Sainte-Anne

A Anvers, l’activité de Matsys connaît une avancée majeure avec les premières commandes publiques importantes de deux grands retables en triptyque :

  • le Triptyque de la Confrérie de Sainte-Anne (1507-1509, Musée de Bruxelles), signé « Quinten Metsys screef dit ». (Quinten Metsys a écrit ceci).;
  • le Triptyque de la Déploration du Christ (1507-1508, Musée d’Anvers), peint pour la chapelle de la guilde des charpentiers à la cathédrale d’Anvers, œuvre largement inspirée de la Déposition de croix de Roger Van der Weyden (Prado, Madrid). Jean-Baptiste et Jean l’Évangéliste, qui apparaissent lorsque le triptyque est fermé, sont les saint patrons de la corporation.
Le « portique » peint sur le panneau (en deux dimensions) semble avoir formé une seule unité avec le cadre tridimensionnel d’origine, aujourd’hui perdu.

Le thème et l’iconographie du Triptyque Saint-Anne ont bien sûr été entièrement dictés au peintre par la confrérie de Sainte-Anne de Louvain qui lui a passé cette commande pour leur chapelle dans l’église Saint-Pierre de la même ville.

Le panneau central dépeint l’histoire de la famille de sainte Anne – la Sainte Parenté – à l’intérieur d’un édifice monumental couronné d’une coupole tronquée et d’arcades qui offrent une large vue sur un paysage montagneux. En cinq scènes, le retable raconte la vie d’Anne, mère de la Vierge, et de son époux Joachim. Les différents membres de la famille de la sainte apparaissent sur le panneau central.

L’événement clé de la vie d’Anne et de son mari Joachim, à savoir qu’ils deviendront les parents de la Vierge Marie alors qu’ils se croyaient incapables d’avoir des enfants, est représenté sur les panneaux gauche et droit du triptyque.

Le baiser chaste

La « conception immaculée » de la Vierge, représentée par l’image d’un « chaste baiser » entre les deux époux devant la Porte d’Or de la muraille de Jérusalem, a été un sujet immensément populaire dans l’histoire de la peinture, de Giotto à Dürer.

Il a donc été rapidement transposé à l’Immaculée conception du Christ lui-même. D’où l’apparition soudaine de tableaux montrant Marie embrassant « chastement » (mais chaleureusement et parfois sur les lèvres) son enfant Jésus.

Le cycle du retable se termine par la mort d’Anne, représentée sur le panneau intérieur droit où elle est entourée de ses enfants et où le Christ donne sa bénédiction.

Malgré l’échelle impressionnante de cette œuvre et son récit conventionnel, Matsys réussit à créer un sentiment de contemplation plus libre et plus intime. Un exemple en est la figure du petit cousin de Jésus dans le coin gauche, qui s’amuse à rassembler de belles enluminures autour de lui et, maintenant pleinement concentré, tente de les lire.

3. Une nouvelle perspective

Dans deux autres occasions, j’ai pu documenter qu’aussi bien le peintre flamand Jan Van Eyck que le bronzier italien Lorenzo Ghiberti ont pu se familiariser avec « l’optique arabe », en particulier les travaux scientifiques d’Ibn al-Haytham (connu sous son nom latin Alhazen).

A la Renaissance, plusieurs « écoles », avec des approches différentes et parfois opposés, ont tenté d’établir la meilleure façon de représenter l’« espace » dans l’art grâce à « la perspective ».

D’abord, dès le début du XVe siècle, une école, profitant des travaux des Franciscains d’Oxford (Roger Bacon, Grosseteste, etc.) sur Alhazen, tente de partir de la physionomie humaine (deux yeux fabriquant une image dans l’esprit du spectateur) et à la place d’un modèle monofocal (cyclopique) invente une perspective avec deux points de fuite centraux (perspective bi-focale). Cette perspective est bien identifiable dans certaines œuvres de Van Eyck et de Lorenzo Ghiberti ce dernier ayant traduit certains textes d’Alhazen. Ensuite, une autre école, celle associée à Alberti, affirme que la « bonne » perspective, purement géométrique et mathématique, fait appel à un « point de fuite central ». Enfin, une troisième école, celle de Jean Fouquet en France et Léonard de Vinci, constatant les limites du modèle albertien, tente une perspective curviligne.

A l’époque moderne, les partisans de Descartes et de Galilée ont absolument voulu démontrer que leur modèle d’un espace vide était né à la Renaissance avec le modèle albertien. Du coup, toute autre démarche ne peut être que tâtonnement et bidouillage de « primitifs » égarés ou ignares.

Une découverte inestimable

Comme nous l’avons l’évoqué précédemment, le Centre interdisciplinaire d’art et de science de Gand (GICAS) en Belgique travaille depuis 2007 à un nouveau « catalogue raisonné » de l’œuvre de Quinten Matsys. Dans ce cadre, en 2010, Jochen Ketels et Maximiliaan Martens ont examiné le Retable Sainte Anne de Matsys et l’impressionnant portique italianisant du panneau central.

Rappelons que la partie peinte (en deux dimensions) sur le volet central a été conçue par l’artiste pour se prolonger et s’intégrer harmonieusement dans une vaste construction en bois (en trois dimensions) servant d’encadrement, structure malheureusement perdue mais dont on connaît l’existence grâce à des dessins.

L’infrarouge a également mis en lumière l’existence d’un

Encore plus intéressant,

Albrecht Dürer, reprenant Piero della Francesca.

A cet égard, il est intéressant de noter que l’une des rares personnes, en contact avec Matsys à un moment ou à un autre, à avoir lu et étudié le traité de Piero della Francesca sur la perspective n’est autre qu’Albrecht Dürer, dont les Quatre livres sur la proportion humaine (1528) s’appuie sur l’approche révolutionnaire de Piero.

Ce que Dürer appelle la méthode du « transfert » de Piero deviendra par la suite la base de la géométrie projective, notamment à l’Ecole polytechnique sous Monge, la science clé qui a rendu possible la révolution industrielle.

Les chercheurs ont également vérifié l’utilisation par Matsys de la perspective du point de fuite central en employant la méthode du « birapport » (cross-ratio en anglais).

Étonnés, car supposément impossible selon ce qu’ils ont appris dans les meilleures écoles, ils constatent que :

Source : Publication de l’Université de Gand

Jusqu’à présent, on tenait pour acquis que la science de la perspective n’avait atteint les Pays-Bas qu’après le voyage de Jan Gossaert à Rome en 1508, alors que Matsys, qui fait preuve d’une connaissance magistrale et étendue de la science de la perspective, a commencé à composer cette œuvre dès 1507.

4. La collaboration de Matsys avec Patinir et Dürer

Antwerpen, Grote Markt avec maisons des guildes de métier.

Albrecht Dürer, portrait de Joachim Patinir.

Une dernière remarque concernant ce tableau, le paysage montagneux derrière les personnages, qui s’apparente déjà aux paysages typiques et inquiétants produits par l’ami de Matsys, Joachim Patinir (1480-1524), un autre géant mal connu de l’histoire de la peinture.

Pourtant l’autorité de Patinir n’était pas des moindres. Felipe de Guevara, ami et conseiller artistique de Charles Quint et de Philippe II, mentionne Patinir dans ses Commentaires sur la peinture (1540) comme l’un des trois plus grands peintres de la région, aux côtés de Rogier van der Weyden et de Jan van Eyck.

Patinir dirigeait un grand atelier avec des assistants à Anvers. Parmi ceux qui subissent la triple influence de Bosch, Matsys et Patinir, on note :

  • Cornelis Matsys (1508-1556), fils de Quinten, qui se mariera avec la fille de Patinir ;
  • Herri met de Bles (1490-1566), actif à Anvers, possible neveu de Patinir ;
  • Lucas Gassel (1485-1568), actif à Bruxelles et à Anvers;
  • Jan Provoost (1465-1529), actif à Bruges et Anvers ;
  • Jan Mostaert (1475-1552), peintre actif à Haarlem ;
  • Frans Mostaert (1528-1560), peintre actif à Anvers ;
  • Jan Wellens de Cock (1460-1521), peintre actif à Anvers ;
  • Matthijs Wellens de Cock (1509-1548), peintre-graveur actif à Anvers ;
  • Jérôme Wellens de Cock (1510-1570), peintre-graveur, qui fonda, avec sa femme, l’entreprise Aux Quatre Vents, probablement le plus grand atelier de gravure au nord des Alpes de l’époque, qui employait Pieter Brueghel l’Aîné.

Cornelis Matsys, L’aveugle guidant l’aveugle (1550). 4,5 x 7,8 cm. Gravure qui a inspiré Pieter Brueghel l’Ancien pour sa propre peinture sur ce thème en 1558.

Il est généralement admis que Matsys a peint les figures de certains paysages de Patinir. D’après l’inventaire de 1574 de l’Escorial, ce fut le cas pour Les tentations de saint Antoine (1520, Prado, Madrid). On est tenté de penser que cette collaboration entre amis a fonctionné dans les deux sens, à savoir que Patinir a réalisé des paysages pour des œuvres de Matsys et à sa demande, une réalité qui met quelque peu à mal le mythe persistant d’une Renaissance présentée comme le berceau de l’individualisme moderne.

Le fait que Matsys et Patinir étaient très proches est confirmé par le fait qu’après la mort prématurée de Patinir, Matsys devient le tuteur de ses deux filles. Il est également intéressant de noter que Gérard David, qui est devenu le principal peintre de Bruges après Memling, est devenu membre de la guilde St. Lucas d’Anvers en 1515 conjointement avec Patinir, ce qui lui a permis d’accéder légalement au marché de l’art anversois, en pleine expansion.

Les historiens de l’art moderne ont tendance à présenter Patinir comme l’« inventeur » de la peinture de paysage, affirmant que pour lui, les sujets religieux n’étaient que des prétextes pour présenter ce qui l’intéressait vraiment, les paysages, tout comme Rubens a peint Adam et Eve uniquement parce qu’il aimait peindre (et vendre) des nus.

C’est plausible pour Rubens, mais assez faux pour Patinir, dont les « beaux » paysages, comme l’a démontré l’historien de l’art Reindert L. Falkenberg, n’auraient été qu’une sorte de tromperie sophistiquée du diable. La beauté du monde, création satanique chez Patinir, n’existe que pour tenter les humains et les faire succomber au péché.

Rencontre avec Albrecht Dürer

Henri Leys, Visite de Dürer à Anvers, 1855, Anvers.

Pourquoi Dürer est-il venu dans les Pays-Bas ? L’une des explications est qu’après la mort de son principal mécène et donneur d’ordre, l’empereur Maximilien Ier, l’artiste serait venu pour faire confirmer sa pension par Charles Quint.

Dürer arrive à Anvers le 3 août 1520 et visite Bruxelles et Malines où il est reçu par Marguerite d’Autriche (1480-1530), tante de Charles Quint. Chargée d’administrer les Pays-Bas bourguignons tant que Charles est trop jeune, elle prête parfois à Érasme une oreille attentive tout en gardant ses distances.

A Malines, Dürer a certainement visité la belle demeure de Jérôme de Busleyden (1470-1517), le mécène qui permettra à Erasme de démarrer en 1517 le « Collège trilingue ». Busleyden était l’ami de l’évêque de Londres, Cuthbert Tunstall (1475-1559), qui le présente à Thomas More (1478-1535).

Lors de son séjour chez Margaret, Dürer a pu admirer un incroyable tableau de sa collection, Le couple Arnolfini (1434) de Jan van Eyck. Marguerite venait d’accorder une pension au peintre vénitien, Jacopo de’ Barbari (1440-1515), diplomate et exilé politique à Malines, qui réalisa un portrait de Luca Pacioli (1445-1514), le franciscain qui fit découvrir Euclide à Léonard et écrivit De Divina Proportione (1509) que Léonard illustra.

De’ Barbari est mentionné par plusieurs de ses contemporains, notamment Dürer, Marcantonio Michiel (1584-1552) et Gérard Geldenhauer (1482-1542). En 1504, de’ Barbari a rencontré Dürer à Nuremberg et ils ont discuté du canon des proportions humaines, un sujet central des recherches de ce dernier. Un manuscrit non publiée du traité de Dürer révèle que l’Italien n’était pas disposé à partager ses découvertes :

En mars 1510, selon les archives, de’ Barbari est au service de l’archiduchesse Marguerite à Bruxelles et à Malines. En janvier 1511, il tombe malade et rédige un testament. En mars, l’archiduchesse lui accorde une pension à vie en raison de son âge et de sa faiblesse. Il meurt en 1516, laissant à l’archiduchesse une série de 23 planches à graver. Mais lorsque Dürer lui demande de lui fournir certains des écrits de de’ Barbari sur les proportions humaines, elle décline poliment sa demande. Le journal de Dürer révèle qu’il était souvent reçu par ses collègues locaux.

A Anvers, « je suis allé voir Quinten Matsys dans sa maison », écrit-il dans son journal. Dans la même ville, il esquisse un portrait de Lucas van Leyden (1489-1533), et réalise le célèbre portrait du vieillard barbu de 93 ans qui servira de modèle à son Saint Jérôme.

Il rencontre au moins trois fois Érasme dont il fait un portrait respirant une complicité mutuelle. Érasme lui passe commande car il a besoin d’un grand nombre de portraits pour les envoyer à ses correspondants dans toute l’Europe. Comme il l’indique dans son journal, Dürer esquisse plusieurs fois Érasme au fusain lors de ces rencontres. Il en tirera un portrait gravé un peu maladroit, réalisé six ans plus tard.

A l’occasion de son deuxième mariage, le 5 mai 1521, Patinir invite Dürer. On ne sait pas quand et comment cette amitié a commencé, ou si elle était simplement de circonstance. Le maître de Nuremberg esquisse le portrait de Patinir et l’appelle « der gute Landschaftsmaler » (le bon peintre de paysages), créant ce mot nouveau pour ce qui devient un nouveau genre.

Lors du mariage, il rencontre Jan Provoost (1465-1529), Jan Gossaert (de Mabuse) (1462-1533) et Bernard van Orley (1491-1542), des peintres en vogue à la cour de Malines.

Mais la Mort et l’Avare (1515, Bruges) de Provoost est clairement d’inspiration erasmienne.

Jan Provoost, La Mort et l’Avare, vers 1515, Groeningenmuseum, Bruges.

Le poète, professeur de latin et philologue Cornelis de Schrijver (Grapheus) (1482-1558), collaborateur de l’imprimeur d’Érasme à Louvain et Anvers, Dirk Martens, est une figure qui a pu mettre Dürer en lien avec les peintres d’Anvers, ville dont il est le secrétaire en 1520.

Les imprimeurs et les éditeurs ont joué un rôle clé à la Renaissance, car ils serviront d’intermédiaires entre, d’une part, les intellectuels, les érudits et les savants, et d’autre part, les illustrateurs, les graveurs, les peintres et les artisans. Comme Dürer lui-même, Grapheus était attiré par les idées de la Réforme, dont Luther et Érasme étaient les chefs de file. On sait que Grapheus a acheté à Dürer un exemplaire du De Captivitate (De la captivité babylonienne de l’Église) de Luther, un ouvrage incontournable pour quiconque s’intéressait à l’avenir de la chrétienté.

Comme Érasme et bien d’autres humanistes, Dürer a été l’hôte de Quinten Matsys dans sa fabuleuse maison de la Schuttershofstraat, ornée de décorations italiennes (festons de feuilles, de fleurs ou de fruits) et de grotesques (réseaux décoratifs et symétriques de lignes et de figures).

Nicaise de Keyser, la rencontre Dürer-Matsys (sous le regard de Thomas More et d’Érasme), Anvers.

Une représentation idéalisée de la rencontre Dürer-Matsys (sous le regard de Thomas More et d’Érasme) figure dans un tableau de Nicaise de Keyser (1813-1887) conservé au Musée royal des arts d’Anvers. Une autre scène, un dessin de Godfried Guffens (1823-1901) datant de 1889, montre l’échevin anversois Gérard van de Werve recevant Albrecht Dürer qui lui est présenté par Quinten Matsys.

Lorsque Charles Quint revint d’Espagne et visita Anvers, Grapheus écrivit un panégyrique pour saluer son retour. Mais en 1522, il est arrêté pour hérésie, emmené à Bruxelles pour y être interrogé et emprisonné. Il perd alors son poste de secrétaire. En 1523, il est libéré et retourne à Anvers, où il devient professeur de latin. En 1540, il redevient secrétaire de la ville d’Anvers. La propre sœur de Quentin Matsys, Catherine, et son mari ont été condamnés à mort à Louvain en 1543 pour ce qui était devenu le délit capital de lecture de la Bible depuis 1521 : il a été décapité, elle aurait été enterrée vivante sur la place devant l’église.

A cause de leurs convictions religieuses, les enfants de Matsys quittent Anvers et partent en exil en 1544. Cornelis finira ses jours à l’étranger.

5. Le lien avec Erasme

En 1499, Thomas More et Érasme se rencontrent à Londres. Leur rencontre initiale s’est transformée en une amitié à vie, puisqu’ils ont continué à correspondre régulièrement. A cette époque, ils ont collaboré à la traduction en latin et à l’impression de certaines œuvres du satiriste assyrien Lucien de Samosate (vers 125-180 après J.-C.), surnommé à tort « le Cynique ».

Érasme a traduit le texte satirique de Lucien, Sur ceux qui sont aux gages des grands, et l’a fait envoyer à son ami Jean Desmarais, professeur de latin à l’Université de Louvain et chanoine à l’église Saint-Pierre de cette ville.

Lucien, dans son texte, attaque l’état d’esprit des érudits qui vendent leur âme, leur esprit et leur corps au pouvoir dominant. Il en cite, fier de lui, disant :

Dans un véritable manifeste contre la servitude volontaire, anticipant celui de La Boétie, Lucien, qui pardonne d’abord ceux qui se soumettent par pure nécessité alimentaire, s’en prend à leur fantasme pervers comme cause de leur capitulation :

C’est en 1515 à Anvers, lorsque Thomas More est envoyé en mission diplomatique par le roi Henri VIII pour régler d’importants litiges commerciaux internationaux à Bruges, qu’Erasme lui présente son ami Pieter Gillis (1486-1533) (latinisé en Petrus Ægidius), compagnon humaniste et secrétaire de la ville d’Anvers. Gillis, qui avait débuté à dix-sept ans comme correcteur d’épreuves dans l’imprimerie de Dirk Martens à Louvain et Anvers, connaît Érasme depuis 1504. L’humaniste lui conseille de poursuivre ses études et ils restent en contact. L’imprimeur Martens a édité à Louvain plusieurs livres d’humanistes, notamment ceux de Denis le Chartreux (1401-1471) et De inventione dialectica (1515) de Rudolphus Agricola, le manuel d’enseignement supérieur le plus largement acheté et utilisé dans les écoles et les universités de toute l’Europe. Tout comme More et Érasme, Gilles était un admirateur et disciple d’Agricola, une figure emblématique de l’école des Frères de la Vie commune de Deventer. Grand pédagogue, musicien, facteur d’orgues d’églises, poète en latin et en langue vernaculaire, diplomate, boxeur et, vers la fin de sa vie, érudit en hébreu, Agicola, l’enseignant préféré d’Erasme, était la source d’inspiration de toute une génération. La maison de Gillis à Anvers était également un lieu de rencontre important pour les humanistes, les diplomates et les artistes de renommée internationale. Quinten Matsys y est également un invité de marque. Enfin, c’est Gillis qui recommande à la cour d’Angleterre le peintre Hans Holbein le Jeune, le jeune prodige qui avait illustré l’Éloge de la folie d’Érasme. Du coup il sera reçu outre-manche par Thomas More avec grand enthousiasme. Son frère Ambrosius Holbein (1494-1519) illustrera plus tard l’Utopie de More.

6. L’Utopie de Thomas More

Pages de l’Utopie, avec l’alphabet des utopiens inventé en réalité par Pieter Gillis.

Gillis partage avec More et Érasme une grande sensibilité à la justice, ainsi qu’une sensibilité typiquement humaniste vouée à la recherche de sources de sagesse plus fiables. Il est avant tout connu comme un personnage apparaissant dans les premières pages de l’Utopie, lorsque Thomas More le présente comme un modèle de civilité et un humaniste à la fois plaisant et sérieux :

Porte d’entrée baroque de Den Spieghel, Anvers.

L’oeuvre la plus célèbre de Thomas More est bien sûr l’Utopie, composée en deux volumes.

Il s’agit de la description d’une île fictive qui n’était pas gouvernée par une oligarchie comme la plupart des États et empires occidentaux, mais qui était gouvernée sur la base des idées du bien et du juste que Platon a formulées dans son dialogue, La République.

Alors que l’Éloge de la folie d’Érasme appelait à une réforme de l’Église, l’Utopie de More (écrit en partie par Erasme), une autre satire de la corruption, de l’avidité, de la cupidité et des échecs qu’ils voyaient autour d’eux, appelait à une réforme de l’État et de l’économie.

L’idée du livre est venue à Thomas More alors qu’il séjournait dans la résidence anversoise de Gillis, Den Spieghel, en 1515.

Le premier volume, commence par une correspondance entre More et d’autres personnes, dont Pieter Gillis. De retour en Angleterre en 1516, l’humaniste anglais rédige l’essentiel de l’ouvrage.

Entre décembre 1516 et novembre 1518, quatre éditions de l’Utopie furent composées par Erasme et Thomas More et paraîssent en décembre 1516 chez l’éditeur Dirk Martens à Louvain. Avec le texte, une carte gravée sur bois de l’île d’Utopie, des vers de Gillis et l’« alphabet utopique » que ce dernier invente pour l’occasion, des vers de Geldenhouwer, historien et réformateur lui aussi éduqué par les Frères de la Vie commune de Deventer, des vers de Grapheus ainsi que l’épître de Thomas More dédicaçant l’ouvrage à Gillis. Plusieurs années après la mort de More et d’Érasme, en 1541, Grapheus, avec Pieter Gillis, publia son Enchiridio Principis Ac Magistratus Christiani.

7. Pieter Gillis et le « Diptyque de l’amitié »

Quinten Matsys, double portrait d’Erasme et Pieter Gillis.

Outre les triptyques et les peintures religieuses, Matsys excellait dans les portraits. L’une des plus belles oeuvres de Matsys est le double portrait d’Érasme et de son ami Gillis, peint en 1517.

Ce diptyque de l’amitié devait servir de visite « virtuelle » à leur ami anglais Thomas More à Londres et ils ont demandé à Quinten Matsys de réaliser les deux tableaux, car il était le meilleur peintre de la place. Le portrait d’Érasme fut le premier à être achevé. Celui de Gillis était constamment retardé parce qu’il tombait malade entre les séances de pose. Les deux hommes, dans leur correspondance, avaient parlé de ce double portrait à Thomas More, ce qui n’était peut-être pas une bonne idée, car More les interrogeait constamment sur l’état d’avancement des oeuvres et devenait très impatient de recevoir ce cadeau. Les deux oeuvres furent finalement achevées et envoyées à More alors qu’il se trouvait à Calais. Bien qu’ils soient représentés sur des panneaux distincts, les deux hommes érudits et cultivés sont présentés dans un espace d’étude continu. Si l’on regarde les deux tableaux côte à côte, on constate que Matsys a astucieusement maintenu la bibliothèque derrière les deux personnages, ce qui donne l’impression que les deux hommes représentés dans les deux panneaux distincts occupent la même pièce et se font face.

Érasme est occupé à écrire et Pieter Gillis montre les Antibarbari, un livre qu’Erasme préparait pour publication, tandis qu’il tient une lettre de More dans sa main gauche. La présentation d’Erasme dans son étude fait écho aux représentations de Saint Jérôme qui, avec sa traduction de la Bible, est un exemple pour tous les humanistes et dont Erasme venait de publier l’oeuvre. Il est intéressant de regarder les livres sur les étagères à l’arrière-plan.

  • Sur l’étagère supérieure du tableau d’Érasme se trouve un livre portant l’inscription Novum Testamentum Graece, la première édition du Nouveau Testament en grec publiée par Érasme en 1516.
  • L’étagère inférieure contient un tas de trois livres.
    –Le livre du bas porte l’inscription Jérôme, qui fait référence aux éditions de l’humaniste des oeuvres de ce Père de l’Eglise ;
    –le livre du milieu porte l’inscription Lucien, en référence à la collaboration entre Érasme et Thomas More dans la traduction des Dialogues de Lucien.
    –L’inscription sur le livre au sommet des trois est le mot Hor, qui se lisait à l’origine Mor. La première lettre a probablement été modifiée lors d’une restauration ancienne, car outre le fait que Mor soit les premières lettres du nom de famille de Thomas More, elles font certainement référence aux essais satiriques écrits par Érasme alors qu’il séjournait chez Thomas More à Londres en 1509 et intitulés Encomium Moriae (Éloge de la folie).

Nous voyons Érasme en train d’écrire un livre. Cette représentation a fait l’objet d’une attention particulière, car les mots que l’on voit sur le papier sont une paraphrase de l’Épître aux Romains de saint Paul, l’écriture étant une reproduction soignée de celle d’Érasme, et la plume de roseau qu’il tient est connue pour être le moyen d’écriture favori d’Érasme.

En y regardant de plus près, dans l’ombre, on distingue une bourse dans les plis de la cape d’Érasme. Il se peut qu’Érasme ait voulu que l’artiste l’inclue pour illustrer sa générosité. Erasmus et Gillis ont tenu à informer Thomas More qu’ils avaient partagé le coût du tableau parce qu’ils voulaient qu’il s’agisse d’un cadeau de tous les deux.

Thomas More a fait part de sa grande satisfaction à propos de ces portraits dans de nombreuses lettres, les peintures étant exécutées « avec une si grande virtuosité que tous les peintres de l’Antiquité pâlissent en comparaison », tout en avouant une fois un peu après qu’il aurait préféré son image taillée dans la pierre (dans une incarnation qu’il estimait moins périssable).

8. Le lien avec Léonard de Vinci (I)

Plusieurs tableaux indiquent de façon incontestable que Matsys et son entourage avaient des connaissances approfondies et s’inspiraient en partie des peintures et dessins de Léonard de Vinci, sans nécessairement saisir pleinement l’intention scientifique et philosophique de l’auteur. C’est clairement le cas de la Vierge à l’Enfant du musée de Poznan (1513, Pologne), qui présente littéralement, devant un paysage de montagne de style Patinir, la pose gracieuse et aimante de Marie tenant le Christ dans ses bras, ce dernier embrassant l’agneau, presqu’une une copie de Sainte Anne et la Vierge de Léonard de Vinci, une oeuvre qu’il commence en 1503 et qu’il apporte à Amboise en France en 1517. Comme nous l’avons déjà dit, on ne sait pas comment cette image a pu atteindre le maître, qu’il s’agisse d’estampes, de dessins ou de contacts plus personnels.

Quinten Matsys, Triptyque de la Déploration du Christ, Bruxelles.

Un deuxième exemple se trouve dans le Triptyque de la Déploration du Christ (1508-1511).

La scène centrale du triptyque ouvert, qui rappelle La descente de croix de Rogier van der Weyden (1435, Museo del Prado, Madrid), est soutenue par le paysage. Le drame religieux est étudié en détail et mis en scène de manière harmonieuse. En même temps, Matsys respecte la grande importance des croyants pour la narration et la description. Si la scène est propice à la réflexion et à la prière, Matsys déploie également la science du contraste. Si certains personnages plus rustres, notamment les têtes orientales, ont pu être inspirés par des visages de marins et de marchands qu’il a pu croiser dans le port, les traits de ceux qui sont frappés par la douleur et le chagrin sont plein de grâce.

Détail de la Déploration.

Dans le panneau du milieu, nous ne voyons pas la souffrance, mais la lamentation après la souffrance. Il dépeint le moment où Joseph d’Arimathie vient demander à la Vierge la permission d’enterrer le corps du Christ. Derrière l’action centrale se trouve la colline du Golgotha, avec ses quelques arbres, la croix et les voleurs crucifiés.

Le panneau de gauche montre Salomé présentant la tête de Jean-Baptiste à Hérode le Grand, roi de Judée, Etat client de Rome.

Le panneau de droite est une scène d’une extraordinaire cruauté, représentant saint Jean, dont le corps est plongé dans un chaudron d’huile bouillante. Le saint, nu jusqu’à la taille, semble presque angélique, comme s’il ne souffrait pas. Autour de lui, une foule de visages sadiques, de vilains rustres aux vêtements criards. La seule exception à cette règle est la figure d’un jeune Flamand, peut-être une représentation du peintre lui-même, qui observe la scène du haut d’un arbre.

Quant aux visages des personnages qui entourent Saint Jean Baptise, tout comme ceux qui chauffent le chaudron, ils proviennent directement du dessin de Léonard de Vinci intitulé Les cinq têtes grotesques (vers 1494, Chateau de Windsor, Angleterre). L’ironie et l’humour flamands ont fait bon accueil à ceux de Léonard !

Léonard de Vinci, Cinq têtes grotesques, Windsor Castle, Londres.

Chez Léonard, les visages semblent même éclater dans un rire hilarant, en se regardant les uns les autres et en regardant la figure couronnée au centre. Les feuilles de cette couronne ne sont pas celles des lauriers qui célèbrent les poètes et les héros, mais celles… d’un chêne.

A cette époque, le pape anti-humaniste et belliciste qui triomphait à Rome était Jules II, que Rabelais a mis en enfer en train de vendre des petits pâtés. Jules était membre d’une puissante famille de la noblesse italienne, la maison Della Rovere, littéralement « du chêne »…

C. La science erasmienne du grotesque

1. Dans la peinture religieuse

L’utilisation de têtes grotesques, exprimant les basses passions qui submergent et dominent les personnes malveillantes, était une pratique courante dans les peintures religieuses pour donner vie et contraste dans les oeuvres. En 1505, Dürer se rend à Venise et dans la ville universitaire de Bologne pour s’initier à la perspective. Il se rend ensuite plus au sud, à Florence, où il découvre les oeuvres de Léonard de Vinci et du jeune Raphaël, puis à Rome.

Albrecht Dürer, Le Christ parmi les docteurs, Madrid.

Le Christ parmi les docteurs (1506, Collection Thyssen Bornemisza, Madrid), a été peint à Rome en cinq jours et reflète l’influence éventuelle des grotesques de Léonard.

Dürer était de retour à Venise au début de l’année 1507 avant de retourner à Nuremberg la même année. Le Christ portant la croix de Jérôme Bosch (après 1510, Gand) est un autre exemple célèbre. La tête du Christ est entourée d’un groupe dynamique de « tronies » ou visages grotesques.

Bosch s’est-il inspiré de Léonard et de Matsys, ou est-ce l’inverse ? Si la composition peut sembler chaotique à première vue, sa structure est en réalité très rigide et formelle. La tête du Christ est placée précisément à l’intersection de deux diagonales. La poutre de la croix forme une diagonale, avec la figure de Simon de Cyrène aidant à porter la croix en haut à gauche, et avec le « mauvais » meurtrier en bas à droite.

L’autre diagonale relie l’empreinte du visage du Christ sur le suaire de Véronique, en bas à gauche, au voleur pénitent, en haut à droite.

Quinten Matsys, Ecce Homo (1526, Venise).

Il est attaqué par un charlatan diabolique ou un pharisien et un moine diabolique, allusion évidente de Bosch au fanatisme religieux de son époque.

Les têtes grotesques rappellent les masques souvent utilisés dans les jeux de la passion ainsi que les caricatures de Léonard de Vinci.

En revanche, le visage du Christ, modelé avec douceur, est serein. Il est le Christ souffrant, abandonné de tous et qui triomphera de tous les maux du monde. Cette représentation s’inscrit parfaitement dans les idées de la Devotio Moderna.

Quinten Matsys, dans son Ecce Homo’s (1526, Venise, Italie), se base clairement sur la tradition de Bosch.

2. Les avares, les banquiers, les receveurs d’impôts et les agents de change, la lutte contre l’usure

Quinten Matsys, Le contrat de vente, 1515, Berlin. Une bonne « affaire “ entre banquiers, avocats, théologiens et malfaiteurs d’un côté, et un fou de l’autre, peut-être un contrat pour une indulgence ?

La dénonciation satirique par Matsys de l’usure et de la cupidité est directement liée à la critique religieuse, philosophique, sociale et politique d’Érasme et de More.

Marlier, dans une description magistrale, met en lumière comment les usuriers et les spéculateurs sont devenus à Anvers les acteurs dominants de la vie économique de l’époque, une situation qui n’est pas sans rappeler la situation mondiale actuelle :

Quinten Matsys, Les usuriers (et leurs victimes), 1520, Galleria Doria Pamphilj, Rome.

Manillas.

A cela ajoutez le fait que les Fugger et les Welser s’cinvestissent massivement dans le commerce d’esclaves en provenance d’Afrique.

Les Fugger utilisent leurs mines d’Europe de l’Est et d’Allemagne pour produire des manillas (bracelets), des objets d’échange en métal qui sont entrés dans l’histoire comme « monnaie de traite » en raison de leur utilisation sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.

Les Welser, qui se concentrent sur les épices et le commerce de textile, ont tenté de leur coté d’établir une colonie dans ce qui est aujourd’hui le Venezuela (Nom espagnol dérivé de l’italien Venezziola, « petite Venise », devenue Welserland) et ont expédié plus de 1 000 Africains réduits en esclavage vers l’Amérique.

Pendant ce temps, dans les maisons des citoyens prospères d’Augsbourg, des esclaves indiens étaient forcés de travailler pour leurs « maîtres ».

Carl Ludwig Friedrich Becker, Jakob Fugger brûle les reconnaissances de dette de Charles Quint, 1866.

D’après le site officiel de la famille Fugger, l’histoire selon laquelle Anton Fugger aurait jeté les reconnaissances de dettes de ce dernier dans le feu en 1530, sous les yeux de Charles Quint, afin de renoncer généreusement au remboursement de crédits, est une pure fiction.

Mais il a accordé au nouvel empereur une petite réduction de dette (haircut). En échange, Charles Quint renonce à son projet de « loi impériale sur les monopoles », qui aurait considérablement réduit le champ d’action des banques et des maisons de commerce du Saint Empire romain germanique.

Selon Richard Ehrenberg, chercheur sur les Fugger, l’histoire concernant Anton n’est apparue qu’à la fin du XVIIe siècle, sans doute pour attester de sa loyauté envers l’empereur.

Thomas More et Érasme ont dénoncé cette montée brutale des abus financiers prédateurs et criminels dans l’Utopie.

Sans refuser l’essor du capitalisme entrepreneurial moderne, Érasme condamne sans façons les abus d’un capitalisme financier totalement débridé :

Les fonctionnaires, plaide-t-il dans son Éducation d’un prince chrétien (1516), écrit pour éclairer le jeune Charles Quint qui ne l’a jamais lu, doivent être recrutés sur la base de leur compétence et de leur mérite, et non en raison de leur nom glorieux ou de leur statut social. Pour Érasme, (s’exprimant de façon satirique par la bouche de la Folie) :

Quinten Matsys, Collecteurs d’impôts, fin des années 1520.

On peut, comme l’affirme Silver, sur la base de ce qui est écrit dans les registres représentés dans cette oeuvre et du fait que la collecte des impôts était confiée à des particuliers, réattribuer au tableau de Matsys, désigné jusqu’à récemment comme Les usuriers, la description plus « factuellement exacte » de Les receveurs d’impôts.

Cependant, force est de constater que cela ne change rien au fait que le sujet de cette oeuvre semble correspondre à ce que dénonce un vieux proverbe de l’époque :

Alors que le clerc municipal, à gauche, semble « raisonnable », puisque son visage n’est pas « grotesque », l’homme assis derrière, celui qui a extorqué l’impôt au peuple en s’engraissant au passage, dans une étrange rotation de son bras protégeant une bourse en cuir, montre la face grotesque et laide de la cupidité, justifiée par ce qu’il a déclaré et qui a été consigné dans les registres officiels.

La complaisance entre les deux hommes, l’un faisant le mal, l’autre fermant les yeux devant des pratiques innommables, est la véritable laideur de l’histoire. Les agents de change ou changeurs de monnaie, admet Silver, ont souvent joué le même rôle que les banquiers, citant l’historien de l’économie Raymond de Roover.

De plus, la quatrième canaille non représentée, le meunier (cible des peintures de Bosch et de Brueghel), était souvent fustigée parce que le prix des céréales devenait un point sensible à répétition dans les époques de fluctuation des prix des matières premières, comme c’était le cas à cette période.

Étant donné que le pillage financier prévalait après les années 1520, de telles dénonciations satiriques de la cupidité financière ne pouvaient que devenir très populaires. Le sujet est repris presque immédiatement par le fils du peintre, Jan Matsys (1510-1575), copié presque à l’identique par Marinus van Reymerswaele (1490-1546) et par Jan Sanders van Hemessen (1500-1566).

Le Banquier et sa femme

Quinten Matsys, Le banquier et sa femme, 1514, Louvre, Paris.

Lorenzo Lotto, Jacob Fugger, 1505.

Dans une version plus « civilisée » de cette métaphore, sur le même thème, on trouve le célèbre Banquier (changeur ou prêteur) et sa femme de Matsys (1514, Louvre, Paris).

Dans un chapitre de son livre Les primitifs flamands intitulé Les héritiers des fondateurs, l’historien d’art Erwin Panofsky considère cette oeuvre comme une « reconstruction » d’une « oeuvre perdue de Jan van Eyck (un ‘tableau avec des figures à mi-corps, représentant un patron faisant ses comptes avec son employé’), que Marcantonio Michiel prétend avoir vue à la Casa Lampugnano de Milan ».

Soulignons de nouveau qu’il ne s’agit pas ici d’un double portrait d’un banquier et sa femme, mais d’un seule métaphore.

Tandis que le banquier (dans le même geste que Jacob Fugger sur le tableau de Lorenzo Lotto) vérifie si le poids du métal des pièces correspond bien à leur valeur nominale, sa femme, qui tourne les pages d’un livre d’heures, jette un regard triste sur les activités cupides de son mari visiblement malheureux.

En 1963, Georges Marlier écrivait :

Le banquier a, en plus de la balance qu’il utilise, fixé une paire de balances au mur derrière lui. Pour les humanistes chrétiens, le poids de la richesse matérielle est à l’opposé de celui de la richesse spirituelle. Dans le Jugement dernier de Van der Weyden à Beaune, le peintre montre ironiquement un ange pesant les âmes ressuscitées, envoyant les plus lourdes d’entre elles… en enfer.

D’autres supposent que la femme du banquier n’est pas complètement insensible à toutes les pièces de monnaie sur la table, mais que l’attention de ses yeux se porte davantage sur les mains de son mari que sur les objets posés sur la table. Piété ou plaisir de la richesse ? Un fruit sur l’étagère (pomme ou orange), juste au-dessus de son mari, pourrait être une référence au fruit défendu mais la bougie éteinte sur l’étagère derrière elle rappelle la brièveté des plaisirs terrestres.

Marinus van Reymerswaele, Le banquier et sa femme.

Lorsque Marinus van Reymerswaele reprend ce thème (ci-dessus), la tentation de la femme pour l’argent sur la table semble encore plus grande.

Miroir bombé

Quinten Matsys, Le banquier et sa femme, détail du miroir bombé, Louvre, Paris.

On peut supposer que le miroir convexe (bombé), posé au premier plans sur la table du couple, opère comme une « mise en abîme » (une « pièce dans la pièce » ou « un tableau dans le tableau »). On y voit un homme (le banquier ?), lisant lui-même un livre (religieux ?).

Le miroir ne montre pas nécessairement un espace réel existant mais peut très bien représenter une séquence temporelle imaginaire en dehors de l’espace-temps de la scène principale. Il peut montrer le banquier dans sa vie future, libéré de la cupidité, lisant un livre religieux avec une grande ferveur.

Si l’utilisation d’images de miroirs convexes (dont les lois optiques ont été décrites par des scientifiques arabes comme Alhazen et étudiées par des franciscains d’Oxford comme Roger Bacon) rappelle à la fois le tableau représentant le couple Arnolfini de Van Eyck (1434, National Gallery, Londres) et celui de Petrus Christus (1410-1475) Orfèvre dans son atelier ou Saint Eligius (1449, Metropolitan Museum of Art, New York), la peinture de Matsys, qui cherche à rendre hommage au grand Van Eyck, est une création très réussie en son genre.

La bonne nouvelle est que, jusqu’à présent, l’hypothèse la plus généralement retenue quant à la signification de cette peinture est qu’il s’agit d’une œuvre religieuse et moralisante, sur le thème de la vanité des biens terrestres en opposition aux valeurs chrétiennes intemporelles, et d’une dénonciation de l’avarice en tant que péché capital.

Sur le plan du contenu, le tableau pourrait également être lié à un thème courant à l’époque, à savoir La vocation de saint Matthieu.

Le passage ci-dessus est probablement autobiographique en ce sens qu’il décrit l’appel de Matthieu à suivre Jésus en tant qu’apôtre. Comme nous le savons, saint Matthieu a répondu positivement à l’appel de Jésus et est devenu l’un des douze apôtres.

Selon l’Évangile, le nom de Matthieu était à l’origine Lévi, un collecteur d’impôts au service d’Hérode et donc peu populaire. Les Romains obligeaient le peuple juif à payer des impôts. Les collecteurs d’impôts étaient connus pour tromper le peuple en demandant plus que ce qui était exigé et en empochant la différence. Bien sûr, une fois que Lévi a accepté l’appel à suivre Jésus, il a été gracié et a reçu le nom de Matthieu, qui signifie « don de Yahvé ».

Ce thème ne pouvait évidemment que plaire à Érasme, puisqu’il n’insiste pas sur la punition, mais sur la transformation positive pour le mieux.

Marinus van Reymerswaele, La vocation de Saint Matthieu, 1530, Madrid.
Jan van Hemessen, La vocation de Saint Matthieu, 1536, Munich.

Tant Marinus van Reymerswaele (en 1530) que Jan van Hemessen (en 1536), qui ont copié Matsys après sa mort et s’en sont inspirés, ont repris le sujet dans La vocation de Saint-Matthieu. Dans le tableau de Van Hemessen, on voit également, comme dans l’œuvre de Matsys, la femme du collecteur d’impôts qui se tient devant, elle aussi la main sur un livre ouvert.

3. Le lien avec Da Vinci (II)

Léonard de Vinci, Cinq visages grotesques, Windsor.
Quinten Matsys, détail du Triptique de la Déploration, Bruxelles.

Pour résumer, jusqu’ici, trois éléments de l’oeuvre de Matsys nous ont permis d’établir ses liens approfondis avec l’Italie et Léonard.

  1. Sa bonne connaissance de la perspective, en particulier de celle de Piero della Francesca, comme le démontre la voûte en marbre de style italien apparaissant dans le Triptyque de Saint Anne (Bruxelles)
  2. Sa reprise des têtes grotesques de Léonard, dans les sadiques à l’oeuvre dans le Triptyque de la Déploration du Christ (Anvers)
  3. Sa reprise de la pose de la Vierge de la Sainte Anne et la Vierge de Léonard, dans sa Vierge et l’enfant (Poznan, Pologne).

Comment cette influence a pu s’établir reste entièrement à élucider. Plusieurs hypothèses, qui peuvent d’ailleurs se compléter, sont permises :

  1. Il a pu échanger avec d’autres artistes qui eux avaient effectué de tels voyages et avaient pu établir des contacts en Italie. La question de savoir si Dürer, qui avait ses propres contacts en Italie, aurait servi d’intermédiaire est une autre hypothèse à explorer. Certains dessins anatomiques de Dürer auraient été réalisés d’après Léonard. Jacopo de’ Barbari avait réalisé un portrait de Luca Pacioli, le frère franciscain qui avait aidé Léonard à lire Euclide en grec. Dürer avait rencontré Barbari à Nuremberg, mais, comme nous l’avons vu plus haut, leurs relations se sont dégradées.
  2. Assez jeune, il s’est rendu, soit en Italie (Milan, Venise, etc.) où il a pu établir, soit un contact direct avec Léonard, soit avec un ou plusieurs de ses élèves.
  3. Il a pu voir des gravures réalisées et diffusées par des artistes italiens et du Nord. Si les dessins et manuscrits originaux ont été copiés et vendus par Melzi, l’élève de Léonard, après la mort de son maître à Amboise en 1519, l’influence de Léonard sur Matsys apparaît dès 1507.
Albrecht Dürer, étude anatomique d’après Léonard, carnets de Dresden.

L’oeuvre de Léonard intéressait toute l’Europe. Par exemple, une réplique grandeur nature de la fresque de la Cène de Léonard est achetée en 1545 par l’abbaye des Norbertins de Tongerlo. Andrea Solario (1460-1524), élève de Léonard de Vinci, aurait créé l’oeuvre avec d’autres artistes. Selon des recherches récentes, il semble que Léonard ait peint lui-même certaines parties de cette réplique.

Réplique grandeur nature de la fresque de la Cène de Léonard de Vinci, réalisée avant la mort du maître, appartenant à l’abbaye de Tongerlo en Belgique depuis 1545.

Le professeur Jean-Pierre Isbouts et une équipe de scientifiques de l’institut de recherche Imec ont examiné la toile à l’aide de caméras multispectrales, qui permettent de reconstituer les différentes couches d’une peinture et de distinguer les restaurations de l’original. Selon les chercheurs, un personnage attire particulièrement l’attention. Jean, l’apôtre à la gauche de Jésus, est peint avec la technique spéciale du « sfumato ». Il s’agit de la même technique que celle utilisée pour peindre la Joconde, et que seul Léonard maîtrisait, affirme Isbouts.

Joos van Cleve, la Cène, 1520-1525).

De même, Joos Van Cleve, dans la partie inférieure de sa Déploration (1520-1525), reprend la composition de la Cène de Léonard, ce qui montre bien que l’image était connue de la plupart des peintres du Nord.

Enfin, comme le souligne Silver, l’une des cinq têtes grotesques de Léonard, inversée par rapport à l’original, réapparaît pour le vieillard dans le Couple mal assorti de Matsys, plus tard ! Le fait qu’elle apparaît en image miroir s’expliquerait si Matsys l’a vue en gravure. En imprimant sa plaque, l’image gravée apparaît en effet en négatif par rapport à l’original.

Mais aussi une étude de Léonard de Vinci d’une tête (non grotesque) d’apôtre pour la Cène, présente des caractéristiques proches de celles utilisées par Matsys.

Léonard, étude pour un apôtre.

4. L’art du grotesque per se

Portrait probable du jeune Léonard, étude de Verrocchio pour son David.

Le travail de Léonard de Vinci sur les « têtes grotesques » date au moins du début de la période milanaise (années 1490), lorsqu’il a commencé à chercher un modèle pour peindre « Judas » dans la fresque de la Cène (1495-1498).

Léonard se serait inspiré de vraies personnes de Milan et des environs pour créer les personnages du tableau. Lorsque le tableau est presque terminé, Léonard n’a toujours pas de modèle pour Judas. On dit qu’il a traîné dans les prisons et avec les criminels milanais pour trouver un visage et une expression appropriés pour Judas, le quatrième personnage en partant de la gauche et l’apôtre qui a fini par trahir Jésus.

Léonard conseillait aux artistes d’avoir toujours un carnet de notes pour dessiner les gens « se disputant, riant ou se battant ». Il prenait note des visages bizarres sur la piazza. Dans une note où il explique comment dessiner des inconnus, il ajoute,

Lorsque le prieur du couvent se plaint à Ludovic Sforza de la « paresse » de Léonard qui erre dans les rues à la recherche d’un criminel pour représenter Judas, Léonard répond que s’il ne trouve personne d’autre, le prieur sera un modèle idéal… Pendant l’exécution du tableau, l’ami de Léonard, le mathématicien franciscain Luca Pacioli, est dans les parages et en contact avec le maître.

Pour ce dernier, toujours désireux d’explorer et de capter la dynamique des contrastes de la nature, l’exploration de la laideur n’est pas seulement un jeu, mais inhérente au rôle de l’artiste : « Si le peintre souhaite voir des beautés qui l’enchanteraient », écrit-il dans son carnet,

La chercheuse italienne Sara Taglialagamba note que le grotesque, qui est anormal ou « hors norme », n’est pas conçu par Léonard « pour s’opposer à la beauté », mais comme « l’opposé de l’équilibre et de l’harmonie ».

Les difformités qui caractérisent les figures de Léonard touchent aussi bien les hommes que les femmes, sont présentes chez les jeunes et les vieux (bien qu’elles se concentrent surtout sur ces derniers), n’épargnent aucune partie du corps et sont souvent combinées pour donner aux sujets des apparences encore plus bestiales.

Géométrie des proportions humaines

Albrecht Dürer, page des Quatre Livres sur la proportion de l’Homme.

De son côté, Dürer, aujourd’hui accusé de « profilage racial », a pris très au sérieux l’étude du canon des proportions humaines, considérées, notamment avec la découverte du livre De Architectura de Vitruve, comme offrant la clé des bonnes proportions pour aussi bien la peinture que l’architecture et l’urbanisme.

Dürer a mesuré de façon systématique toutes les parties du corps humain afin d’établir des relations harmoniques entre elles. Les variations des proportions des visages et des corps, conclut-il, obéissent aux variations générées par des projections géométriques. Elles ne changent pas en termes d’harmonie mais apparaîtront différentes, voire grotesques, lorsqu’elles seront projetées sous un angle particulier.

Léonard et Dürer, et plus tard Holbein le Jeune dans son tableau Les Ambassadeurs (1533, National Gallery, Londres), sont passés maîtres dans la science des « anamorphoses », c’est-à-dire des projections géométriques à partir d’angles tangents qui rendent une image difficilement reconnaissable pour le spectateur qui regarde directement la surface plane, alors que l’image peut être comprise lorsqu’elle est regardée sous cet angle surprenant.

Léonard, anamorphose.

Le fait que des maîtres produisant de belles formes agréables comme Léonard ou Matsys se lancent soudainement dans des caricatures délirantes peut sembler troublant, alors qu’il ne devrait pas en être ainsi.

Toute caricature est basée sur une pensée métaphorique, comme tout grand art.

L’art de la Renaissance est souvent considéré comme ordonné et rassurant, mais les grotesques ne font que perpétuer l’art des gargouilles des bâtisseurs de cathédrales et les « monstres » en marge de tant de manuscrits enluminés que Bosch invitait à mettre en avant, anticipent ceux de François Rabelais, de Francesco Goya et de James Ensor.

Ses têtes sont tellement déformées et hors des normes habituelles qu’elles sont qualifiées de « grotesques ». Elles peuvent nous faire frémir et faire grincer des dents, mais également nous faire sourire lorsque nous acceptons, à contrecoeur et retenant notre irritation, de regarder de haut nos propres imperfections ou celles de nos bien-aimés que nous préférons ne pas voir. Soyons honnêtes. Nous sommes si loin des images que nous voyons dans les magazines et sur les écrans et que nous prenons pour la réalité.

Dans l’Eloge de la Folie d’Érasme, le narrateur (la Folie personnifiée) identifie d’abord, parmi de nombreux autres accomplissements, son propre rôle de premier plan dans la réalisation de choses qui, avec la logique, la raison, la sagesse formelle et l’intellect purs, échoueraient, comme les actes ridicules requis pour parvenir à la reproduction humaine.

Attention, avertit la Folie, si tout le monde était sage et dépourvu de folie, le monde serait bientôt dépeuplé !

5. La métaphore du « Couple mal assorti »

Quinten Matsys, Le couple mal assorti, Washington.

Si Erasme dénonce avec une ironie mordante la corruption et la folie des rois, des papes, des ducs et des princes, il expose également avec une ironie sans concession la corruption qui touche l’homme de la rue, par exemple les hommes plus âgés qui abandonnent leur épouse pour se mettre en ménage avec des femmes plus jeunes, « une chose si répandue, regrette la Folie, qu’elle est presque un sujet de louange ». La folie, avec une ironie satirique, se félicite de l’excellent travail qu’elle accomplit en offrant quelques gros grains aux seniors aussi bien homme que femme :

La formation de couples inégaux dans l’histoire littéraire remonte à l’Antiquité, lorsque Plaute, poète comique romain du IIIe siècle avant J.-C., déconseillait aux hommes âgés de faire la cour à des femmes plus jeunes. Erasme ne fait que reprendre un thème de la littérature satirique, notamment La Nef des fous, qui dans son 52e chapitre, combinant l’envie et la cupidité, aborde le thème du « mariage pour l’argent ».

Outre l’Eloge de la folie, Érasme consacre en 1529, dans des dialogues qu’il écrivait pour enseigner le latin aux enfants, un Colloque intitulé Le mariage qui n’en est pas un, ou l’union mal assortie. (Extrait, voir encadré)

Ce thème érasmien des « amants mal assortis » est devenu très populaire. Selon l’historien de l’art Max J. Friedlander, Matsys a été le premier à propager ce thème dans les Pays-Bas. Matsys dépeint ce thème en montrant un homme plus âgé qui s’éprend d’une femme plus jeune et plus belle. Il la regarde avec adoration, sans s’apercevoir qu’elle lui vole sa bourse. En réalité, la laideur grotesque de l’homme, aveuglé par son désir pour la jeune femme, correspond à la laideur de son âme. Celle-ci, aveuglée par sa cupidité, apparaît superficiellement comme une « gentille » fille, mais abuse en réalité de l’imbécile naïf.

De dehors, le spectateur s’aperçoit rapidement que l’argent qu’elle vole au vieux fou va directement dans les mains du bouffon qui se tient derrière elle et dont le visage exprime à la fois la luxure et la cupidité. La morale de la fin, c’est que tout le gain ne va ni à lui ni à elle, mais à la folie elle-même (Le Bouffon) !

Une situation qui n’est pas sans rappeler le tableau de Bosch de 1502, L’escamoteur (1475, St Germain-en-Laye). Le tableau de Matsys pose la question de la « corruption mutuelle assurée », où, comme en géopolitique, les deux parties pensent gagner aux dépens de l’autre dans un jeu à somme nulle mais en réalité chacune d’elles finissent par perdre. De ce point de vue, la leçon « moralisatrice » va bien au-delà de la simple tricherie entre partenaires.

Comme nous l’avons déjà dit, ce qui était considéré jusqu’à présent comme des « péchés » (la luxure et la cupidité) par l’Église, devient avec les humanistes chrétiens un sujet de rire, le tableau offrant un « miroir » permettant aux spectateurs de réfléchir sur eux-mêmes et d’améliorer leur propre caractère. Dans le folklore de la Saxe et ensuite des Flandres, Tyl Uylenspieghel est une grande figure. Uyl signifiant la chouette (sagesse), spieghel signifiant miroir.

Albrecht Dürer, Le couple mal assorti, 1495, Metropolitan, New York.

Jacopo de’ Barbari, Vieillard et jeune femme, 1503.

Le thème du couple mal assorti apparaît déjà dans une gravure sur cuivre de Dürer datant de 1495, où une jeune fille ouvre sa main pour siphonner de l’argent de la bourse du vieux vers la sienne.

En 1503, Jacopo de’ Barbari reprend le sujet avec Vieillard et jeune femme (Philadelphie).

Cranach l’Ancien, qui s’est rendu à Anvers en 1508 et a été visiblement inspiré par les grotesques de Matsys, a commencé à produire en série des peintures sur ce thème (y compris l’utilisation des grotesques de Léonard retravaillés par Matsys !), répondant clairement à la demande croissante de l’Allemagne protestante, une production continuée par son fils Cranach le Jeune.

Cranach l’ancien, Couple mal assorti.

Cranach peindra ses propres variations sur le thème, le réduisant souvent à la seule « luxure », laissant de côté la « cupidité » et donc l’accaparement de l’argent. Bien entendu, plus l’homme est laid et âgé, et plus la femme est belle et jeune, plus le contraste qui en résulte crée un impact émotionnel mettant en valeur le caractère choquant de l’événement. Cranach s’amuse à inverser les rôles et à montrer une vieille femme riche accompagnée de sa servante, attirant un séduisant jeune homme…

Jan Matsys, Couple mal assorti.

Le fils de Quinten Matsys, Jan Matsys, nous a laissé une interprétation intéressante du thème, en y ajoutant une dimension sociale, celle des familles pauvres se servant de leurs filles comme appât pour piéger des messieurs riches et plus âgés dont la richesse et l’argent permettront à la famille de se nourrir, un thème également repris par Goya.

Dans l’une des versions de Cranach, l’homme riche a déjà devant lui une miche de pain sur la table, véritable symbole du chantage alimentaire. Mais ce qui frappe dans la version de Jan, c’est la mère, debout derrière le vieil homme fou, qui fixe de son regard le pain et les fruits sur la table. Si l’avidité et la luxure restent réelles, Jan dramatise un contexte donné dont on ne peut pas simplement se moquer.

Parmi les nombreux autres artistes qui ont peint ce thème, citons Hans Baldung Grien (1485-1545), Christian Richter (1587-1667) et Wolfgang Krodel l’Ancien (1500-1561). Aucun d’entre eux n’a réussi à reproduire au complet la métaphore de Matsys, le plus fidèle à l’esprit d’Érasme, celui de la folie qui gagne la partie, une situation vraiment risible ! Le triomphe de la folie ! Ici aussi, pour le visage du vieux fou, comme nous l’avons déjà mentionné, Matsys se fonde sur les esquisses de têtes grotesques de Léonard.

6. « La vieille femme hideuse », la paternité de Léonard

Cela nous permet maintenant de présenter la peinture peut-être la plus scandaleuse jamais réalisée, appelée alternativement la « Vieille femme hideuse » ou « La Duchesse laide ».

Des océans d’encre ont été jetés sur le papier pour spéculer sur son identité, sa « maladie » (la maladie de Paget dit un médecin), son « genre », la plupart du temps pour orienter le regard du spectateur vers une interprétation littérale, « basée sur des faits », plutôt que d’apprécier et de découvrir l’hilarante métaphore que l’artiste peint, non pas sur le panneau, mais dans l’esprit du spectateur.

Le tableau doit être analysé et compris avec son pendant – un tableau d’accompagnement – qui représente un vieil homme dont elle sollicite l’attention. De manière surprenante, en première approche, on peut dire que Matsys, bien avant Cranach, inverse ici les rôles habituels des genres, puisque ce que nous voyons n’est pas un vieil homme essayant de séduire la jeune fille, mais une vieille femme essayant d’attirer un vieil homme riche.

Tout d’abord, il y a la vieille dame, dont l’état physique est la décrépitude ultime, qui tente désespérément de séduire un vieil homme riche. Immédiatement, comme le Vieil homme et le jeune garçon (1490, Louvre, Paris) de Domenico Ghirlandaio, l’apparence extérieure de la personne incite le public à s’interroger sur la relation entre la beauté intérieure et la beauté extérieure.

Une fois encore, l’influence littéraire évidente est l’Eloge de la folie (1511), qui fait la satire des femmes qui « jouent encore aux coquettes », « ne peuvent s’arracher à leur miroir » et « n’hésitent pas à exhiber leurs repoussants seins flétris ».

Les vêtements de la femme sont riches. Elle est habillée pour impressionner, y compris avec un couvre-chef bulbeux qui rehausse ses traits inhabituels. Défiant la modestie attendue des femmes âgées à la Renaissance, elle porte un corsage serré, découvert et étroitement lacé qui met en valeur son décolleté ridé.

Jan van Eyck, Portrait de sa femme Margaret.

Ses cheveux sont dissimulés dans les cornes d’un bonnet en forme de coeur, sur lequel elle a posé un voile blanc, fixé par une grande broche ornée de pierreries.

Quelle que soit la qualité de sa tenue, à l’époque où ce panneau a été peint, au début du XVIe siècle, ses vêtements devaient être dépassés de plusieurs décennies, rappelant ceux du portrait que Van Eyck avait fait de sa femme Margaret un siècle plus tôt, et suscitant le rire plutôt que l’admiration.

Cette coiffe était devenue un symbole iconographique de la vanité féminine, ses cornes étant comparées à celles du diable ou, au mieux, à celles qui indiquent qu’elle a été fait cocue par ses amants (cornuto). Elle semble se vendre pour son apparence, car elle offre une fleur, souvent symbole de la sexualité dans l’art de la Renaissance.

C’est dans le destin tragique de la rose coupée que la fuite du temps, et avec elle la déchéance physique, trouve son illustration la plus inquiétante. Fraîche ou fragile, la rose, tout en appelant au plaisir immédiat, semble protester contre la mort qui la guette.

Margarete Maultasch.

Pour identifier la femme, plusieurs noms sont avancés. Au XVIIe siècle, le tableau a été confondu avec le portrait de Margarete Maultasch (1318-1369) qui, séparée de son premier mari Jean Henri de Luxembourg, s’est remariée avec Louis 1er, margrave de Brandebourg, après mille et un rebondissements qui ont abouti à l’excommunication du couple par Clément VI.

Une histoire compliquée dans une époque troublée, qui a valu à Margarete le surnom de « gueule-sac » (grande gueule), ou « prostituée » en dialecte bavarois. Le problème est que l’on connaît d’autres portraits de Margarete, sur lesquels elle apparaît sous son meilleur jour… Qualifiée de « femme la plus laide de l’histoire », elle a reçu le surnom de « Duchesse laide ».

A l’époque victorienne, cette image (ou l’une de ses nombreuses versions) a inspiré à John Tenniel la représentation de la duchesse dans ses illustrations des Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (1865). Cela a permis d’ancrer le surnom et de faire de ce personnage une icône pour des générations de lecteurs.

Deuxièmement, le vieil homme, dont la robe bordée de fourrure et les bagues en or, sans être aussi manifestement archaïques ou absurdes que le costume de la femme, suggèrent néanmoins une richesse ostentatoire, et son profil distinctif fait écho au profil familier du principal marchand-banquier d’Europe au XVe siècle, feu Cosimo de’ Medici de Florence. Ce dernier, après avoir joué un rôle clé en tant que mécène des arts et soutien au Conseil oecuménique de Florence, semblait avoir perdu aussi bien sa raison que sa dignité.

Il convient de noter qu’en 1513, année de la réalisation du tableau, le pape guerrier Jules II, grand ennemi d’Érasme, rend l’âme et que Giovanni di Lorenzo de’ Medici devient le nouveau pape sous le nom de Léon X.

Jacob Fugger.

La figure du vieillard évoque également les portraits perdus du début du XVe siècle du duc Philippe le Hardi de Bourgogne.

Maintenant, si l’on y regarde à deux fois et que l’on oublie les seins de la femme, on s’aperçoit que son visage est celui… d’un homme affreux.

Il pourrait s’agir d’une figure politique ou d’un théologien détestés de l’époque, se vendant l’un à l’autre dans un élan de cupidité et de luxure.

Peut-être que la vieille prostituée laide est une référence au banquier Jacob le Riche, l’éternel banquier du Vatican ? Acceptons pour l’instant le fait qu’on ne sait pas.

L’artiste bohémien Wenceslaus Hollar (1607-1677) a vu le double portrait de Matsys et en a fait une gravure en 1645, en y ajoutant le titre « Roi et reine de Tunis, inventé par Léonard de Vinci, exécuté par Hollar ».

La « paternité » de Léonard de cette oeuvre fut donc un secret de polichinelle.

Pendant les périodes de carnaval, où les gens étaient autorisés à s’affranchir des règles de la société pendant quelques jours, du moins dans les Pays-Bas et dans la région du Rhin du Nord, les gens s’amusaient beaucoup en changeant les rôles. Les paysans pauvres pouvaient se déguiser en riches marchands, les laïcs en ecclésiastiques, les voleurs en policiers, les hommes en femmes et ainsi de suite.

Léonard de Vinci, croquis, National Gallery, Washington.

Le concept original de cette métaphore vient clairement de Léonard, qui a fait un minuscule croquis d’une femme laide, éventuellement une prostituée, remarquablement avec le bonnet à cornes et une petite fleur plantée entre ses seins, exactement les mêmes attributs, métaphores et symboles employés plus tard par Matsys dans son œuvre !

Francesco Melzi ? Copie d’après Léonard, Université de Harvard.

Melzi, l’élève de Léonard, et d’autres élèves ou disciples, comme ils l’ont fait pour de nombreuses autres esquisses de Léonard, semblent avoir copié le travail de Léonard et, amusés, ont contre-posé la vieille en chaleur avec un riche marchand florentin avide. Melzi a-t-il partagé ou vendu ses esquisses à d’autres ?

Francesco Melzi ? d’après Léonard, Université de Harvard.
Léonard de Vinci, croquis, Musée des Offices, Florence.

Diverses versions amusantes du thème sont disséminées dans le monde entier et figurent dans des collections privées et publiques.

Une autre esquisse, réalisée par Léonard lui-même ou par ses disciples, montre un homme grotesque et sauvage, dont les cheveux se dressent sur la tête, accompagné d’une série de savants à l’allure grotesque, dont l’un ressemble à Dante !

Francesco Melzi, sept caricatures, 1515, Galerie dell’Academia, Venise.

Léonard, bien sûr, qui signait toujours ses écrits par les mots « homme sans lettres », n’était qu’un simple artisan et n’a jamais été pris au sérieux par ces érudits que Lucien dénonçait pour s’être vendus à l’establishment.

Tous ces éléments montrent que ce que faisait Matsys n’avait rien de « bizarre » ou d’« extravagant », mais qu’il partageait une « culture » de visages grotesques dont les variations pouvaient être utilisées pour enrichir les jeux de mots métaphoriques de la culture humaniste.

Mais bien sûr, ce qui a rendu l’impact de cette oeuvre si dévastateur, c’est le fait que ce qui n’était pour Léonard que de rapides esquisses dans un carnet, est devenu chez Matsys des représentations grandeur nature, d’un hyperréalisme effrayant !

Dans la collection Windsor de la Reine, il existe un dessin à la craie rouge de la femme presque exactement telle qu’elle apparaît dans l’oeuvre de Matsys.

Melzi ou Léonard ? d’après Quinten Matsys, Windsor, Londres.

Jusqu’à très récemment, les historiens étaient convaincus que Quentin Matsys avait « copié » ce dessin attribué à Léonard et l’avait agrandi pour réaliser sa peinture à l’huile.

Cependant, des recherches récentes suggèrent que cela ne s’est pas passé ainsi !

En réalité, Melzi, ou Léonard lui-même, a pu réaliser le dessin à la craie rouge à partir de la peinture de Matsys, que ce soit à partir d’une vue directe ou des reproductions. Un Italien copiant un peintre flamand, vous imaginez ?

L’experte Susan Foister, directrice adjointe et conservatrice de la peinture ancienne néerlandaise, allemande et britannique à la National Gallery de Londres, qui était également en 2008 la commissaire de l’exposition Renaissance Faces : Van Eyck to Titian, a déclaré à l’époque au Guardian :

Foister a précisé qu’ils avaient découvert que Matsys apportait des modifications au fur et à mesure, ce qui suggère qu’il créait l’image tout seul plutôt que de copier un modèle. De plus, dans les deux copies de Léonard, les formes du corps et des vêtements sont trop simplifiées et l’oeil gauche de la femme n’est pas dans son orbite.

« On a toujours supposé qu’un artiste moins connu d’Europe du Nord aurait copié Léonard et on n’a pas vraiment pensé que cela aurait pu être l’inverse », a résumé Foister.

Elle a ajouté que les deux artistes étaient connus pour s’intéresser à la laideur et qu’ils ont échangé des dessins « mais le mérite de cette œuvre magistrale revient à Matsys ».

Source : The Guardian

E. Conclusion

La conclusion s’écrit toute seule. Les « sept péchés capitaux » que More et Érasme ont tenté d’éradiquer il y a cinq siècles sont devenus les « valeurs » axiomatiques du système « occidental » d’aujourd’hui.

Pour les maintenir « en bas », on offre aux peuples la « liberté » de se vendre à la luxure, à l’envie, à l’avidité, à la paresse, à la gourmandise, à la cupidité, à la rage, etc. à condition qu’ils ne remettent pas en cause les politiques financières spéculatives et guerrières qui leur sont imposées par une oligarchie tyrannique au sommet.

A ceux qui prétendent défendre les valeurs « européennes » et « judéo-chrétiennes » nous leur disons qu’ils manqueront de crédibilité s’ils ne s’engagent pas dans une lutte sans merci contre l’oligarchie financière si clairement exposée par Thomas More et Erasme.

Erasme se retournerait dans sa tombe s’il savait qu’en 2024 son nom est principalement associé à une bourse offerte par l’UE aux élèves désireux d’étudier dans d’autres Etats membres de l’UE. Comme l’a suggéré le professeur belge Luc Reychler, ces bourses devraient inclure une période de formation obligatoire à la pensée d’Erasme et en particulier à ses concepts avancés de construction de la paix.

En résumé, pour qu’une nouvelle renaissance devienne réalité, nous devons libérer nos concitoyens de la peur. Ignorant les dangers réels comme la guerre nucléaire, ils vivent dans la crainte de menaces imaginaires.

Pour ceux qui, comme nous, aspirent à la paix par le développement de chaque individu et de chaque Etat, il est temps de prendre très, très, très au sérieux la vision d’Érasme, de Rabelais, de Léonard et de Matsys sur le « bon rire », vérace et libérateur.

Jan Matsys, vers 1530, Fondation Phoebus, Anvers.

Pour terminer, je vous laisse avec le rébus visuel de Jan Matsys.

Solution:
1) Le « D » est abréviation de « le » ;
2) Le globe signifie « monde » ;
3) Le pied, en flamand « voet » est proche du mot « voedt », c’est-à-dire « nourrit » ;
4) La vièle (violon d’époque), en flamand s’écrit en flamand vedel, dont le sens est proche de « vele », c’est-à-dire « nombreux ».
5) En dessous… les deux sots.

La phrase se lit donc: « Le monde nourrit de nombreux sots ».

Et vous, spectateur, vous en êtes un, nous lancent les fous. Eux le savent et nous conseillent de n’en parler à personne ! Mondeken Toe ! (Fermons la bouche !)

Bibliographie choisie

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Quinten Matsys and Leonardo — The Dawn of The Age of Laughter and Creativity

Par Karel Vereycken, August 2024.

Lire cet article en ligne en FR

Quinten Matsys, The Ill-Matched Couple, 1520-25, National Gallery, Washington.

By Karel Vereycken, August 2024.

Summary

Introduction

A. Making our values great again

  1. Cynical jokes or Socratic dialogue?
  2. What is Christian humanism?
  3. Petrarch and the “Triumph” of Death
  4. The Age of Good Laughter
  5. Sebastian Brant, Hieronymus Bosch and The Ship of Fools

B. Quinten Matsys’ Early Life and biography

  1. From blacksmith to painter
  2. Duchy of Brabant
  3. Training: Bouts, Memling and Van der Goes
  4. Getting started in Antwerp and abroad

C. Selected Works and thematics

  1. The Virgin and the Child, « Divine Grace » and « Free Will« 
  2. The Saint Anne Altarpiece
  3. A New Perspective
  4. Cooperation with Patinir and Dürer
  5. The Erasmus Connection
  6. Thomas More’s Utopia
  7. Pieter Gillis and « The Friendship diptych« 
  8. The Da Vinci Connection (I)

D. The Art of Erasmian Grotesque

  1. In religious paintings
  2. Misers, Bankers and Money-changers, the Fight against Usury
  3. The Da Vinci Connection (II)
  4. The Art of Grotesque per se
  5. The metaphor of the “Ill-matched Lovers”
  6. Leonardo’s baby: “The Ugly Duchess”

E. Conclusion

Selected Bibliography

Quinten Matsys.

At the turn of the century, attracting talents from all over the continent as a magnet, Antwerp, and with some 90,000 inhabitants, had become a growing port and trade center, outdoing the Medici’s dominated Brugge in importance.

It was in this environment of a boiling cultural melting-pot that Quinten Matsys met, discussed and collaborated with some of the brightest of the great christian humanists of his time, be it erudite peace activists such as Erasmus of Rotterdam, Thomas More and Pieter Gillis, innovative printers such as Dirk Martens from Aalst, demanding reformers such as Gerard Geldenhouwer and Cornelius Grapheus, Flemish painters such as Gerard David and Joachim Patinir or foreign engravers as Albrecht Dürer, Lucas van Leyden and Hans Holbein the Younger.

Unfortunately, today, large international publishing houses, such as Taschen, for reasons yet unclear, seem to have condemned this highly remarkable artist to oblivion. For all those reasons, one finds hardly mention of Matsys’ name. It only appears in a short chapter dealing with the “Antwerp school”, at the end of Les Primitifs flamands et leur temps (656 pages, Renaissance du Livre, 1994). Even worse, not a single of his works is presented and only two mentions of his name appear in L’art flamand et hollandais, le siècles des primitifs (613 pages, Citadelles et Mazenod, 2003).

The good news is that since 2007, the Ghent Interdisciplinary Centre for Art and Science is working on a new « catalogue raisonné » of his work. That of Larry Silver (Phaedon Press, 1984) is mostly unavailable or/and became largely unaffordable. What remains is the one of Andrée de Bosque (Arcade Press, Brussels, 1975), with very few color prints. As a consolation, readers can access Harald Brising’s 1908 doctoral thesis, in a reprint version of 2019.

To honor and do some justice to this artist, we will attempt to explore in this article some questions left unanswered so far. To what extent did Erasmus’ work directly inspired Matsys, Patinir and their circle? What do we know about the exchanges between this group and prominent Renaissance artists such as Leonardo da Vinci and Albrecht Dürer? What influence did the Erasmian artist exert on his foreign correspondents? Erasmus wasn’t really a fan of what was called “religious” paintings in those days, preferring agapic action for the common good to passive devotion of holy images.

As Belgian art critic Georges Marlier (1898-1968) pointed out in 1954, in his well documented book, while Erasmus respected and honored holy paintings if they evoked real religious sentiment, love and tenderness, that didn’t prevent him from thinking that:

Quinten Matsys. In the past, for good reasons this painting was named The Hypocrites, in modern times Two Praying Monks. (Galleria Arti Doria Pamphilj, Rome.)

Our previous inquiries into the works of both Erasmus and Dürer have familiarized us with Matsys’ age and its challenges, a subject we can not redevelop here at full length, but which gives the author some solid grounds to accomplish this task.

A. Getting our values straight

1. Cynical jokes or Socratic dialogue?

« Tussen neus en lepel », Dutch proverb meaning literally « between nose and spoon », i.e. « between one thing and another. »

Many modern viewers, with untrained eyes and minds steeped in a culture of abusive wokism and pessimism, lack the moral and intellectual integrity to understand the jokes, irony and metaphors which were the very essence of cultural life in the Low Countries of that time.

Lost in their own cultural prejudices, in looking at a painted face, they miss the visual puns the artist is making, trying instead to establish its identity as if the subject was a portrait. They pay obsessive (eventually useful) attention to “secret” and symbolic meanings of iconographic details hoping that their sum will somehow allow them to arrive at a sort of meaning.

We will look here afresh at Erasmus’, Matsys’ and Leonardo’s “grotesques,” which are not “cynical jokes” showing a “lack of tolerance” towards “ugly”, “sick”, “abnormal” or “different” people, as the accusation goes, but caricatures and jokes aimed to free our minds!

Erasmus and his three main followers Rabelais, Cervantes and Shakespeare, are the real if rarely recognized incarnations of “Christian humanism” and good laughter as a powerful political weapon to educate people’s characters, was not yet outlawed at their time.

2. What is Christian Humanism?

The thrust of Erasmus‘ educational and political programme was the promotion of docta pietas, learned piety, or what he termed the “Philosophy of Christ”. It can be summarized as a “wedding” between the humanist principles summarized in Plato’s Republic and the agapic notion of man transmitted by the Holy scriptures and the writing’s of those early fathers of the Church as Jerome and Augustine who saw Plato as their imperfect precursor.

In a complete phase shift and break with feudal “blind” faith putting man’s hope uniquely in his salvation by Christ in a putative existence after death, for christian humanism, man’s nature is good and therefore the origin of evil is not man himself or some outside “Devil”, but those vices and moral afflictions Plato basically identified in his Republic centuries before being turned by the christian humanists into the famous “Seven Capital Sins” that had to be overcome by the “Seven Capital Virtues.”

Hieronymus Bosch, The Seven Deadly Sins and the las four things (Death, Jugement, Heaven and Hell), c. 1500, painted table, , Prado, Madrid.

As a reminder, these deadly sins are:

  1. Pride, (Superbia, hubris) as opposed to Humility (Humilitas);
  2. Greed (Avaricia) as opposed to Charity (Caritas, Agapè);
  3. Wrath (Ira, rage) as opposed to Patience (Patientia);
  4. Envy (Invidia, jealousy) as opposed to Kindness (Humanitas);
  5. Lust (Luxuria, fornication) as opposed to Chastity (Castitas);
  6. Gluttony (Gula) as opposed to Temperance (Temperantia);
  7. Sloth (Acedia, melancholy, spleen, moral laziness) as opposed to Diligence (Diligentia).

Isn’t it quite telling for our own times that these sins (affections preventing us from doing the good), and not their opposing virtues, have tragically been consecrated as the very basic values guaranteeing the well-functioning of the current “Neo-liberal” financial system and its « rules-based » world order!

“Private vices make public virtue”, argued Bernard Mandeville in his 1705’s The Fable of the Bees. It is the dynamics of particular interests that stimulate the prosperity of a society, according to this Dutch theorist who inspired Adam Smith, and for whom “morality” only invites lethargy and provokes the misfortune of the city.

It is greed and perpetual pleasure-seeking and not the Common Good that have been proclaimed to be man’s essential motives, according to the dominant school of British Empiricism: Locke, Hume, Smith and consorts.

“Charity,” “Care” and “Humanitarian” aid have been reduced to a despicable and increasingly rare Lady-do-rightly activity allowing the current system to perpetuate its criminal existence. Oligarchical and banking families’ “charities” and “foundations” have even become the oligarchy’s tool to impose their perpetual dominance.

3. Petrarch and the “Triumph of Death”

Daniel Hopfer, Women looking in a mirror, surprised by Death and the Devil, 1515, copper engraving.

Christianity, as all major humanist religions, relentlessly labor to shake up those wasting their lives in sinful behavior by showing them how their behavior is both dramatic and even ridiculous in light of the extreme shortness of individual physical existence.

Dürer made this the core theme of his three famous Meisterstiche (master engravings) who have to be interpreted and cannot be understood but as one single unity: Knight, Death and the Devil (1513), Saint Jerome in His Study (1514) and Melencolia I (1514).

In each of these engravings one can find an hourglass, metaphor for the inexorable march of time. Saint Jerome is often depicted with an hourglass (time) and a skul (mortality), a metaphor for vanitas. Erasmus made of these concepts his personal banner together with the moto: “Concedi Nulli » which refers to death saying that nobody will escape her grip, underlining even more the inexorable nature of human mortality. In that sense, the Christian Renaissance, was a mass movement for spiritual immortality, both against religious superstition and against the revival of Greco-Roman paganism.

This conceptual theme was congruent with Francis Petrach’s (1304-1374) poetic I Trionfi cycle (1351-1374), structured in six allegorical triumphs.

Illustration of Petrarch’s Triomph of Fame over Death.

Petrarch’s triumphs are “concatenated,” so that the Triumph of Love (over Mankind and even Gods) is itself triumphed over by another allegorical force, the Triumph of Chastity. In its turn, Chastity is triumphed over by Death; Death is overcome by Fame; Fame is conquered by Time; and even Time is ultimately overcome by Eternity, the Triumph of God over all such worldly concerns.

Since death will “triumph” at the end of our ephemeral physical existence, the fear of death and the fear of God should help man concentrate to contribute something immortal to future generations rather than get lost in the labyrinth of earthly pleasures and pains that Hieronymus Bosch’s (1450-1516) depicted with great irony in his Garden of Earthly delights (1503-1515), .

Leonardo, whose far advanced scientific-religious sentiment was considered a heresy by many in Rome, expressed with some anger in his notebooks that many men and women didn’t merit the beautiful human body God gave them.

4. The Age of “Good Laughter”

Dictionaries have it that people have a “good laugh” when they find amusing and funny a situation that was at first upsetting. In short, good laughter is the reward of a true creative process when the “agony” of looking for solutions ends with finding one. That can be for scientific and practical questions but also in the development process of one’s personal identity. The storm and the clouds are gone and full light brings a new perspective.

Erasmus, « grotesque » self-portrait.

For the Christian humanists, through the “mirror-effect” intrinsically inherent to a “Socratic dialogue” (which starts by accepting what you know not – called docta ignorantia by Cusanus), man has and can be freed from these “sinful” afflictions, because man’s free will can be mobilized to bring him to act in accordance to his real (good) nature, that of dedicating himself and getting his ultimate pleasure in accomplishing the common good in service of the others, including in economic activities.

By claiming that man’s life on earth is fully predetermined by God, Luther’s denied the existence of the free will, and made man totally irresponsible for his own deeds. That viewpoint was the exact opposite of that of Erasmus who had started calling on the Church to curb their financial abuses such as the famous “indulgencies” longtime before Luther was brought on the scene.

All of Erasmus’ writings where put on the index of forbidden literature for Catholics. They remained on that list till 1910.

The Christian Humanists were firmly committed to elevate our souls to the highest realm of moral and intellectual beauty by freeing us from our earthly attachments — not by inflicting guilt feelings or moral orations and the lucrative business of fear from hell, but by laughter!

Laughter can ruin the authority of the powerful and the tyrants. Therefore, it is the most devastating political weapon ever conceived. For the evil forces, truth-seeking laughter, of the sort promoted by Erasmus and his followers, had and remains to be ignored, slandered and as much as possible eradicated and replaced with melancholy, obedience and submission to in advance justified narratives and doctrines of painful scholastic constipation.

5. Sebastian Brant, Hieronymus Bosch and The Ship of Fools

Albrecht Dürer, portrait of Sebastian Brant.

Years before Erasmus published his In Praise of Folly (written in 1509 and first published in Paris in 1511), the Strasbourg humanist poet and social reformer Sebastian Brant (1558-1921), opened the of the gates of such Socratic laughter with his Narrenshiff (The Ship of Fools, published in 1494 in Basel, Strasbourg, Paris and Antwerp), a hilarious satirical work illustrated with engravings of Albrecht Dürer (1471-1528) and later Holbein the Younger (1497-1543). 73 of the 105 illustrations for the original edition were produced by Dürer.

Brant was a key contact and ally of Johann Froben (1460-1529) and Johann Amerbach (1441-1513), the Swiss printer families that later welcomed Erasmus when being persecuted in the Low Countries he had to go into exile in Basel.

The Ship of Fools took Europe by a storm. Brant was not only a satirist but a well educated humanist who had notably translated Petrarch’s poems.

“Genre-painting,” wrote Georges Marlier in 1954 and more recently the American art historian Larry Silver, depicting aspects of everyday life by portraying ordinary people engaged in common activities, was born with Quinten Matsys (One should rather say with the Erasmian paradigm we just identified).

Images of more ordinary women and men, wealthy tradesman and bankers, suddenly appeared as sovereign individuals to be portrayed for their own merits rather than as donors praying while assisting at a religious scene. Dürer made an engraving of « a cook and his wife. »

Of course, times had changed and so had the client-base of painters. The orders came much less from the religious orders and wealthy cardinals in Rome and increasingly more from wealthy bourgeois out to embellish their homes and eager to offer their portraits to friends.

The expansion of the Antwerp market that made paintings available as a middle-class luxury product is a well-studied phenomenon, and research has confirmed Ludovico Guicciardini’s claim that there were at least 300 active painters’ workshops in Antwerp by the 1560s.

Brant’s Ship of Fools, was a real turning point and game changer of the day, the prelude of a new paradigm. It marked the beginning of a long arch of creativity, reason and education through healthy laughter whose echo resonated loudly until the death of Pieter Bruegel the Elder in 1569. That élan was ony halted when Charles Vth resurrected the Inquisition in 1521 by plublishing his decrees (“placards”) forbidding ordinary citizens from reading, commenting and discussing the Bible.

The Ship of Fools is divided in 113 sections, each of which, with the exception of a short introduction and two concluding pieces, treats independently of a certain class of fools or vicious persons; and we are only occasionally reminded of the fundamental idea by an allusion to the ship. No folly of the century is left uncensored. The poet attacks with noble zeal the failings and extravagances of his age, and applies his sword unsparingly even against the dreaded Hydra of popery and monasticism.

The book opens with the denunciation of the first fool, one which turns away from the study of all the wonderful books in his possession. The third one (out of 113), not far away, is greed and avarice.

Coherent with this, is Hieronymus Bosch’s partly lost triptych. Modern research has established that Bosch’s Ship of Fools (Louvre, Paris), eventually painted before Brant wrote his satire, was the left panel of a triptych whose right panel was The Death of the Miser (National Gallery, Washington).

Interesting here, is the fact that there is no fatality in this painting and that what people become, a fool or a wise man, depends on each person’s personal decision, a doctrine quintessential to the convictions of the Brothers of the Common Life with whom Bosch, without being a member, had major affinities. Even the miser, until his last breath, can choose between looking up to Christ or down to the devil!

We ignore the theme of the central panel which is lost. But we do know that the backsides of the two lateral panels folded together complete the image of a Door-to-door salesman (before mistakenly called The return of the prodigal son) also depicted on the outside panels of Bosch’s triptych of the Hay wagon, showing kings, princes and popes running after a wagon full of hay (a metaphor for money).

The theme of a peregrinating peddler was very popular among the Brothers of the Common Live and the Devotio Moderna for whom individual responsibility and choice was decisive for each person to save above all himself with some help of God.

For Augustine, man is permanently confronted with an existential choice. Either he takes the bumpy, difficult road moving him to a spiritually more elevated position and closer to God, or he goes down the easy way by attaching himself to earthly passions and affections. The beauty of man and nature, warns Augustine, can and should be fully enjoyed and celebrated under condition they are understood as a mere “foretaste of divine wisdom” and not as purely earthly pleasures. The peddler as found in Bosch and Patinir is therefore a metaphor of mankind fighting to remain on the right road and in the right direction.

Bosch will populate his paintings with deprived men and women running like brainless animals behind little fruits as cherries and beys, metaphors for extremely ephemeral earthly pleasures unable to offer any real durable satisfaction.

Hans Holbein the Younger. Illustration for Erasmus’ In Praise of Folly. The homo viator, always going from one place to the next.

The peddler advances “op een slof en een schoen” (on a slipper and a shoe) i.e., he has abandoned his house and has left the created world of sin (we see a bordello, drunkards, etc.), and all material possessions. With his “staff” (a symbol of Faith) he succeeds in repelling the “infernal dogs” (Evil) that try to hold him back. Such metaphorical images are not personal outbursts of the exuberant imagination of Bosch, but a common image very much used in that period. An illumination of a fourteenth-century English psalm book, the Luttrell Psalter, features exactly the same allegorical representation.

The same theme, that of a homo viator, the man who detaches himself from earthly goods, is also recurrent in the art and literature of this period, particularly since the Dutch translation of Pèlerinage de la vie et de l’âme humaine (pilgrimage of life and the human soul), written in 1358 by the Norman Cistercian monk Guillaume de Degulleville (1295-after 1358).

If the three surviving images on the panels of the Bosch triptych (the Ship of fools, the Miser and the Peregrinating peddler) are hard to connect when analysed separately, their coherence appears strongly once one identifies this overriding concept.

Today, an imaginative, creative painter could try to find out what Bosch’s lost panel would have looked like, the theme certainly having focused on the origin of evil (going from a ship of fools to the death of the miser).

B. Quinten Matsys, biographical elements

With this in mind, and knowing what were the stakes at that time, we can now examine more profoundly Matsys’ life and some of his works.

1. From Blacksmith to painter

Quinten Matsys, bronze medal with self-portrait.

One of four children, Quinten Matsys was born in Leuven to Joost Matsys (d. 1483) and Catherine van Kincken sometime between April 4 and September 10, 1466. Most early accounts of Matsys’ life are composed primarily of legends and very little contemporary accounts exist of the nature of his activities or character.

According to the Historiae Lovaniensium by Joannes Molanus (1533-1585), Matsys was born in Leuven between April 4 and September 10, 1466, as one of four children of Joost Matsys (d. 1483) and Catherine van Kincken.

Most accounts of his life blend fact and legend. In reality, there are very few clues as to his activity or character.

In Leuven, Quinten is said to have had modest beginnings as an ironworker. Legend has it that he fell in love with a beautiful girl who was also being courted by a painter. As the girl much preferred painters to blacksmiths, Quentin quickly abandoned the anvil for the paintbrush.

In 1604, chronicler Karel Van Mander states that Quintin, stricken with an illness since the age of twenty, “was in the impossibility to earn his bread” as a blacksmith.

Van Mander reminds us that in Antwerp, during « Shrove Tuesday » celebrations,

Karel Vereycken, Antwerp, etching on zinc, 2011.

In Antwerp, in front of Our Lady’s cathedral at the Handschoenmarkt (glove market), one still can find the « putkevie » (a decorated wrought iron gate on a well) said to be made by Quinten Matsys himself and depicting the legend of Silvius Brabo and Druon Antigoon, respectively the names of a mythical Roman officer who liberated Antwerp from the oppression of a giant called Antigoon who would harm the trade of the city by blocking the entrance of the river.

The inscription on the well reads: “Dese putkevie werd gesmeed door Quinten Matsijs. De liefde maeckte van den smidt eenen schilder.” (« The ironwork for this well was forged by Quinten Matsys. Love made the blacksmith a painter. »)

Documented donations and possessions of Quinten’s father Joost Matsys indicate that the family had a respectable income and that financial need was not the most likely reason for which Matsys turned to painting.

Quinten Matsys, Virgin and Child Enthroned with Four Angels, 1505.

Although no evidence exists documenting Quinten Metsys’ training before his enrolment as a free master in the Antwerp painter’s guild in 1491, his brother Joos Matsys II’s design project in Leuven and their father’s activities suggest that the young artist first learned how to draw and transfer his ideas to paper from his family and that they first exposed him to architectural forms and their creative deployment.

His earlier works in particular clearly suggest that he had training as an architectural draughtsman. In his 1505 Virgin and Child Enthroned with Four Angels, the divine titular characters are seated on a gilded throne whose gothic tracery echoes that in the window on the parchment drawing and the limestone model for the St Peter’s project to which his brother was assigned at around the same time.

In 1897, Edward van Even, without presenting any evidence, wrote that Matsys also composed music, wrote poetry and produced etchings.

What we do know for sure is that the artist produced some magnificent bronze medaillons representing Erasmus, his sister Catarina and himself.

Around 1492, he married Alyt van Tuylt, who gave him three children: two sons, Quinten and Pawel, and a daughter, Katelijne. Alyt died in 1507 and Quentin remarried a year later. With his new wife Catherina Heyns, they had ten more children, five sons and five daughters. Shortly after their father’s death, two of his sons, Jan (1509-1575) and Cornelis (1510-1556), became painters and members of the Antwerp Guild.

2. The Duchy of Brabant

Leuven.

Leuven, at that time, was the capital of the Duchy of Brabant which extended from Luttre, south of Nivelles to ‘s Hertogenbosch. It included the cities of Aalst, Antwerp, Mechelen, Brussels and Leuven, where in 1425, one of the first universities of Europe saw the light.

Five years later, in 1430, together with the Duchies of Lower Lotharingia and Limburg, Brabant was inherited by Philip the Good of Burgundy and became part of the Burgundian Netherlands.

Then, when Matsys was around 11 years old, in 1477, the Duchy of Brabant fell under Hapsburg rule as part of the dowry of Mary of Burgundy to Spanish king Charles V.

The subsequent history of Brabant is part of the history of the Hapsburg « Seventeen Provinces » increasingly under the control of such Augsburg banking families as the Fuggers and Welsers.

Erasmus and Matsys epoch was a glorious period of the “Renaissance in the North” but also marks the continuous efforts of these banking families’ to “buy up” the papacy and achieve world hegemony. The imperial geopolitical sharing of the entire world among the Spanish Empire (run by Venetian and Fugger bankers) and the Portuguese Empire (run by Genovese and Welser bankers), a deal formalized by the Treaty of Tordesillas, endorsed in 1494 in the Vatican by Pope Alexander VI Borgia, opened the gates to colonial subjugation of people and countries, fueled by a highly questionable sense of cultural superiority.

Following the never-ending state bankruptcies of these financial oligarchs, the Low Countries fell prey to economic looting, military dictatorship and fanaticism. By demonizing Luther, increasingly committed to creating an opposition outside the Catholic church, the oligarchy avoided successfully those urgent reforms called for by the Erasmians to eradicate abuses and corruption inside the Catholic church. Rome’s refusal to accept Henry VIII’s demands for divorce, were part of an overall strategy to plunge the entire European continent in “religious wars,” that only ended with the 1648 Peace of Westphalia.

3. Training: Bouts, Van der Goes and Memling

The early triptychs, painted by Matsys, gained him a lot of praise and got historians to present him as one of the last “Flemish Primitives”, in reality a nickname given by Michelangelo to intrinsically slander and discredit all non-Italian art considered “Gothic” (barbarian), or “primitive” in comparison to Italian art whichh immitated the immortal antique style.

Since he was born in Leuven, it has been thought he could have been trained by Aelbrecht Bouts (1452-1549), the son of painter dominating Leuven at that time, Dieric Bouts the Elder (v. 1415-1475).

In 1476, one year after his father’s death, Albrecht reportedly left Leuven, perhaps to complete his training with a master outside the city, most probably Hugo van der Goes (1440-1482), whose influence on Aelbrecht Bouts, but also on Quinten Matsys, seems to have been direct.

Van der Goes, who became the dean of the Painting guild of Ghent in 1474 and died in 1482 in Red Cloister close to Brussels, was a vehement follower of the Brother’s of the Common Life and their principles. As a young assistant of Aelbrecht Bouts, and getting training from Van der Goes, Matsys could have discovered what was the cradle of Christian humanism at that time.

Van der Goes‘s most famous surviving work is the Portinari Triptych (Uffizi, Florence), an altarpiece commissioned for the church of Sant’Egidio in the hospital of Santa Maria Nuova in Florence by Tommaso Portinari, the manager of the Bruges branch of the Medici Bank.

The raw features of the shepherds (expressing the three states of spiritual elevation identified by the Brothers of the Common Life) in van der Goes’s composition made a deep impression on painters working in Florence.

Quinten Matsys, portrait of Jacob Obrecht, 1496, Forth Worth.

Matsys is also considered as a possible pupil of Hans Memling (1430-1494), the latter being a follower of Van der Weyden and a leading painter in Brugge.

Memling’s style and that of Matsys, in certain aspects, are hard to distinguish.

While the Flemish art historian Dirk de Vos inscribed, in his 1994 catalogue of Hans Memling’s work, the portrait of the musician and composer Jacob Obrecht (1496, Kimbell Art Museum, Fort Worth), as a very late work by Hans Memling, current experts, among which Larry Silver, agreed in 2018, that in reality, it is far more likely that the portrait is the earliest known work of Quinten Matsys.

Obrecht, who was a major influence on polyphonic Renaissance music, had been named choirmaster of the Cathedral of Our Lady in Antwerp in 1492. Erasmus served as one of Obrecht’s choirboys around 1476.

Obrecht made at least two trips to Italy, once in 1487 at the invitation of Duke Ercole d’Este I of Ferrare and again in 1504. Ercole had heard Obrecht’s music, which is known to have circulated in Italy between 1484 and 1487, and said that he appreciated it above the music of all other contemporary composers; consequently he invited Obrecht who died from the plague in Italy.

Already in the 1460s, Erasmus teacher in Deventer, music composer and organist Rudolph Agricola, had travelled to Italy. After studying civil low in Pavia and attending lectures by Battista Guarino, he went to Ferrare where he became a protégé of the Este court.

Around 1499 Leonardo made a drawing of Ercole’s daughter, Isabella d’Este, according to some to be the person painted in the Mona Lisa.

4. Getting started in Antwerp and abroad

Matsys was registered in Leuven in 1491, but the same year he was equally admitted as a master painter in the Guild of St Luke in Antwerp where, at the age of twenty-five, he decided to settle. In Antwerp, as said before, he depicted the choirmaster Jacob Obrecht in 1496, his first known work, and several Virgin and Child devotional paintings.

After that, since the Liggeren (painting guild records) don’t report any information about Matsys activity in the Low Countries for a period of several years, it remains very tempting to imagine Matsys going on an eventual trip to Italy. There, he could have met great masters among which Leonardo da Vinci, who lived in Milan between 1482 and 1499 and returned to Milan in 1506 where he met his pupil Francesco Melzi (1491-1567) who later accompanied him to France. Matsys could also have traveled over the Rhine to Strasbourg or Colmar. He eventually could have traveled to Nuremberg where he could have met Albrecht Dürer which he seems to have known longtime before the latter came to the Netherlands in 1520.

Dürer was sent by his parents to Alsace to be trained in the art of engraving by Martin Schongauer (1450-1491). But when he arrived in Colmar in the summer of 1492, Schongauer had died. From Colmar the artist traveled to Basel, where he made designs for the woodcut illustrations for books and discovered the impressive engravings of Jacob Burgkmair (1473-1531) and Hans Holbein the Elder (1460-1524). He then went to Strasbourg in 1492 where he met and made the portrait of the erudite humanist poet and author Sebastian Brant already mentioned above.

C. Selected Works

1. The Virgin and the Child, Divine Grace and the Free Will

In 1495, Matsys painted a Virgin and Child (left) (Brussels). Even while still very normative, Matsys already “enriches” devotion with less formal scenery of daily life. The child, playfully exploring new physical principles, clumsily tries to turn the pages of a book, while a very serious Virgin sits herself in an elaborated niche of Gothic architecture, probably chosen to fit with the building or house where the work would end up being exposed.

Another Virgin and Child (right) (Rotterdam) of Matsys goes even further in this direction. It shows a quite happy caring young mother with a playful child, underlying the fact that Christ was the son of God but now had become human.

On a display close to the viewer, a loaf of bread and a cup of milk-soup with a spoon, undoubtedly the daily scene for most inhabitants of the Low Countries trying to feed their children.

Gerard David, Madonna and Child with the Milk Soup, 1520, Brussels

Another “Madonna and child with the milk soup,” (Brussels) this one painted in 1520 by Matsys’ friend, the painter Gerard David (1460-1523), literally shows a young mother teaching her child that the backside of a spoon is not the best tool to transfer milk soup to one’s mouth.

One outstanding feature of many virgins of these period, be it by Quinten Matsys (Virgin and Child, Louvre, 1529, Paris) or Gerard David (Rest on the flight into Egypt, National Gallery, Washington), is the image of the child trying, with great difficulties, to get a hold on a fruit, be it a cherry or a grape of raisin.

In 1534, in his Diatribe on the Free Will, Erasmus also used this metaphor on the fragile equilibrium to be considered in the proportion between the operations of the free will (which, alone, separated from a higher purpose, can become pure arrogance) and those of divine grace (which alone can be misunderstood as a form of predestination).

To make that point clear with an image, Erasmus paints a very simple metaphor, but of extreme tenderness and beauty:

Jan Matsys, Virgin and Child, 1537, Metropolitan, New York.

In short, free will, yes, but without pretending that man can do it alone.

2. Saint Anne Altarpiece

The painted « portico » on the flat panel formed one single unity with the three dimensional original frame, lost today.

In Antwerp, Matsys’ activity made a major step forward with the first important public commissions for two large triptych altarpieces:

  • the beautiful Lamentation quite inspired by Roger Van der Weyden’s Deposition of the cross (Prado, Madrid) ;
  • the Saint Anne Altarpiece (1507–1509), painted for the Collegiate Church of St Peter in Leuven and signed “Quinte Metsys screef dit.” (Quinten Metsys wrote this).

The content and narrative of the Saint Anne Alterpiece was of course entirely dictated to the painter by the commissioners willing to decorate their dedicated chapel of the Church. The central panel depicts the history of the family of St Anne – the Holy Kinship – inside a monumental building crowned by a truncated dome and arcades that offer a wide view on a mountainous landscape.

The altarpiece depicts five scenes from the life of Anne, the Virgin’s mother and her husband Joachim. The various members of the saint’s family appear on the central panel. The key event in the life of Anne and her husband Joachim, namely that they will become the parents of the Virgin Mary while they thought themselves incapable of having children, is depicted in the left and right panels of the triptych.

The Chaste Kiss

The Virgin’s “immaculate” conception, depicted as a chaste kiss between the couple in front of the Golden Gate of the Jerusalem city wall, was already a very popular subject matter painted before by Giotto and later by Dürer.

The “chaste kiss” as a metaphor for the immaculate conception of the Virgin, was well received by the public. As a result, it was rapidly transposed to the immaculate conception of Christ himself. Hence, the sudden appearance of paintings showing Mary “kissing” her baby as close as on the lips.

The cycle on the Altarpiece ends with Anne’s death depicted on the inside right panel where she is surrounded by her children and Christ giving his blessings.

Despite the impressive scale and the conventional narrative, Matsys sought to create a more intimate feeling of contemplation. An example of this is the figure of the small cousin of Jesus in the left corner, who playfully gathers beautiful illuminations around him and, now fully focused, tries to read them.

3. A new perspective

In two other articles, I have underscored the fact that both Jan Van Eyck and Lorenzo Ghiberti, were quite familiar with “Arab optics”, in particular the works of Ibn al-Haytham (known by his Latinized name Alhazen).

During the Renaissance, at least two “schools”, after opposing each other, ended up completing each other respecting the best way to represent “space” in art. For one school, centered on Alberti, space could be reduced to a “central” vanishing point, i.e. a purely mathematical geometrical construction. For the other, that of Roger Bacon, Witelo and later Kepler, one had to start from the physiognomy of both eyes and how they produce the image of space in the mind. Van Eyck and Ghiberti used both approaches employing either the one-eyed « cyclopic » Alberti model denounced by Leonardo, or the « bi-focal » Alhazen approach.

Since the cyclopic approach has been decreed to be the only “mathematical” and therefore the only “scientific” way to represent space, the bi-focal approach was slandered as being full of “errors” or purely intuitive and “non-scientific”. Among those accused, most paintings of the “Flemish Primitives”

Now, as mentioned earlier, since 2007, the Ghent Interdisciplinary Centre for Art and Science (GICAS) has been working on a new « catalogue raisonné » of the work of Quinten Matsys.

In 2010, Jochen Ketels and Maximiliaan Martens investigated Matsys’s 1509 Saint Anne Altarpiece and the impressive italianate portico on the central panel to be understood as a visual element integrating the entire work in a three-dimensional wooden frame currently lost (see images above).

Albrecht Dürer, after Piero della Francesca. What Dürer calles Piero’s « transfer » method would become the basis for projective geometry, the key science that made possible the industrial revolution.

In this respect, it is noteworthy that one of the rare persons, in contact with Matsys at one point or another, which had read and studied Piero della Francesca’s treaty on perspective was none-other than Albrecht Dürer, whose own Four Books on Human Proportion (1528) builds on Piero’s groundbreaking achievements.

The investigators also verified Matsys’ use of the central vanishing point perspective by employing the “cross-ratio” method. Astonished, they demonstrate that “Matsys shows his competence in matters of perspective, equal to Italian renaissance standards” and that his perspective was “very correct, indeed.”

Source: Ghent University publication

Till now, it was taken for granted that the science of perspective only reached the Low Countries after Jan Gossaert’s trip to Rome in 1508, while Matsys’s, showing his masterful and extensive knowledge of science of perspective, started composing this oeuvre as early as 1507.

4. Matsys’ cooperation with Patinir, Dürer and Leonardo

One last note regarding this painting, the mountainous landscape behind the figures, already akin to the typical, eerie landscapes produced years later by Matsys’ friend Joachim Patinir 1480-1524, another badly known giant in the history of painting.

Felipe de Guevara, a friend and artistic assessor to both Charles V and Philip II, mentions Patinir in his Commentaries on Painting (1540) as one of the three greatest painters, alongside Rogier van der Weyden and Jan van Eyck.

Antwerp.
Albrecht Dürer, portrait de Joachim Patinir.

A final note on this painting: the mountainous landscape behind the figures already resembles the typical, disquieting landscapes produced by Matsys’s close friend Joachim Patinir (1480-1524), another little-known giant in the history of painting.

Yet Patinir’s authority was no mean feat. Felipe de Guevara, friend and artistic advisor to Charles V and Philip II, mentions Patinir in his Commentaries on Painting (1540) as one of the three greatest painters in the region, alongside Rogier van der Weyden and Jan van Eyck.

Patinir ran a large studio with assistants in Antwerp. Among those under the triple influence of Bosch, Matsys and Patinir are:

  • Cornelis Matsys (1508-1556), son of Quinten, who married Patinir’s daughter;
  • Herri met de Bles (1490-1566), active in Antwerp, possible nephew of Patinir;
  • Lucas Gassel (1485-1568), active in Brussels and Antwerp;
  • Jan Mostaert (1475-1552), painter active in Haarlem;
  • Frans Mostaert (1528-1560), painter active in Antwerp;
  • Jan Wellens de Cock (1460-1521), painter active in Antwerp;
  • Matthijs Wellens de Cock (1509-1548), painter-engraver active in Antwerp;
  • Jérôme Wellens de Cock (1510-1570), painter-engraver, who, with his wife Volcxken Diericx, founded In de Vier Winden, probably the largest engraving workshop north of the Alps at the time, employing Pieter Brueghel the Elder.
Cornelis Matsys, The Blind Guiding the Blind (1550). 4,5 x 7,8 cm. Etching that inspired Pieter Brueghel the Elder for his own painting on this theme in 1558.

It is generally accepted that Matsys painted the figures in some of Patinir’s landscapes. According to the 1574 Escorial inventory, this was the case for The Temptations of Saint Anthony (1520, Prado, Madrid).

One is tempted to think that this collaboration between friends worked both ways, with Patinir creating landscapes for Matsys’ works and at his request, a reality that somewhat challenges the persistent myth of a Renaissance presented as the cradle of modern individualism.

The fact that Matsys and Patinir were very close is confirmed by the fact that, after Patinir’s untimely death (at age 44), Matsys became the guardian of his two daughters. It’s also interesting to note that Gerard David, who became Bruges’ leading painter after Memling, became a member of the St. Lucas guild in Antwerp in 1515 jointly with Patinir, which gave him legal access to the booming Antwerp art market.

Modern art historians tend to present Patinir as the “inventor” of landscape painting (see my article), claiming that for him religious subjects were mere pretexts for the development of landscapes that were the true protagonists, much as Rubens painted Adam and Eve only because we wanted to paint nudes.

Eventually true for Rubens but dead wrong for Patinir, whose “beautiful” landscapes, as art historian Reindert L. Falkenberg documented in depth, were nothing but a sophisticated sort of deceptive trick of the devil attracting souls to attach themselves to earthly pleasure…

Henri Leys, Visit of Dürer to Antwerp, 1855, Antwerp.

Albrecht Dürer

A unique source of information is Dürer’s diary of his visit to the Low Countries. Why did Dürer come to the Low Countries? One of the explanations is that following the death of his main patron and order giver emperor Maximilian I, the artist came in an effort to get his pension confirmed by Charles V.

Dürer arrived in Antwerp on August 3, 1520 and visited Brussels and Mechelen where he was received by Margaret of Austria (1480-1530), aunt of Charles V, who sometimes lent Erasmus a sympathetic ear, in charge of administering the Burgondian Low Countries as long as Charles was to young.

In Mechelen, Dürer certainly visited the beautiful residence of Hieronymus van Busleyden (1470-1517), soon to become the financial mecenas of the “Trilingual College” launched by Erasmus in Leuven in 1517. Busleyden was a friend of Cuthbert Tunstall (1475-1559), the Bishop of London who introduced him to Thomas More.

While staying with Margaret, Dürer could admire an incredible painting from her collection, The Arnolfini couple (1434) by Jan van Eyck. Margaret had just granted a pension to a Venetian painter, Jacopo de’ Barbari (1440-1515), a diplomat and political exile in Mechelen who painted a portrait of Luca Pacioli (1445-1514), the Franciscan who introduced Leonardo to Euclid and wrote the De Divina Proportiona (1509), illustrated by Leonardo. De’ Barbari was described by his contemporaries, including Dürer, Marcantonio Michiel (1584-1552), and Gerard Geldenhauer (1482-1542).

In 1504, de’ Barbari met Dürer in person in Nuremberg and the pair discussed the canon of human proportions, a core subject of the latter’s research.

Hence, an unpublished draft version of Dürer’s own treatise on the subject reveals that he thought the Italian was holding back on him:

By March of 1510 de’ Barbari was in the employ of Archduchess Margaret in Brussels and Mechelen. In January 1511, he fell ill and made a will, and, in March, the Archduchess gave him a pension for life on account of his age and weakness. He was dead by 1516, leaving the Archduchess with his stock of 23 engraving plates. But when Dürer asked her to provide some of de’ Barbari’s writings on human proportion, she politely declined his request.

The artist’s diary reveals nevertheless that he was often entertained by his local colleagues. In Antwerp, « I went to see Quinten Matsys in his house, » wrote Dürer in his journal.

In the same city, he makes a portrait sketch of Lucas van Leyden (1489-1533), and the famous portrait of the 93 year old bearded old man who became the model for his St. Jerome.

He met Erasmus at least three times, and sketched a wonderful portrait of him showing mutual complicity. Erasmus placed an order with him since the humanist needed a large number of portraits to send to his correspondents throughout Europe. As his diary indicates, Dürer sketched Erasmus several times in charcoal during these meetings and used them for an engraved portrait of him six years later.

After the death of his wife, Patinir married Johanna Noyts. On 5 May 1521, he invited Albrecht Dürer to his wedding. How and when that friendship started, or if it was just opportunistic, is not known. The master of Nuremberg sketched Patinir’s portrait and called him « der gute Landschaftsmaler » (« the good landscape painter »), creating a new word for what became a new genre.

At the wedding he meets Jan Provoost (1465-1529), Jan Gossaert (of Mabuse) (1462-1533 ) and Bernard van Orley (1491-1542), some of them more attracted by the pomp of the court than by Erasmian humanism. But Provoost’s Death and the Miser (1515) is clearly inspired by Bosch.

Jan Provoost, Death and the Miser, c. 1515, Groeningenmuseum, Brugge.

One figure that could have mediated the encounters between intellectuals and craftsmen, was the poet, Latin teacher and philologist Cornelis de Schrijver (Grapheus)(1482-1558), a collaborator of Erasmus printer Dirk Martens. In 1520, he became secretary to the city of Antwerp.

Printers and editors played a key role in the Renaissance as they where the key middlemen between intellectuals, erudites and scholars on the one side, and illustrators, engravers, painters and craftsmen on the other side.

As Dürer himself, he was attracted to the ideas of the Reformation of which they considered both Luther and Erasmus to be leading voices. What is known is that Grapheus bought Dürer a copy of Luther’s De Captivitate (On the Babylonian Captivity of the Church), a must read for anyone having interest in the reform of the Church.

Just as Erasmus and many other humanists, Dürer is also said to have been the guest of Quinten Matsys in the latter’s fabulous house in the Schuttershofstraat, decorated with Italianate decorations (festoons of leaves, flowers or fruit) and grotesques (decorative and symmetric network of lines and figures).

An idealized representation of the Dürer-Matsys encounter (with Thomas More and Erasmus looking on) can be seen in a painting of Nicaise de Keyser (1813-1887) at the Royal Museum of Arts of Antwerp.

Another scene, an 1889 drawing by Godfried Guffens (1823-1901) shows the Antwerp Alderman Gerard van de Werve receiving Albrecht Dürer presented to him by Quinten Matsys.

When Charles V returned from Spain and visited Antwerp, Grapheus wrote a panegyric to welcome his return. But in 1522, he was arrested for heresy, taken to Brussels for interrogation and imprisonment. As a result, he lost his position as secretary. In 1523, he was released and returned to Antwerp, where he became a Latin teacher. In 1540, he was reinstated as secretary of the city of Antwerp.

Quentin Matsys’ own sister Catherine and her husband suffered at Leuven in 1543 for what had become the capital offense of reading the Bible since 1521: he being decapitated, she allegedly buried alive in the square before the church.

Because of their religious convictions, the Matsys children left Antwerp and went into exile in 1544. Cornelis ended his life somewhere abroad.

5. The Erasmus connection

In 1499, Thomas More and Erasmus met in London. Their initial meeting turned into a lifelong friendship as they continued to correspond on a regular basis during which time they worked collaboratively to translate into Latin and have printed some of the works of the Assyrian satirist, Lucian of Samosata (c. 125-180 AD), erroneously called « The Cynic. »

Erasmus translated Lucian’s satirical text The Dependant Scholar and had it send to his friend Jean Desmarais, a Latin teacher at the University of Louvain and a canon at Saint Peter’s Church in that city.

Lucian blasts scholars that sell their soul, mind and body to the ruling oligarchy:

In a real manifesto against voluntary servitude, Lucian goes after their personal corruption and the real reasons for their selling out:

It was through his meeting with Erasmus that Thomas More got introduced to Erasmus’ friend, Pieter Gillis (1486-1533), a fellow humanist and town secretary of Antwerp. It was Erasmus who suggested that Gilles meet Thomas More. The meeting took place in Antwerp in 1515, when More was sent on a diplomatic mission by King Henry VIII to settle some major international commercial disputes.

Gillis, who started as a seventeen year-old proofreader in Dirk Martens print shop in Leuven, met Erasmus in 1504. The humanist gave him the advice to study further and they kept in contact. Printer Martens had edited in Leuven several humanist’s books, most notably those of Denis the Carthusian (1401-1471) and Rudolphus Agricola’s De inventione dialectica (1515) the higher-education manual most widely bought, and used in schools and universities throughout Europe.

Just as More and Erasmus, Gilles was an admirer of the latter’s teacher at the Deventer school of the Brothers of the Common Life, Agricola, a great pedagogue, musician, builder of church organs, a poet in Latin and the vernacular, a diplomat, a boxer and a Hebrew scholar towards the end of his life.

Gillis‘ house in Antwerp was an important meeting place for humanists, diplomats and artists with international allure. Quinten Matsys is also a gladly seen guest. Gilles also recommended the painter Hans Holbein the Younger, who had illustrated Erasmus In Praise of Folly, to the court of England, where Thomas More received him delighted. His brother Ambrosius Holbein (1494-1519), would later illustrate Erasmus’ and More’s Utopia.

6. Thomas More’s Utopia

Pages of Utopia with the alphabet invented by Pieter Gillis.

Gilles shared with More and Erasmus a great sensitivity to justice, as well as a typically humanist sensibility devoted to the search for more established sources of truth. As a matter of fact, he is best known as a character in Utopia, a famous book in whose first pages Thomas More presents him as a model of civility and a humanist who was both pleasant and seriousness:

Entrance of house Den Spieghel, Antwerp, where Pieter Gilles lived in 1505

Thomas More’s most famous composition was of course his two-volume work entitled Utopia. It is a depiction of a fictional island that was not ruled by an oligarchy as most western states and empires, but ruled on the basis of the ideas of the good and the just Plato formulated in his dialogue, the Republic.

While ErasmusIn Praise of Folly called for a reform of the Catholic Church, Erasmus’ and More’s Utopia, satirizing the corruption, greed, cupidity and failings they saw all around them, called for the reform of the State and Economy.

The whole idea of the book came to Thomas More whilst he was staying at the Antwerp residence of Gillis, Den Spieghel, in 1515.

In the first volume, entitled Dialogue of Counsel, it begins with correspondence between More himself and others, including Pieter Gillis. On his return to England in 1516, the English humanist wrote the main part of the work and the first edition was completed and edited by Erasmus and published in Leuven.

The first edition contained a woodcut map map of the island of Utopia, verses by Gillis and the “Utopian alphabet” the latter invented for the occasion, verses of Geldenhouwer, an historian and reformer educated by the Brothers of the Common Life in Deventer and Grapheus, and Thomas More’s epistle dedicating the work to Gillis.

Several years after More‘s and Erasmus’ death, in 1541, Grapheus, with Pieter Gilles, published his Enchiridio Principis Ac Magistratus Christiani.

7. Pieter Gillis and the “Friendship Diptych”

Besides triptychs and religious paintings, Matsys also excelled in portraits. One of the most beautiful works of Matsys is the double portrait of Erasmus and his friend Gillis, painted in 1517. This friendship diptych would act as a “virtual” visit to their English friend Thomas More in London and they approached Quinten Matsys to carry out the two paintings as he was the leading Antwerp painter at that time.

Erasmus’ portrait was the first to be completed because the portrait of Gillis was constantly being delayed due to him falling ill during the sittings. The two men had told Thomas More about the paintings which may not have been a wise move as More constantly queried them as to the progress of the paintings and became very impatient to receive the gift. The two works were finally completed and were sent to More whilst he was in Calais.

Both learned educated men, although they are portrayed on separate panels, are presented in one continuous study area. Erasmus is busy writing and Pieter Gillis points to a book (not yet published) by the humanist, the Antibarbari, while he holds a letter from More in his left hand. The presentation in a study room makes one think of presentations of St. Hieronymus study room, who with his bible translation is an example for all humanists and whose work Erasmus had just published.

If you look closely, in the folds of Erasmus’ cloak you can just make out a purse. It could be that Erasmus wanted the artist to include this in order to illustrate his generosity. Erasmus and Gillis made a point of informing Thomas More that they had split the cost of the painting because they wanted it to be a present from them both. If you look at the two paintings side by side then one can see that Matsys has cleverly continued the bookcase behind the two sitters and this gives the impression that the two men depicted in the two separate panels occupy the same room and are facing each other.

It is interesting to look at the books on the shelves in the background. On the upper shelf of the Erasmus painting there is a book which has the inscription Novum Testament which alludes to Novum Testamentum Graece, the first published edition of the Greek New Testament produced by Erasmus in 1516.

On the lower shelf there is a stack of three books. The bottom tome has the inscription Hieronymus which refers to Erasmus’s edition of St Jerome; in the middle, there is a book with the inscription Lucian and refers to Erasmus and Thomas More’s collaboration in translating Lucian’s satirical Dialogues. The inscription on the book on top of these three is the word Hor, which originally read Mor. The first letter was probably altered during an early restoration, for besides Mor being the first letters of Thomas More’s surname they almost certainly refer to the satirical essays written by Erasmus whilst staying with Thomas More in his London home in 1509 and entitled Encomium Moriae (Praise of Folly). This collection of essays was considered one of the most notable works of the Renaissance.

We see Erasmus writing in a book. This depiction has been carefully thought out for the words one sees on the page paper are a paraphrase of St Paul’s Epistle to the Romans, the handwriting is a careful replication of Erasmus’s own hand, and the reed pen he holds was known to be Erasmus’s favorite writing tool.

Thomas More let his pleasure about these portraits be known in many letters, the paintings being executed, « with such a great virtuosity that all painters from Antiquity pale in comparison », while confessing once he would have preferred his image carved in (far more immortal) stone.

8. The Da Vinci connection (I)

Several paintings clearly prove that Matsys and his circle had extensive knowledge and took some of their inspiration from some of Leonardo da Vinci’s paintings and drawings without necessarily fully comprehending its full and far ranging scientific and philosophical content.

Such is clearly the case in the Virgin and child (1513, Poznan, Poland), literally presenting in front of a Patinir style mountain landscape, the gracious loving pose of Mary embracing the Christ with the latter embracing the lamb, directly a copy of Da Vinci’s Saint Anna and the Virgin (1503-1517), one of the works Leonardo had brought to Amboise in France in 1517.

As said before, it is not known how this “form” came to the attention of the master, be it prints, drawings or other.

Quinten Matsys, The Lamentation of Christ (1508-1511), Antwerp.

A second example can be seen in The Lamentation of Christ (1508–1511), a vast triptych painted for the chapel of the Carpenter Corporation in the Cathedral of Our Lady in Antwerp (Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Antwerp). Both John the Baptist and John the Evangelist, which appear when the triptych is closed, were there patron saints.

The central scene of the open triptych, which is reminiscent of Rogier van der Weyden’s The Descent from the Cross (1435 Museo del Prado, Madrid), is supported by the landscape. The religious drama is considered in detail and harmoniously staged.

Détail of Saint-John (left) in tears.

At the same time, Matsys approaches the great importance of the believers for the narration and the description. If the scene is conducive of reflection and prayer. Matsys uses the science of contrast. If some of the figures, especially the oriental heads, could have been inspired by the many exotic faces the painter would have seen around him in the world trade hub that was Antwerp in his days, the graceful faces of those struck with pain and sorrow are extremely beautiful.

In the middle panel, we see not the suffering, but the lament after the suffering. It depicts the moment at which Joseph of Arimathea comes to ask the Virgin for her permission to bury Christ’s body. Behind the central action is the hill of Golgotha, with its few trees, the cross and the crucified thieves.

The left wing panel shows the martyrdom of John the Evangelist and Salome presenting John the Baptist’s head to the Roman Jewish Client King Herod the Great.

The right hand panel is a scene of extraordinary cruelty, depicting St John, his body plunged into a cauldron of boiling oil. The saint, who is naked from the waist up, seems almost angelic, as if he were not suffering. Around him is a crowd of sadistic faces, ugly boors in garish clothes. The one exception to this rule is the figure of a young Flemish boy, maybe a representation of the painter himself, who is watching the scene from above in a tree.

Now the faces of those surrounding St John the Baptist and also the two main figures heating up the cauldron are directly taken or inspired by a drawing of Leonardo called the Five Grotesque Heads.

Flemish irony and humor gave a great welcome to that of Leonardo!

In Leonardo’s case, the faces even seem as breaking up in hilarious laughter, when looking at each other and at the central figure with a crown on his head. The leaves of the crown are not those of laurels to celebrate poets and heroes, but leaves of an oak tree. At that time, the anti-humanist and war mongering pope was Julius II, which Rabelais put in hell. Julius was a member of a powerful Italian noble family, the House of Della Rovere, literally “of the oak tree”…

Five grotesque heads, Leonardo da Vinci.

D. The Science of Erasmian Grotesque

1. In religious painting

The use of grotesque heads expressing the low passions that overwhelm and dominate evil persons was common practice in religious paintings to create contrast of expression.

In 1505, Dürer went to Venice and also to the university city of Bologna to learn about perspective and then journeyed further south to Florence, where he saw the work of Leonardo da Vinci and the young Raphael, and to Rome.

Christ Among Doctors, Dürer, Thyssen Bornemisza Collection, Madrid.

Christ Among the Doctors, 1506, was painted in Rome in five day’s time and reflects the influence of Leonardo‘s grotesques. Dürer was back in Venice early in 1507 before returning to Nuremberg in the same year.

Christ carrying the Cross, after 1510, Hieronymus Bosch, Ghent.

Hieronymus Bosch’s Christ carrying the cross (after 1510, Ghent) is another famous example. Christ’s head is surrounded by a dynamic group of grotesque “tronies” or faces. Was Bosch inspired by Leonardo and Matsys, or was it the other way around?

While the composition may seem chaotic at first glance, its structure is actually very rigid and formal. Christ’s head is positioned precisely at the intersection of two diagonals. The beam of the cross forms one diagonal, with the figure of Simon of Cyrene helping carry the cross at the top left, and with the “bad” murderer to the bottom right.

The other diagonal connects the imprint of Christ’s face on Veronica’s sudarium at the bottom left with the penitent thief, at the top right. He is attacked by an evil charlatan or a Pharisee and an evil monk, a clear allusion by Bosch to the religious fanaticism of his era. The grotesque heads remind us of the masks that are often used in passion plays as well as of Leonardo da Vinci’s caricatures.

By way of contrast, the softly modeled face of Christ is serene. He is the Suffering Christ, who has been abandoned by everyone and who shall triumph over all evil in the world. This representation ties in perfectly with the ideas of the Devotio Moderna.

Quinten Matsys, Christ carrying the Cross, 1510-1515, Rijksmuseum, Amsterdam.
Quinten Matsys, Ecce Homo, 1526, Venice.

Quinten Matsys, in his Ecce Homo’s (1526, Venice, Italy) cleary bases his work on the Bosch‘ tradition.

2. Misers, bankers, tax collectors and money-changers, the fight against usury

The Purchase Agreement (1515, Berlin), Quinten Matsys. A good « deal » between bankers, lawyers, theologians and misers on the one side, and a fool on the other side, maybe a contract for an « indulgence »?

Directly relevant to Erasmus’ and More’s religious, philosophical, sociological and political critique, and certainly with some relevance for today, Matsys’ denunciation of usury and greed.

Marlier keenly sketches how usurers and speculators became dominant players of Antwerp’s economic life.

Under those circumstances, notes Marlier, with everybody over their neck into debt and in urgent need for cash, usurers found a fantastic market to prosper.

The Misers (and their victims) (1520, Galleria Doria Pamphilj, Rome), Quinten Matsys.

Abroad, the Fuggers and Welsers duly participated in the emerging trade of enslaved people from Africa.

Manillas used by the european bankers to buy slaves in Africa.

The Fuggers used their mines in Eastern Europe and Germany to produce manillas – metal objects of exchange that have gone down in history as a “slave trade currency” due to their use on the coasts of West Africa. The Welsers, in turn, attempted to establish a colony in what is now Venezuela (Spanish name derived from the Italian Venezziola, “little Venice”, which became Welserland) and shipped more than 1,000 enslaved Africans to America. Meanwhile, in the homes of prosperous Augsburg citizens, enslaved people from India were forced to toil for their “masters”.

Carl Ludwig Friedrich Becker, Anton Fugger burns Charles V’s debt titles, 1866.

According to the official Fugger family website, the story that Anton Fugger threw his promissary notes into the fire in 1530, in front of Charles V, in order to generously waive repayment of loans, is pure fiction. But he did grant the new emperor a proverbial “haircut”. In exchange Charles V abandoned his plans for an “imperial monopoly law” that would have massively curtailed the scope of action of the banking and trading houses in the Holy Roman Empire.

According to Fugger researcher Richard Ehrenberg, the story about Anton didn’t emerge until the late 17th century, presumably to demonstrate his loyalty to the Emperor.

Thomas More and Erasmus exposed the rise of predatory and criminal financial abuse in their book Utopia. Erasmus, while not refusing the rise of modern entrepreneurial capitalism, denounces the abuses of financial greed.

Civil servants, he argued in his Education of a Christian Prince written for Charles V, should be recruited on the basis of their competence and merit, and not because of their glorious name or social status.

For Erasmus, (speaking through the mouth of Folly):

Quinten Massys, Tax Collectors, late 1520s, oil on panel, 86 x 71 cm.
Liechtenstein Collection, Vaduz.

One can, as Silver argues, on the basis of what’s written in the records and the fact that tax collection was outsourced to private individuals, rebrand Quinten Matsys’ painting, often referred to as The Misers, as the more « factually exact » name of Tax Collectors. However, that doesn’t change the fact the subject is precisely what exposes an old Netherlandish proverb of the period:

While the municipal financial officer on the left seems « reasonable » since his face is not “grotesque”, the man sitting behind, in a strange turn of his arm protecting a leather purse, shows the grotesque, ugly face of greed, justified by what he declared and was noted in the records. The complicity between both men is the real ugliness of the story.

Money-changers, admits Silver, often performed the same role as bankers, citing economic historian Raymond de Roover. Moreover, the unrepresented fourth scoundrel, the miller (a target in Bosch’s and Brueghel’s paintings), was often castigated because grain prices became a chronic sore spot in eras of fluctuating commodity prices, as was true in just this period.

Considering the fact that financial looting became dominant after the 1520s, such denunciations of financial greed could not but become very popular. The satirical subject was taken up almost immediately by the painter’s son Jan Matsys (1510-1575), copied close to identically by Marinus van Reymerswaele (1490-1546), and by Jan Sanders van Hemessen (1500-1566).

Quinten Matsys, The Money Changer and His Wife, 1514, Louvre, Paris.
Jacob Fugger (the Rich), by Lorenzo Lotto.

In a more “civilized” version of this metaphor, starting from the same theme, there is Matsys’ famous Banker (or Money Changer) and His Wife (1514, Louvre, Paris).

In a chapter of his opus majus Flemish Primitives entitled The Heirs of the Founders, Erwin Panofsky considers Matsys’ The Money Changer and his Wife to be a “reconstruction” of a “lost work by Jan van Eyck (a ‘painting with half-body figures, depicting a boss doing his accounts with his employee’), which Marcantonio Michiel claims to have seen in the Casa Lampugnano in Milan.”

Once again, it is not a double portrait of a banker of his wife, but a moralizing metaphor. While the banker, who has attached his prayer beads on the wall behind him, is cross-checking if the weight of the metal of the coins correspond to their nominal value, his wife, turning the pages of a religious hour book, throws a sad look at the greedy obsessions of her visibly unhappy husband.

The banker has, besides the scales he’s using, attached a pair of them to the wall behind him. For the Christian Humanists, the weight of material wealth is the opposite of that of spiritual richness. In Van der Weyden’s Last Judgment in Beaune, France, the painter ironically shows an angel weighing the resurrected souls, sending the heaviest of them… to hell.

Others speculate the banker’s wife is not completely unaffected by all the coins on the table but the attention of her eyes goes more to the hands of her husband than to the objects on the table. Piety or the pleasure of wealth? A fruit on the shelve (apple of orange), juste above her husband, might be a reference to the forbidden fruit but the estinguished candle on the shelve behind herself recalls the shortness of earthly pleasures.

Tax collector and his wife (1539, Prado, Madrid), Marinus van Reymerswaele.

When Marinus van Reymerswaele copies this theme, the woman’s temptation for the money on the table seems even bigger.

Detail with convexe mirror.

The convex mirror (who disappears in the copies made by Matsys’ followers), operating as a “mise en abîme” (a play in the play or a painting in a painting), shows a man (the banker?), reading himself a (religious?) book. The mirror not necesseraly shows some existing real space but can very will represent an imaginary time sequence outside that of the space-time of the main scene. It might show the banker in his future life, free from greed, reading a religious book with great fervor.

While the use of image of convex mirrors (whose optical laws were examined in depth by arab scientists such as Ibn al-Haytham and studied by Franciscans at Oxford such as Roger Bacon) reminds both Van Eyck’s Arnolfini couple (National Gallery, London) and Petrus Christus (1410-1475) Goldsmith in his workshop or Saint Eligius (1449, Metropolitan Museum of Art, New York), with a couple standing behind, Matsys’ painting, is a unique creation of its kind.

In terms of content, the painting could also be related to a common theme at that period, namely The Calling of Saint Matthew.

The above passage is probably autobiographical in that it describes the Matthew’s call to follow Jesus as an apostle. As we know, St. Matthew responded positively to Jesus’ call and became one of the Twelve Apostles.

The Calling of Saint-Matthew (1536, Alte Pincacoteca, Munich), Jan van Hemessen.

According to the Gospel, Matthew’s name was originally Levi, a tax collector serving Herod and therefore not very popular. The Romans forced the Jewish people to pay taxes. Tax collectors were known to cheat the people by charging more than required and pocketing the difference. Of course, once Levi accepted the call to follow Jesus, he was pardoned and given the name Matthew, meaning “Yahweh’s gift.”

The Calling of Matthew (1530, Thyssen Bornemisza, Madrid), Marinus van Reymerswaele.

This theme of course could not but have pleased Erasmus, since it doesn’t insist on punishment but on positive transformation for the better. Both Marinus van Reymerswaele (in 1530) and Jan van Hemessen (in 1536), who copied and were inspired by Matsys, took up the subject as The calling of Saint-Matthew showing Jesus (on the right) calling on a tax collector to abandon his profession. In Van Hemessen’s painting we also see, just as in Matsys’ work, the wife of the tax-collector standing in front, also with her hand on an open book.

The good news is that, till now, the most generally accepted hypothesis as to the meaning of this painting is that it is an allegorical and moralizing work, on the theme of the vanity of earthly goods in opposition to timeless Christian values, and a denunciation of avarice as a cardinal sin.

3. The Da Vinci connection (II)

Leonardo da Vinci, five grotesque heads, around 1494, Windsor collection.
Quiten Matsys, détail of the right panel of Lamentation, 1508-1511, Antwerp Politically, to be noted, the Habsburg double-eagle Imperial flag waved by those executing Saint-John…

To sum it up, so far three elements of Matsys’ work have enabled us to establish his deep links with Italy and Leonardo.

1. His expertise knowledge of perspective, in particular that of Piero della Francesca, as demonstrated by the Italian-style marble vault appearing in the Altarpiece of Saint Anne.

2. His use of Leonardo’s grotesque heads, in his Triptych of the Lamentation of Christ.

3. His reworking of the Virgin’s pose from Leonardo’s Saint Anne and the Virgin, in his
Virgin and Child at the Poznan Museum.

How this influence came about remains to be elucidated. Several hypotheses,
which may complement each other, are possible:

1. At an early age, he traveled to Italy (Milan, Venice, etc.), where he may have established direct contact with Leonardo, or with one or more of his pupils.

2. He was able to exchange ideas and prints with other artists who had made such trips
and had established contacts in Italy. Whether Dürer, who had his own contacts in Italy, might have acted as an intermediary is another hypothesis to be explored. Some of Dürer’s anatomical drawings are said to have been made after Leonardo. Jacopo de’ Barbari had painted a portrait of Luca Pacioli, the Franciscan friar who had helped Leonardo to read Euclid in Greek. Dürer had met Barbari in Nuremberg, but, as we saw above, their relationship soured.

Anatomical study (2017; Dresden notebooks) by Dürer, based on Leonardo.
Probable portrait of the young Leonardo, Verrocchio’s study for his David.

3. He was able to see reproductions made and distributed by Italian and northern artists. Although the original drawings and manuscripts were copied and sold by Melzi, Leonardo’s pupil, after his master’s death in Amboise in 1519, Leonardo’s influence on Matsys appeared as early as 1507.

Leonardo’s work captivated the attention of many in Europe. For example, a life-size replica of Leonardo’s Last Supper fresco was purchased in 1545 by the Norbertine Abbey in Tongerlo, Belgum. Andrea Solario (1460-1524), a pupil of Leonardo da Vinci, is said to have created the work with other artists. Recent research suggests that Leonardo may have painted parts of the replica himself. Professor Jean-Pierre Isbouts and a team of scientists from the Imec research institute examined the canvas using multispectral cameras, which can reconstruct the different layers of a painting and distinguish restorations from the original. According to the researchers, one figure in particular catches the eye. John, the apostle to Jesus’ left, is painted using a special “sfumato” technique. This is the same technique used to paint the Mona Lisa, and one that only Leonardo mastered, says Isbouts.

Similarly, Joos Van Cleve, in the lower part of his Lamentation (1520-1525), repeats the composition of Leonardo’s Last Supper, showing that the image was known to most northern painters.

Moreover, as Silver keenly points out, one of those same heads, a near-profile but reversed from its Leonardo model (the head on the left), reappears for the lustful old man in Matsys’ later “Ill-Matched Lovers » !

The fact that it appears as a mirror image might be the result of Matsys working from a print. The engraver copies the « positive » image, but whet it is prited it appears as « negative ». In other words, as a mirror image of the original.

But also a study by Leonardo of a (not grotesque) head of an Apostle for the Last Supper, shows features close to those used by Matsys.

A life-sized replica of Leonardo’s Last Supper fresco, has been owned since 1545 by the Norbertijnen abbey in Tongerlo. Andrea Solario (1460-1524) a student of Da Vinci, would have created the work with fellow artists.

However, according to recent research, it seems that Da Vinci painted parts of the replica himself. Professor Jean-Pierre Isbouts, together with a team of scientists from Imec research institute, went over the canvas with multispectral cameras, that can reconstruct the different layers in a painting, and distinguish the restorations from the original.

One figure specifically catches the eye, according to Isbouts. John, the apostle on Jesus’ left side is painted with the special ‘sfumato’ technique. This is the same technique used to paint the Mona Lisa, and Da Vinci himself was the only artist that had mastered it, claims Isbouts.

Life-size replica of Leonardo’s Last Supper fresco, done before the master’s death, belonging to the Abbey of Tongerlo in Belgium since 1545.

Also Joos Van Cleve, in the lower section of his Lamentation (1520-1525), bases himself on Leonardo’s Last Supper, showing clearly the image was well-known to most painters in the North.

4. The Art of Grotesque per se

Da Vinci’s work on “grotesque heads” dates at least from the early Milan period (1490s) and later when he started looking for a model to paint “Judas” in the Last Supper fresco (1495-1498). Leonardo reportedly used the likenesses of people in and around Milan as inspiration for the painting’s figures. When the painting was nearly finished, Leonardo still was lacking a model for Judas. It’s said that he loitered around jails and with Milanese criminals to find an appropriate face and expression for Judas, the fourth figure from the left and the apostle who ultimately betrayed Jesus. He advised artists to always carry a notebook to draw people around town, “quarreling or laughing or fighting”. He took note of outlandish faces on the piazza, because in another note recommending sketching strangers, he adds:

When the convent’s prior complained to Ludovico Sforza of Leonardo‘s « laziness » as he wandered the streets to find a criminal to base Judas on, Leonardo responded that if he could find no one else, the prior would make a suitable model… While the painting was being executed, Leonardo’s friend, the mathematician Lucia Pacioli, was around and in contact with the master.

For the Italian scientist, always keen to explore the dynamic of contrasts of nature, exploring the ugly was not only a game but inherent to the role of the artist:

Italian scholar Sara Taglialagamba notes that the grotesque, being abnormal or “out of norm”, in the works of Leonardo is conceived as “the opposite of balance and harmony” but “not to oppose beauty.”

The deformities that connote Leonardo’s figures affect both men and women, are present in the young and the old (although on the latter they are concentrated for the most part), spare no portion of the body, and are often combined to give the subjects even more bestial appearances.

Geometry of Human Proportions

From his side, Dürer, now accused of « racial profiling » took very seriously the issue of understanding human proportions, considered, especially with the discovery of Vitruvius book De Architectura, as to offer the key to the right proportions for human architecture and urban planning. According to Vitruvius, « Beauty is produced by the pleasing appearance and good taste of the whole, and by the dimensions of all the parts being duly proportioned to each other. »

Dürer therefore measured all parts of the human body to establish harmonic relations among them. The variations in the proportions of faces and bodies, he concluded, obey the variations generated by geometric projections. They don’t change in terms of harmony but will appear different and even grotesque when projected from a different angle.

Both Leonardo and Dürer, and later Holbein the Younger in his painting The Ambassadors (1533, National Gallery, London), became masters in the science of “anamorphoses”, I.e. geometrical projections from tangent angles making an image hardly recognizable for the viewer looking straight to the plane surface while the image can be understood when viewed from that surprising angle.

Having such masters of “serious” beautiful forms as Leonardo or Matsys suddenly engaging in outrageous cartoon drawing may look disturbing, while it should not. All cartoons are based on metaphorical thinking and so is all great art.

Renaissance art is often assumed to be orderly and reassuring but these faces succeed the uncompromising polemics of the gargoyles of the cathedral builders, the “monsters” in the margin of so many illuminated manuscripts that Bosch invited on the forefront and anticipate those of Rabelais, Goya and Ensor. They are so distorted and out of the habitual norm that they get the label “grotesque” but they also make us smile when we, reluctantly and even with some anger, accept to look down on our own imperfections or those of our beloved we prefer not to see. We are not the icons we take for real that we see in the magazines.

In ErasmusPraise of Folly, the narrator (Folly personified), first identifies, among many other accomplishments, its own leading role in making things work that with pure logic, reason and intellect would fail, such as the ridiculous acts required to achieve human reproduction.

Hence, says Folly, “if all were thus wise you see how soon the world would be depopulated, and what need there would be of a second Prometheus, to plaster up the decayed image of mankind?”

Folly, with satirical irony, claims it is doing a great job helping especially older people to refuse dying off like animals:

5. The metaphor of the “Ill-matched Lovers”

Quinten Matsys, The Ill-matched Lovers

If Erasmus will blast with biting irony the corruption and madness of the Kings, Popes, Dukes and Princes, he will also expose with uncompromising irony the corruption affecting the common man, for example older men dropping their spouses to hook up with younger women, a practice, says Folly, “grown so common, that it is become the a-la-mode of the times.”

The pairing of unequal couples has a literary history dating back to antiquity when Plautus, a Roman comic poet from the 3rd–century BC, cautioned elderly men against courting younger ladies.

The « grotesque marriage » comes straight from the satirical literature, such as the above mentioned Ship of Fools (1494) of Sebastian Brant, which in its 52nd chapter tackles the « marriage-for-money » theme.

Besides In Praise of Folly, Erasmus dedicated in 1529 a colloquium to this theme titled The Unequal Marriage. (Box)

This Erasmian theme of the “Ill-matched Lovers,” became quite popular. According to art historian Max J. Friedlander, Matsys was the first to propagate this theme in the Low Countries.

Matsys depicts this theme by showing an older man besotted by a younger, beautiful woman. He gazes at her adoringly, not noticing that she is stealing his purse. In reality, the grotesque ugliness of the man, blinded by his lust for the young woman, corresponds to the ugliness of his soul. She, blinded by her greed, appears superficially as a “nice” girl, but in reality is abusing the naive fool. But the viewer rapidly finds out that the money she steals from the old fool, goes directly in the hands of the jester standing behind her and whose face expresses a combination of both lust and greed. In final analysis, that’s the moral, all the gain goes neither to him nor to her, but to foolishness itself (The Jester). A situation reminiscent of Bosch’s 1502 painting The Conjurer.

Matsys’ painting raises the issue of “Mutually Assured Corruption,” where, just as in geopolitics, both sides think they are winning at the expense of the other in a zero sum game. From that standpoint, the “moralistic” lesson here goes far beyond simple cheating among partners.

As said before, what were considered so far as “sins” (lust and greed) by the Church, became a subject of laughter for the humanist with the painting offering a “mirror” allowing viewers to self-reflect and to improve their own character.

Albrecht Dürer, The Ill-Matched Couple, Metropolitan Museum, New York.

The theme already appears in a copper engraving of Dürer in 1495, with the girl opening her hand to get money from his purse into her own.

Old Man and a Young Woman, 1503, Jacopo de Barbari, Philadelphia.

And in 1503, Jacopo Barbari painted a similar subject, An old man and a young woman. (Philadelphia)

Cranach the Elder, who made a trip to Antwerp in 1508, and was visibly inspired by the Leonardo style grotesques of Matsys, started mass producing paintings on this theme (including the use of Matsys reworked grotesque of Leonardo!), clearly answering the growing demand of protestant Germany, a production continued by his son Cranach the Younger.

http://eve-adam.over-blog.com/2016/03/les-couples-mal-assortis-lucas-cranach.html

Cranach will make variations on the theme, often reducing the theme to only “lust” leaving “greed” (money grabbing) out of the picture.

Of course, the uglier and the older the man, and the younger and the more beautiful the lady, the more the resulting contrast creates an emotional impact by underscoring the shocking character of the event. Cranach will playfully inverse roles and show an old woman with her maid, seducing a handsome young gentleman.

The Ill-Matched Lovers, Jan Massys.

Quinten Matsys’ son, Jan Matsys, will do his own variation on the theme, adding a new social dimension, that of poor families using their daughters as bait to trap older rich gentlemen whose wealth and money will allow the family to have a living, a theme also Goya took up.

Already in one of Cranach’s versions, the rich man has in front of him a loaf of bread on the table. But what strikes in Jan’s version, is the mother, standing behind the old foolish man, staring at the bread and the fruits on the table. If the greed and the lust remain real, Jan points to a given context which cannot simply be laughed away.

Among the many other artists that painted this theme one has to note Hans Baldung Grien (1485-1545), Christian Richter (1587-1667) and Wolfgang Krodel the Elder (1500-1561).

None of them reproduced completely the pun crafted by Matsys and most loyal to the real spirit of Erasmus, that of foolishness coming out on top winning the game, a truly laughable situation ! The Triumph of Folly!

Also here, for the face of the old foolish man, Matsys was influenced by sketches of grotesque heads by Leonardo.

6. Leonardo’s baby, the “Ugly Duchess

This allows us now to introduce maybe the most outrageous painting ever made, alternatively called the Old ugly woman or The ugly Duchess. Oceans of ink have been thrown on paper to speculate on her identity, her “disease” (Paget’s disease), her “gender”, most of the time to turn the eye of the viewer to a literal, “fact-based” explanation rather than enjoying and discovering the “mental” metaphor the artist paints, not on the panel, but in the mind of the viewer.

The painting has to be analyzed and understood with its pendant – an accompanying painting – which depicts an old man whose attention she solicits. In a surprise move, as a first approach, one can say that Matsys inverts the common gender roles here, since what we see is not an old man trying to seduce the girl, but an old woman trying to attract a rich old man.

–First, there is the old lady, whose physical state is ultimate decrepitude, who desperately tries to seduce an old rich man. Just as Domenico Ghirlandaio’s Old man and young boy (1490, Louvre, Paris), the person’s outside appearance prompts the audience to consider the relationship between internal and external beauty.

Once again, the obvious literary influence is Erasmus‘s essay In Praise of Folly (1511), which satirizes women who « still play the coquette », « cannot tear themselves away from their mirrors » and « do not hesitate to exhibit their repulsive withered breasts. » The woman’s clothes are rich. She is dressed to impress, including bulbous headgear that heightens her unusual features. Defying the modesty expected from older women during the Renaissance, she is wearing a low-cut, uncovered, and tightly laced bodice that emphasizes her wrinkly cleavage.

Jan Van Eyck, portrait of his wife, Margaret.

Her hair is concealed in the horns of a heart-shaped bonnet, over which she has placed a white veil, secured by a large, bejeweled brooch. However fine her attire, by the time this panel was painted in the early sixteenth century her clothes would have been many decades out of date, reminding those of Van Eyck’s portrait of his wife Margaret a century earlier, prompting laughter rather than admiration.

Her headdress had by then become an iconographic shorthand for female vanity, its horns compared to those of the devil or at best those indicating she was betrayed by her lovers (cornuto). She appears to be selling herself on her looks, for she holds a flower, often an advert for sex work in Renaissance art. It was in the tragic fate of the rose that the flight of time, and with its physical decay, found its most alarming illustration. Whether fresh or fragile, the rose, while calling for immediate pleasure, seems to protest that death is just around the corner.

Margarete Maultasch.

To identify the woman, several names are put forward. In the seventeenth century, the painting was misidentified as a portrait of Margarete Maultasch (1318-1369), who, having separated from her first husband Jean Henri de Luxembourg, remarried Louis 1er, Margrave of Brandenburg, after a thousand and one twists and turns, culminating in the couple’s excommunication by Clement VI. A complicated story in turbulent times, which earned Margarete the nickname “mouth-bag” (big mouth), or “prostitute” in Bavarian dialect. The problem is that other portraits of Margarete are known to exist, in which she appears most comely…

Defamed as the “ugliest woman in history,” she gained the nickname “The Ugly Duchess,.” In the Victorian era, this picture (or one of its many versions) inspired John Tenniel’s depiction of the Duchess in his illustrations of Lewis Carroll’s Alice’s Adventures in Wonderland (1865). This entrenched the moniker and turned this figure into an icon for generations of readers.

The old man saying yes, no, or not now?

–Second, the old Man, whose fur-trimmed robe and visible gold rings, while not as demonstrably archaic or absurd as the costume of the Woman, nonetheless suggest conspicuous wealth, and his distinctive profile echoes the familiar profile of Europe’s leading merchant-banker of the fifteenth century, the late Cosimo de’ Medici of Florence.

After having played a key role as a patron of the arts and a backer of the Renaissance and the Council of Florence, became quite a disgusting figure. It has to be noted that in 1513 the warrior pope Julius II, a strong enemy of Erasmus, died and Giovanni di Lorenzo de’ Medici became pope Leo X.

The figure has also been compared to the lost portraits of the early fifteenth century of Duke Philip the Bold of Burgundy.

Jacob Fugger.

But if one takes a second look, and forgets the woman’s breasts, the viewer realizes that her face is that… of an ugly man. Maybe the whole undertaking was a political statement and the faces were those of real people whose identity we’ve not yet discovered. They might be some hated politicians or theologians of those days, selling out one to the other in an elan of greed and lust. Maybe the old ugly prostitute was a reference to fugger banker Jacob the Rich, the eternal bankroller of the increasingly bankrupt Vatican ? For the moment, let’s accept we just don’t know.

The Bohemian artist Wenceslaus Hollar (1607-1677) saw Matsys double portrait and made in 1645 an engraving of it, adding the title “King and Queen of Tunis, invented by Leonardo da Vinci, executed by Hollar.”

Engraving from Wenceslaus Hollar

In periods of carnival, when people were allowed to do away with the rules of society for a couple of days, at least in the Low Countries and the Northern Rhine area, people had a lot of fun by shifting roles. Putting things upside down, poor peasants could dress up as rich merchants, laymen as clergymen, thieves as policemen, male as female and one and all the other way around.

The original concept of this metaphor seems to have come from Leonardo, who made a tiny sketch of an ugly woman, eventually a prostitute, remarkably with the horn bonnet and a tiny flower planted between her breasts, exactly the same attributes, metaphors and symbols employed later by Matsys in his work.

Old grotesque woman, National Gallery, Washington.
Francesco Melzi?

Leonardo’s pupil Melzi and other students or followers, as they did with many other of Leonardo’s sketches, seem to have copied Leonardo’s work and, amused, counter-posed the horny woman with a greedy, wealthy Florentine merchant. Did Melzi share or sell his sketches to others?

Various amusing versions of the theme are scattered around the world and figure in private and pubic collections.

Another sketch, either by Leonardo himself of his followers, shows a wild grotesque man with his hair raising up his head, with a series of grotesque looking scholars, including one looking like Dante! Leonardo, of course, who always signed his writings with the words “man without letters,” was a mere craftsman and never taken serious by those scholars Lucian exposed for having sold out to the establishment.

All these elements that what Matsys did was nothing “bizarre” or “extravagant,” but as someone sharing a “culture” of grotesque faces whose variations could be used to express the metaphorical puns of the humanist culture.

But of course, what made his old man and woman impact so huge, was the fact that what for Leonardo were nothing but rapid sketches in a notebook, became with Matsys life-size frighteningly hyper-realistic representations!

In the Queen’s Windsor Collection, there exists a red chalk drawing of the woman nearly exactly as she appears in Matsys work.

Francesco Melzi or another pupil of Leonardo da Vinci, done after original from Quinten Matsys, Royal Collection, Windsor.

Untill very recently, historians were convinced that Quentin Matsys had “copied” this drawing of around 1490 attributed to Leonardo which he enlarged to produce his oil painting. “So Leonardo designed this unique person, even to the wrinkled bosom emerging from her dress. All Matsys did was enlarge her in oils,” it is said.

However, recent research suggests it could have been the other way around! Either Melzi, or Leonardo himself, could have made the red chalk drawing starting from Matsys painting, either from a direct view, prints or reproductions. An Italian copying a Flemish painter, can you imagine?

Leading expert Susan Foister, Deputy Director and Curator of Early Netherlandish, German and British Painting at The National Gallery, London, who was also the curator of the museums 2008 exhibit “Renaissance Faces: Van Eyck to Titian,” told The Guardian at that time : « We can now say with confidence that Leonardo – or, at least, one of his followers – copied Matsys’s wonderful painting, not the other way around. This is a very exciting discovery. »

Foister said they had discovered that Matsys made amendments as he went along, suggesting he was creating the image all by himself rather than copying a model. Also, in the two Leonardo copies, the forms of the body and clothes are oversimplified and the woman’s left eye is not in its socket. « It was always assumed that a lesser known northern European artist would have copied Leonardo and it has not really been thought that it could have been the other way round, » said Foister. She added that both artists were known to be interested in ugliness and exchanged drawings « but credit for this masterful work belongs to Matsys ».

Source: The Guardian

E. Conclusion

The conclusion writes itself. The “Seven Capital Sins” which More and Erasmus tried to eradicate five centuries ago have become the very axiomatic “values” of today’s “Western” system.

At the ground level, people are offered the “freedom” to sell out to lust, envy, greed, sloth, gluttony, etc. — all of this packed as “diversity”, on condition they don’t call into question the speculative financial and war policies that is imposed on them from a tyrannical oligarchy on the top. And those pretending to defend « european » and « judeo-christian » values will lack any credibility if they don’t take up the fight against financial oligarchism so clearly exposed by Thomas More and Erasmus.

Erasmus would turn around in his grave if he knew that his name is mainly associated with a scholarship offered by the EU for pupils willing to study in other EU member states. As Belgian professor Luc Reychler has suggested, such scholarships should include a mandatory training period in Erasmus’ thoughts and especially his advanced concepts of peace building.

In short, to make a new renaissance a reality, we have to free our fellow citizens from fear. While unaware about such real dangers as nuclear war, they live in fear of threats they have been brought to imagine. For those like us longing for peace, time has come to take Erasmus’, Leonardo’s and Matsys’ vision of “good laughter,” very, very, very seriously.

I end here with following rebus:

« D » stands for « The »; the world stands for « World »; the foot, in flemish « voet », meaning also « feeds », and the « vedel » (Vielle) also means « many », following by two happy fools. The phrase therefore reads: « The World Feeds Many Happy Fools! » And you are one of them! But don’t tell! Mondeken Toe!

Selected biography

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Avec le peintre James Ensor, arrachons le masque à l’oligarchie !

James Ensor.

James Ensor est né le 13 avril 1860 dans une famille de la petite-bourgeoisie d’Ostende en Belgique. Son père, James Frederic Ensor, un ingénieur raté anglais anti-conformiste, sombre dans l’alcoolisme et l’héroïne.

Sa mère, Maria Catherina Haegheman, belge flamande, qui n’encourage guère sa vocation artistique, tient un magasin de souvenirs, coquillages, chinoiseries, verroteries, animaux empaillés et masques de carnaval, des artefacts qui peupleront l’imagination du peintre.

Esprit pétillant, James se passionne pour la politique, la littérature et la poésie. Un jour, commentant sa naissance lors d’un banquet offert en son honneur, il dira :

Après une première initiation aux techniques artistiques à l’Académie d’Ostende, il débarque à Bruxelles chez son demi-frère Théo Hannon pour y poursuivre ses études à l’Académie des Beaux Arts. En compagnie de Théo, il est introduit dans les cercles bourgeois de libéraux de gauche qui fleurissent en périphérie de l’Université libre de Bruxelles (ULB).

Chez Ernest Rousseau, professeur à l’Université libre de Bruxelles, dont il deviendra recteur, Ensor découvre les enjeux de la lutte politique. Madame Rousseau est microbiologiste, passionnée d’insectes, de champignons et… d’art. Les Rousseau tiennent salon, rue Vautier à Bruxelles, près de l’atelier d’Antoine Wiertz et de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Rendez-vous privilégié pour les artistes, les libres penseurs et autres esprits influents. Ensor y rencontre Félicien Rops et son beau-fils Eugène Demolder, mais aussi peut-être l’écrivain et critique d’art Joris-Karel Huysmans ainsi que l’anarchiste communard et géographe français Elisée Reclus.

De retour à Ostende, Ensor installe son atelier dans la maison familiale où il réalise ses premiers chefs-d’œuvre, portraits empreints de réalisme et paysages inspirés par l’impressionnisme.

Aux pays des couleurs

« La vie n’est qu’une palpitation ! », s’écrie Ensor. Ses nuages sont des masses grises, or et azur au-dessus d’une ligne de toits. Sa Dame au brise-lames (1880) est prise dans un glacis de gris et de nacre, au bout de la jetée.

Ensor est un chef d’orchestre se servant de couteaux et de pinceaux pour étaler la peinture en couches fines ou épaisses et ajouter par-ci par-là des accents pâteux.

La mangeuse d’huître, peinture à l’huile, James Ensor, 1882.

Son génie prend tout son envol dans son tableau La Mangeuse d’huîtres (1882). Même si l’ensemble a l’air de dégager une certaine tranquillité, il peint en réalité une gigantesque nature morte qui semble avoir avalé sa sœur cadette Mitche.

L’artiste baptise d’abord le tableau Au pays des couleurs, plus abstrait que La Mangeuse d’huîtres, puisque ce sont bien les couleurs qui jouent le rôle principal dans la composition.

Nacres des coquillages, blanc bleuâtre de la nappe, reflets des verres et bouteilles, tout est dans la variation, tant dans l’élaboration que dans les tonalités de couleur. Ensor conserve l’approche classique : il utilise toujours des sous-couches tandis que les impressionnistes appliquent la peinture directement sur la toile blanche. Les pigments dont il se sert sont également très traditionnels : rouge vermillon, blanc de plomb, terre brune, bleu de cobalt, bleu de Prusse et outremer synthétique. Le jaune chrome de La Mangeuse d’huîtres fait exception. L’intensité de ce pigment est bien plus élevée que celle du jaune de Naples plus pâle qu’il utilisait auparavant. Mais ses couleurs, qu’il utilise souvent de manière pure au lieu de les mélanger, sont bien plus claires que celles des anciens.

L’écrivain Emile Verhaeren, qui écrira plus tard la première monographie du peintre, contemple La Mangeuse d’huîtres et s’exclame : « C’est la première toile réellement lumineuse ».

Epoustouflé, il souhaite mettre en avant Ensor comme le grand innovateur de l’art belge. Mais les avis ne sont pas unanimes. La critique n’est pas tendre : les couleurs sont trop criardes et l’œuvre est peinte de manière négligée.

De plus, il est immoral de peindre « un sujet de second rang » (En monarchie, il n’existe pas de citoyens, seulement des « sujets », une femme ne faisant pas partie de l’aristocratie) dans de telles dimensions – 207 cm sur 150 cm. Par la vue plongeante, librement appliquée, on a l’impression que tout dans le tableau va déborder de son cadre.

Le Salon d’Anvers, qui expose le meilleur de l’art actuel, refuse l’œuvre en 1882. Même les anciens compères bruxellois de L’Essor refusent La Mangeuse d’huîtres un an plus tard.

Le groupe des XX

C’est ainsi qu’en Belgique, la révolution artistique de 1884 démarrera par une phrase lancée par un membre du jury officiel : « Qu’ils exposent chez eux ! » avait-il clamé, refusant les toiles de deux ou trois peintres ; c’est donc ce qu’ils firent, en exposant chez eux, dans des « salons citoyens », ou en créant leur propres associations culturelles.

C’est dans ce contexte que Octave Maus et Ensor créeront à Bruxelles le « groupe des XX », cercle artistique d’avant-garde.

Parmi les « vingtistes » du début, outre Ensor, on trouve Fernand Khnopff, Jef Lambeaux, Paul Signac, George Minne et Théo Van Rysselberghe.

Parmi les artistes invités à venir exposer leurs œuvres à Bruxelles, de grands noms tels que Ferdinand Rops, Auguste Rodin, Camille Pissarro, Claude Monet, Georges Seurat, Gustave Caillebotte, Henri de Toulouse-Lautrec, etc.

C’est donc seulement en 1886 qu’Ensor peut exposer son œuvre novatrice La Mangeuse d’huîtres pour la première fois au groupe des XX.

Pour autant, ce n’est pas la fin de son calvaire. En 1907, le conseil communal de Liège décide de ne pas acheter l’œuvre pour le musée des Beaux-Arts de la ville.

Heureusement, Emma Lambotte, amie d’Ensor, ne laisse pas tomber le peintre. Elle achète le tableau et l’expose chez elle, dans son salon citoyen.

Engagement social et politique

Affiche annonçant l’ouverture de la Maison du peuple avec une cantate chantée par 1000 exécutants !

Les troubles sociaux contemporains de son ascension en tant que peintre, qui virent à la tragédie lors des affrontements meurtriers de 1886 entre ouvriers et garde civique, l’incitent à trouver dans les masses en tant qu’acteur collectif un puissant compagnon d’infortune.

A la fin du XIXe siècle, la capitale belge, est une marmite bouillonnante d’idées révolutionnaires, créatrices et innovantes. Karl Marx, Victor Hugo et bien d’autres, y trouvent exil, parfois brièvement.

Le symbolisme, l’impressionnisme, le pointillisme et l’art nouveau s’y disputent leurs titres de gloire. Pour sa part, Ensor, il faut bien le reconnaître, puisant dans tous les courants, restera un inclassable s’élevant au-dessus des modes, des tendances du moment et des goûts éphémères, et de très loin.

Si Marx s’est trompé sur bien des points, il comprenait bien qu’à une époque où la finance tirait sa richesse de la production, la modernisation des moyens de production portait en germe la transformation des rapports sociaux. Tôt ou tard, et à tous les niveaux, ceux qui produisent la richesse clameront leur juste place dans le processus décisionnel.

Le combat d’Ensor pour un art plus libre reflète et coïncide avec le changement d’époque qui s’opère alors.

Partie de Vienne en Autriche, la crise bancaire de mai 1873 provoque un krach boursier qui marque le début d’une crise appelée la Grande Dépression, et qui court sur le dernier quart du XIXe siècle. Le 18 septembre 1873, Wall Street est pris de panique et ferme pendant 10 jours.

En Belgique, après une période marquée par une vertigineuse industrialisation, la loi Le Chapelier, une loi appliquée en 1791, soit quarante ans avant la naissance de la Belgique, qui interdisait la moindre forme d’organisation d’ouvriers, est abrogée en 1867, mais la grève est toujours un crime sanctionné par l’État.

C’est dans ce contexte qu’une centaine de délégués de représentants de syndicats belges fondèrent en 1885 le Parti ouvrier belge (POB). Réformistes et prudents, ils réclament en 1894, non pas la « dictature du prolétariat », mais une forte « socialisation des moyens de production ».

La même année, le POB obtient 20 % des suffrages exprimés aux élections législatives et compte 28 députés. Il participe à plusieurs gouvernements jusqu’à sa dissolution lors de l’invasion allemande en mai 1940.

Horta, Jaurès et la Maison du Peuple de Bruxelles

La Maison du Peuple, construit par Victor Horta à la demande du Parti Ouvrier Belge (POB).

L’architecte Victor Horta, grand innovateur de l’Art Nouveau et dont les premières demeures symbolisent un nouvel art de vivre, sera chargé par le POB de construire la magnifique « Maison du Peuple » à Bruxelles, un bâtiment remarquable, fait principalement d’acier, abritant un maximum de fonctionnalités : bureaux, salle de réunion, magasins, café, salle de spectacle…

Le bâtiment fut inauguré en 1899 en présence de Jean Jaurès. En 1903, Lénine y participa au congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie.

Jean Jaurès prononça d’ailleurs son dernier discours, le 29 juillet 1914, au Cirque Royal de Bruxelles, lors d’une grande réunion de l’Internationale socialiste pour sauver la paix.

En parlant des menaces de la guerre, Jaurès dit :

Selon les témoins, à Bruxelles, le discours de Jaurès souleva l’auditoire, composé de milliers de personnes appartenant à toutes les classes de la société. Deux jours plus tard, le 31 juillet 1914, Jaurès, de retour à Paris, est assassiné.

Quant à la Maison du Peuple de Bruxelles, elle fut détruite en 1965 et remplacé par un remarquable chef-d’œuvre de la laideur.

Alimentation doctrinaire

Alimentation doctrinaire, James Ensor, eau-forte.

L’art d’Ensor, surtout dans ses gravures, sera l’écho de ce grand chamboulement. Sa critique sociale et politique serpente à travers ses meilleures œuvres, dont aucune n’est peut-être aussi virulente que sa gravure Alimentation doctrinaire (1889/1895) montrant des figures incarnant les pouvoirs en place (Le roi des Belges, le clergé, etc.) littéralement déféquant sur les masses, une sale habitude qui reste bien enracinée chez nos « élites », si l’on revoit le traitement qu’on a infligé, sans la moindre discrimination, à nos « gilets jaunes ».

Ensor, dans ces gravures, présente les grandes revendications du POB : le suffrage universel (voté en 1893, de façon imparfaite, du moins pour les hommes), le service militaire « personnel » (c’est-à-dire pour tous, voté en 1913) et l’instruction universelle obligatoire (votée en 1914).

La revanche

Face à l’injustice et à l’incompréhension, Ensor ne peut plus réprimer sa juste colère. Pour s’amuser, et reconnaissons-le, se venger, il compte bien « se payer » ceux qui l’ignorent, le méprisent et le sabotent, avant tout cette aristocratie belge qui s’accroche à ses privilèges comme les moules aux roches.

Déconstruisant le carcan des règles académiques, s’inspirant de Goya, Ensor se forge alors un langage puissant de métaphores et de symboles.

Dans un premier temps, il veut renvoyer cette élite oligarchique belge, se prétendant hypocritement « catholique », aux fondements mêmes des principes humanistes qu’elle piétine.

Entre 1888 et 1892, Ensor a commencé à traiter des thèmes religieux. Comme le firent aussi Gauguin et Van Gogh, le peintre s’identifie au Christ persécuté.

Entrée du Christ à Bruxelles, James Ensor, 1889.

En 1889, à 28 ans, il peint L’Entrée du Christ à Bruxelles, une vaste toile satirique qui fit sa renommée. Même ses proches, désireux de à se faire reconnaître pour exister, n’en veulent pas. La toile est refusée au Salon des XX où il est question de l’exclure du Cercle dont il est pourtant l’un des membres fondateurs ! Contre le souhait d’Ensor, les « vingtistes », courant vers le succès, se séparent quatre ans après pour se recréer sous le nom de La Libre Esthétique.

Dans cette œuvre, une large banderole rouge renseigne « Vive la sociale » et non « Vive le Christ ». Seul un petit panneau sur le côté applaudit un Jésus, roi de Bruxelles. Mais que diable le prophète, qui a les traits du peintre et presque perdu dans la foule, vient-il faire à Bruxelles ? Le socialisme a-t-il remplacé le christianisme au point que si Jésus revenait aujourd’hui, il le ferait sous la banderole « Vive la sociale », référence à la « République sociale » dont les partisans mettaient en avant le droit au travail, le rôle de l’État dans la lutte contre les inégalités, le chômage et la maladie ?

Pour les amis d’Ensor, il avait perdu la raison. En effet, il fallait « être fou » pour prendre de face, aussi bien l’oligarchie dominante que le peuple dont il espérait obtenir respect et reconnaissance.

L’avocat et critique d’art belge Octave Maus, co-fondateur avec Ensor des XX, a résumé de manière célèbre la réaction des critiques d’art contemporains au « coup de gueule pictural » d’Ensor :

En 1894, invité à exposer à Paris, son œuvre, plus objet intellectif qu’esthétique, suscite peu d’intérêt. Désespéré de ne pas rencontrer le succès, Ensor, persistera avec une peinture survoltée, sauvage, saturée et violemment bariolée.

Squelettes et masques

Collection de masques. Musée Ensor, Ostende.

Très tôt, des têtes de mort, des squelettes et des masques font irruption dans son œuvre. Il ne s’agit pas là de l’imagination morbide d’un esprit malade comme le prétendent ses calomniateurs.

Radical ? Insolent ? Certes ; sarcastique, souvent ; pessimiste ? Jamais ! ; anarchiste ? disons plutôt « esprit gilet jaune », c’est-à-dire fortement contestataire d’un ordre établi ayant perdu toute légitimité et, absorbé par d’immenses manœuvres géopolitiques, marchant comme une horde de somnambules vers la « Grande Guerre » et la Deuxième Guerre mondiale qui vient derrière !

Têtes de morts, symboles de la vérité

Vanité.

Poétiquement, Ensor va ressusciter la métaphore ultra-classique des « Vanités » de la Renaissance, thème en somme très chrétien qui figure déjà dans « Le Triomphe de la Mort », ce poème de Pétrarque qui inspira le peintre flamand Pieter Bruegel l’Ancien ou encore la série de gravures sur bois d’Holbein, « La danse macabre ».

Un crâne juxtaposé à un sablier étaient les éléments de base permettant de visualiser le caractère éphémère de l’existence humaine sur terre. En tant qu’humains, nous rappelle cette métaphore, nous essayons en permanence de ne pas y penser, mais fatalement, nous finissons tous par mourir, du moins sur le plan corporel.

Notre « vanité », c’est cette envie permanente de nous croire éternels.

Ensor, n’hésitait pas à faire appel aux symboles. Pour pénétrer son œuvre, il faut donc savoir lire le sens qu’ils « cachent ». Visuellement, face au triomphe du mensonge et de l’hypocrisie, Ensor, en bon chrétien, érige donc la mort en seule vérité capable de donner du sens à notre existence. C’est elle qui triomphe sur notre existence physique.

Les masques, symbole du mensonge.

Autoportrait, James Ensor, 1899.

Petit à petit, comme dans La Mort et les masques (1897) (image en tête d’article), l’artiste va dramatiser encore un peu plus cette thématique en opposant la mort à des masques grotesques, symbole du mensonge et de l’hypocrisie des hommes. 1

Souvent dans ses œuvres, dans une inversion sublime des rôles, c’est la mort qui rit et ce sont les masques qui hurlent et pleurent, jamais l’inverse.

On dira que c’est grotesque et effroyable, mais en réalité, ce n’est que normal : la vérité rit lorsqu’elle triomphe et le mensonge pleure lorsqu’il voit sa fin arriver ! A cela s’ajoute, que lorsque la mort revient parmi les vivants et montre la flamme tremblante du chandelier, ces derniers hurlent, alors que la première a un gros avantage : elle est déjà morte et donc apparaît vit sans crainte ! 

Pensant sans doute à cette aristocratie bruxelloise qui accourut à Ostende pour y faire trempette, Ensor écrit :

Ce même Ensor fustigea également les mauvais médecins tirant un immense ver solitaire du ventre d’un patient, les rois et les prêtres qu’il peignit « chiant » littéralement sur le peuple. Il pourfend les poissardes des bars, les critiques d’art qui n’ont pas vu son génie et qu’il peint sous la forme de crânes se disputant un hareng saur (jeu de mot sur « Art Ensor »).

Les Carnets du Roi

En 1903, un scandale d’une ampleur inédite éclate et secoue la Belgique, la France, et les pays voisins. Les Carnets du Roi, un ouvrage publié anonymement à Paris, et rapidement interdit à Bruxelles, dresse le portrait d’un autocrate à barbe blanche.

Sans le nommer, on y voit aisément Léopold II, le roi des Belges. Arrogant, prétentieux et roublard, il se révèle plus soucieux de s’enrichir et de collectionner les maîtresses que de veiller au bien commun des citoyens et au respect des lois d’un état démocratique. L’ouvrage, publié par un éditeur belge installé à Paris, avait jailli sous la plume d’un écrivain belge de la région liégeoise, Paul Gérardy (1870-1933), par hasard, un ami d’Ensor.

L’histoire des Carnets du Roi est avant tout celle d’un monarque dont on ne manque pas de se gausser par l’écrit et le dessin durant tout son règne, mais dont on critique également de façon extrêmement virulente, les méthodes utilisées pour gouverner son domaine personnel du Congo.

Divisé en une trentaine de courts chapitres, l’ouvrage se présente comme une suite de lettres et de conseils que le roi vieillissant adresse à celui qui devrait bientôt lui succéder sur le trône, son neveu Albert, par la suite protecteur d’Ensor et très impliqué avec son ami Albert Einstein qu’il accueillit en Belgique, à prévenir l’avènement de la Deuxième Guerre mondiale.

Dans Les Carnets, véritable satire, le monarque explique combien l’hypocrisie, le mensonge, la trahison et le double langage sont nécessaires à l’exercice du pouvoir : non pas pour assurer le bien des « gens du peuple » ou la stabilité de l’État monarchique, mais tout simplement pour s’enrichir sans vergogne. Les pages consacrées à l’exploitation des populations du Congo et au « rétablissement de l’esclavage » (sic) par un roi qui passait, via l’explorateur Stanley, pour en avoir été l’un des éradicateurs, sont d’une impitoyable lucidité.

Elles rejoignent les dénonciations les plus autorisées du monarque à la barbe blanche, à qui Gérardy prête ces mots :

Rencontre avec Albert Einstein

Après 1900, des premières expos lui sont consacrées. Verhaeren écrit sa première monographie. Mais, curieusement, ce succès a désamorcé sa force de peintre. Il se contente de répéter ses thèmes favoris ou de s’autoportraiturer, y compris en squelette. Il reçoit en 1903 l’Ordre de Léopold. Enfin reconnu !

James Ensor (à droite), lors de sa rencontre avec Albert Einstein. Au centre, le ministre français Anatole de Monzie (chapeau blanc) et son secrétaire privé.

Le monde entier défile à Ostende pour le voir. Au début de l’année 1933, Ensor y rencontre Albert Einstein, de passage en Belgique après avoir fui l’Allemagne. Einstein, qui a résidé pendant quelques mois à Den Haan, non loin d’Ostende, fut protégé par le roi des Belges, Albert Ier, avec qui il se coordonne pour tenter d’empêcher une nouvelle guerre mondiale.

Si l’on prétend qu’Ensor et Einstein ne se comprenaient guère, la citation suivante indique plutôt le contraire. Ensor, toujours lyrique, aurait dit :

En 1929, le roi Albert Ier accorde le titre de baron à James Ensor.

En 1934, à l’écoute de tout ce qu’apporte Franklin Roosevelt et voyant la Belgique prise dans le tumulte du krach de 1929, le roi des Belges missionne son Premier ministre De Broqueville pour réorganiser le crédit et le système bancaire à l’instar du modèle du Glass-Steagall Act adopté aux Etats-Unis en 1933.

Le 17 février 1934, lors d’une escalade à Marche-les-Dames, Albert I décède dans des conditions jamais élucidées. Le 6 mars, De Broqueville fait un discours au Sénat belge sur la nécessité de faire son deuil du Traité de Versailles et d’arriver à une entente des Alliés de 1914-1918 avec l’Allemagne sur le désarmement, faute de quoi on irait vers une nouvelle guerre…

De Broqueville entame ensuite avec énergie la réforme bancaire. Ainsi, le 22 août 1934 sont promulgués plusieurs Arrêtés Royaux notamment l’Arrêté n°2 du 22 août 1934, relatif à la protection de l’épargne et de l’activité bancaire, imposant une scission en sociétés distinctes, entre banques de dépôt et banques d’affaire et de marché.

Bombes picturales

A partir de 1929, Ensor est surnommé le « prince des peintres ». L’artiste a une réaction inattendue face à cette reconnaissance trop longtemps attendue et trop tard venue à son goût : il abandonne la peinture et consacre les dernières années de sa vie exclusivement à la musique contemporaine avant de mourir en 1949, couvert d’honneurs.

Squelette arrêtant masques (1891), Ensor.

En 2016, une toile d’Ensor de 1891, surnommée « Squelette arrêtant masques », restée dans la même famille depuis près d’un siècle et inconnue des historiens, s’est vendu à 7,4 millions d’euros, record mondial pour cet artiste.

Au centre, la mort (ici un crâne coiffé du bonnet en peau d’ours typique du 1er régiment de grenadiers) prise à la gorge par d’étranges masques qui pourraient représenter les souverains de pays préparant les prochains conflits. Les masques (le mensonge) s’apprêtent à étrangler sans succès la vérité (la tête de mort) ? Ainsi, plus de cent ans plus tard, les bombes picturales d’Ensor explosent encore joyeusement à la tête des esprits étroits et frileux, des bourgeois enfarinés et des pisse-vinaigre, comme il l’aurait dit lui-même.


  1. En 1819, un autre artiste, le poète anglais Percy Bysshe Shelley avait composé son poème politique Le Masque de l’Anarchie en réaction au massacre de Peterloo (18 morts, 700 blessés) lorsque la cavalerie chargea une manifestation pacifique de 60 000 à 80 000 personnes rassemblées pour demander une réforme de la représentation parlementaire. Dans cet appel à la liberté, il dénonce une oligarchie tuant à sa guise (l’anarchie). Loin d’un appel à la contre-violence anarchique, il s’agit peut-être de la première déclaration moderne du principe de résistance non violente. ↩︎
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Le Bac (d’après Pierre Billet)

Le Bac, huile sur toile, copie/invention réalisée par Karel Vereycken à partir d’une gravure reproduisant le tableau originel éponyme de Pierre Billet (1836-1922).
Le Bac, gravure d’après le tableau à l’huile de Pierre Billet.
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LOUVRE AUDIO GUIDE: Mona Lisa made in China?

Karel Vereycken analyzing Leonardo da Vinci’s « Mona Lisa », Louvre, Paris.

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LOUVRE AUDIO GUIDE: short note before starting your visit

Karel Vereycken, short note before starting your visit.

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LOUVRE AUDIO GUIDE: Rembrandt, sculptor of light

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LOUVRE AUDIO GUIDE: Why Vermeer was hiding his convictions

Karel Vereycken, analyzing Johannes Vermeer masterwork, « The Astronomer », Louvre, Paris.

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Rembrandt and the Light of Agapè

Rembrandt Harmenszoon van Rijn. Don’t count on me here to tell his story in a few lines! (*1) In any case, since the romantics, all, and nearly to much has been said and written about the rediscovered Dutch master of light inelegantly thrown into darkness by the barbarians of neo-classicism.

By Karel Vereycken, June 2001.

The uneasy task that imparts me here is like that of Apelles of Cos, the Greek painter who, when challenged, painted a line evermore thinner than the abysmal line painted by his rival. In order to draw that line, tracing the horizons of the political and philosophical battles who raged that epoch will unveil new and surprising angles throwing unusual light on the genius of our painter-philosopher.

First, we will show that Rembrandt (1606-1669) was « the painter of the Thirty years War » (1618-1648), a terrible continental conflict unfolding during a major part of his life, challenging his philosophical, religious and political commitment in favor of peace and unity of mankind.

Secondly, we will inquire into the origin of that commitment and worldview. Did Rembrandt met the person and ideas of the Czech humanist Jan Amos Komensky (« Comenius ») (1592-1670), one of the organizers of the revolt of Bohemia? This militant for peace, predecessor of Leibniz in the domain of pansophia (universal wisdom), traveled regularly to the Netherlands where he settled definitively in 1656. A strong communion of ideas seems to unite the painter with the great Moravian pedagogue.

Also, isn’t it astonishing that the treaties of Westphalia, who put an end to the atrocious war, are precisely based on the notions of repentance and pardon so dear to Comenius and sublimely evoked in Rembrandt’s art?

Finally, we will dramatize the subject matter by sketching the stark contrast opposing Rembrandt’s oeuvre with that of one of the major war propagandist: (Sir) Peter Paul Rubens (1577-1640).

Rembrandt, who finished rejecting any quest for earthly glory could not but paint his work away from that of the fashion-styled Flemish courtier painter. Moreover, Rubens was in high gear mobilizing all his virtuoso energy in support of the oligarchy whose Counter Reformation crusades and Jesuitical fanaticism were engulfing the continent with gallows, fire and innocent blood.

What Rembrandt advises us for his painting also applies to his life: if you stick your head to close to the canvass, the toxic odors will sharply irritate your nose and eyes. But taking some distance will permit you to discover sublime and unforgettable beauty.

What Art?

Since the triumph of Immanuel Kant‘s modernist thesis, the Critique of the Faculty of Judgment, it has not been « politically correct » to assert that art has a political dimension. And with good reason! If art can influence the course of history and shape it through its power, it is because it is a vector of ideas! An impossibility, according to the Kantian thesis, because art is a gratuitous act, free of everything, including meaning. The ultimate freedom! You either like it or you don’t, it’s all a matter of taste.

Following in the footsteps of the German poet Friedrich Schiller, we’re here to convince you otherwise, and abolish the tyranny of taste. For us, art is an eminently political act, although the work of art has nothing in common with a mere political manifesto, and the artist can in no way be reduced to an ordinary « activist ».

His domain, that of the poet, the musician or the visual artist, is to be a guide for mankind. To enable people to identify within themselves what makes them human, i.e. to strengthen that part of their soul, of their divine creativity, which places them entirely at the zenith of their responsibility for the whole of creation.

To achieve this, and we’ll develop this here, what counts in art is the type of conception of love it communicates. By making this « universal » sensitive, sublime art makes the most elevated conception of love accessible.

Such art, which forces us think, employs enigmas, ambiguities, metaphores and ironies to give us access to the idea beyond the visible. For art that limits itself to theatricality and the beauty of form fatally sinks into erotic, romantic love, depriving man of his humanity and therefore of his revolutionary power.

Rubens will be the ambassador of the great un-powers of his time: the glory of the empire and the magnificent financial strength of those days « new economy », the « tulip bubble ». In short, the oligarchy.

Rembrandt, in turn, will be the ambassador of the have-nots: the weak, the sick, the humiliated, the refugees; he will live in the image of the living Christ as the ambassador of humanity. It might seem strange to you to call such a man the « the painter of the thirty years war. »

Paradoxically, his historical period underscores the fact that very often mankind only wakes up and mobilizes its best resources for genius when confronted with the terrible menace of extinction. Today, when the Cheney’s, the Rumsfeld’s and the Kissinger’s want to plunge the world into a « post-Westphalian epoch », in reality a new dark age of « perpetual war », Rembrandt will be one of our powerful weapons of mass education.

Historical context and the origins of the war

Before entering Rembrandt, it is indispensable to know what was at stake those days. The academic name « Thirty Years War » indicates only the last period of a far longer period of « religious » conflict which was taking place around the globe during the sixteenth century, mainly centered in central Europe, on the territory of today’s Germany.

While 1618 refers to the revolt of Bohemia, the 1648 peace of Westphalia defines a reality far beyond the apparent religious pretext: the utter ruin of the utopian imperial dream of Habsburg and the birth of modern Europe composed of nation-states (*2)

On the reasons for « religious » warfare, let us look at the first half of the sixteenth century. At the eighteen years long Council of Trent (1545-1563), the Roman Catholic Church discarded stubbornly all the wise advise given earlier to avoid all conflict by one of its most ardent, but most critical supporters: Erasmus of Rotterdam.

As Erasmus forewarned, by choosing as main adversary the radical anti-semite demagogue Martin Luther, the church degraded itself to sterile and intolerant dogmatism, opening each day new highways for « the Reformation ».

The religious power-sharing of the « Peace of Augsburg » of 1555, between Rome and the protestant princes, temporarily calmed down the situation, but the ambiguous terms of that treaty incorporated all the germs of the new conflicts to come. Note that « freedom of religion » meant above all « freedom of possession ». The « peace » solely applied to Catholics and Lutherans, authorizing both to possess churches and territories, while ostracizing all the others, very often abusively labeled « Calvinists ».

Playing diabolically on internal divisions, some evil Jesuits of those days set up Calvinists and Lutherans to combat each other bitterly, by claiming, for example in Germany, that Calvinism was illegal since not explicitly mentioned in the treaty. Furthermore, the citizen obtained no real freedom of religion; he was simply authorized to leave the country or adopt the confessions of his respective lord or prince, which in turn could freely choose.

As a result of a general climate of suspicion, the protestant princes created in 1608 the « Evangelical Union » under the direction of the palatine elector Frederic V. Their eyes and hopes were turned on King Henri IV‘s France, where the Edit of Nantes and other treaties had ended a far long era of religious wars. After Henry IV‘s assassination in 1610, the Evangelical Union forged an alliance with Sweden and England.

The answer of the Catholic side, was the formation in 1609 of a « Holy League » allied with Habsburg’s Spain by Maximilian of Bavaria. Beyond all the religious and political labels, a real war party is created on both sides and the heavy clouds carrying the coming tempest threw their menacing shadows on a sharply divided Europe.

1618: The Revolt of Bohemia

Prague defenstration.

Hence, after the never-ending revolt of the Netherlands, the very idea of an insurrection of Bohemia drove the Habsburgs (and the slave trading Fugger and Welser banking empires controlling them) into total hysteria, since they felt the heath on their plans. If Bohemia would become « a new, but larger Holland », then many other nations, such as Poland, could join the Reformation camp and destabilize the imperial geopolitical power balance forever.

As from 1576, the crown of Bohemia was in the hands of the Catholic Rudolphe II, Holy Roman Emperor. Despite a far-fetched passion for esotericism, Rudolphe II will be the protector of astronomers Tycho Brahe and Johannes Kepler in Prague.

In 1609, the Protestants of Bohemia obtain from him a « Letter of Majesty » offering them certain rights in terms of religion. After his death in 1612, his brother Matthias, Holy Roman Emperor, became his successor and left the direction of the country to cardinal Melchior Klesl, a radical Counter Reformation militant refusing any application of the « letter of majesty ».

This set the conditions for the famous « defenestration of Prague », when two representatives of the imperial power were thrown out of the window and fall on a manure heap, at the end of hot diplomatic negotiations. That highly symbolical act was in reality the first signal for a general uprising, and following the early death of Matthias, the rebels made Frederic V their sovereign instead of accepting Habsburg’s choice.

Charles Zerotina, a protestant nobleman and Comenius, (see box below), a Moravian reverend and respected community leader, masterminded that revolt. Frederic V, for example was crowned in 1619 by Jan Cyrill, who was Zerotina’s confessor, and whose daughter will become Comenius wife.

The insurgents were defeated at the battle of White Mountain, close to Prague, in 1620 by a Catholic coalition, composed of Spanish troops pulled out of Flanders together with Maximilian’s Bavarians. On the scene: French philosopher René Descartes, who paid his own trip and who was part of the war coalition and joined in entering defeated Prague in search for Kepler’s astronomical instruments… (*3)

An arrest warrant immediately targeted Comenius, who escaped with Zerotina from bloody repression. Protestantism was forbidden and the Czech language replaced by German.

Most resistance leaders were arrested and 27 beheaded in public. Their heads were put up on pins and shown on the roof of Prague’s Saint-Charles bridge.

One of them was the famous Jan Jessenius, head of the University of Prague who performed one of Europe’s early public anatomical dissections in 1600 and was a close friend of Tycho Brahe. To warn those who used their speech to encourage « heresy », his tongue was pulled out before he was beheaded, quartered and impaled.

Thirty thousand people went into exile while Frederic V and his court took refuge in Den Haag in the Netherlands. There, but years before, Comenius had a personal encouter with the future « Winterkönig » and his wife Elisabeth Stuart, on their way back from their wedding in England for which Shakespeare had arranged a representation of « The Tempest ».

A World War

Misery and calamities of war, Jacques Callot.

1618 marked the outbreak of an all-out war across Europe, provoked by the imperial drive of Habsburg to reunify all of the continent behind one unique emperor and one single religion.

As of 1625, aided by French and English financial facilities, Christian IV of Denmark and Gustave Adolphus of Sweden intervened on the northern flank against Habsburg descending from the north as far as up till Munich.

Then, France opened another flank on the western front in 1635. Catholic cardinal Richelieu, who defeated the Huguenots at LaRochelle in 1628 (since he « fought their political rights but not their religious ones », will heavily aid the Protestant camp. His fears were that,

« if the protestant party is completely in shambles, the offensive of the house of Austria will come down on France ».

The famous etchings of the Lorraine engraver Jacques Callot, « Misery and calamities of war » of 1633, give an idea how this savage war swept Europe with its cortège of misery, famine, epidemics and desolation.

The estimated population loss on the territory of present day Germany indicates a downturn from 15 to less than 10 million. Hundreds of cities were turned back into simple villages and thousands of communities simply disappeared from the map.

War affected all the colonies of those powers involved in the conflict. Dutch and English pirates would sink any Spanish or Portuguese ships encountered at the other edge of the Earth’s curve. For Spain, loyal pillar of Habsburg, 250 million ducats were spent for the war effort (between 1568 and 1654), despite the state bankruptcy of 1575. That amount represents more than the double of the revenue from the loot of the new world (gold, spices, slaves, etc.) which scarcely amounted only to 121 million ducats…

Rembrandt and Comenius

That the young Rembrandt was totally heckled by the situation of general war which was shaking up Europe is easily visible in the early self-portrait of Nuremberg.

Here he portrays himself divided between two choices. One shoulder reveals the gorget, a piece of armor that invokes the patriotic call for serving the nation calling on every young Dutchman of his generation in age of serving the military, especially after the surprise attack of the Spanish troops on Amersfoort of august 1629.

The other shoulder is nonchalantly caressed by a « liefdelok », the French « cadenette » or lovelock exhibited by amorous adolescents. What to choose? Love the nation, or the beloved?

More and more irritated by the ambitions of Constantijn Huygens, the powerful secretary of the stadholder which got him well-paid orders for the government and made him move from Leiden to Amsterdam, Rembrandt’s thinking and activity gets ever more concentrated and powerful.

Ten years later, the dying away of his wife Saskia in 1642, year of the « Night watch », plunges the painter into a deep personnal existential crisis. Gone, the self-portraits where he paints himself as an Italian courtier, with a glove in one hand carrying a heavy golden chain around his neck fronting for his social status and competing with the court. Suddenly he seems to realize that the totality of the world’s gold will never buy back the lost lives of those once loved.

When interrogated on the matter, Rembrandt would bluntly state he didn’t need to go to Italy, as the tradition used to be, since everything Italy ever produced came to him anyway as it was available in one form or another on the Amsterdam art market. But traveler he was, as drawings of the gates of London indicate, done in the early forties, maybe the year Comenius crossed the channel?

In 1644, the neo-Platonist rabbi and teacher of Spinoza, Menasseh Ben Israel, for which Rembrandt illustrated books, received a letter from Comenius agent John Dury, chaplain of Mary Princess of Orange, starting a discussion on the reintegration of the Jews in England, and Menasseh finally went for negotiations to meet Cromwell in 1655.

The Nightly Conspiracy

« The nightly conspiracy of Claudius Civilus at the Schakerbos ».

Although some timid hypothesis’ exists concerning Comenius‘ influence on Rembrandt, a rigorous historian’s research could certainly bring more light on this matter.

Although Rembrandt’s worldview evolved in an environment of the Mennonite community, peace-loving Anabaptists miles away from any political commitment, Rembrandt’s passion for the « cause of Bohemia » seems particularly striking in « The nightly conspiracy of Claudius Civilus at the Schakerbos ».

The large painting figured as one in a series planned to decorate the new Amsterdam city hall to celebrate the revolt of the Batavians against the Romans. Starting from historical elements of Tacitus, the story had been cooked up to warm up Dutch patriotism since the reference to Spanish tyranny was clear to all. For reasons unknown today, Rembrandt’s painting was taken down after a couple of months. To mock the cowardice of the ruling elites, Rembrandt seems to have transposed the historical scene into his present timeframe.

One Swedish historian thinks that the leader of the conspiracy here is not Claudius Civilis (the Batavian general who lost an eye in battle), but another general who equally lost an eye in battle and which was non-other than the Hussite general Jan Zizka! (*4).

Remember that Comenius and the revolt of Bohemia strongly identified with John Huss. Looking closely makes you discover that Rembrandt’s Claudius Civilis is indeed dressed up in central European costume. From left to right one sees first a Dutch patrician. Is this a portrait of the then rising republican Jan De Wit?

Next, one sees a monk, without weapons, who poses his hand on Civilus’ arm in a conspiratorial gesture. Is this Comenius resistance movement, the Unity of the Brethren?

According to the historians, the two chalices, one wide, the other narrow, could signify the « Eucharist under the two species », namely that bread and wine be shared with all, which happened to be one of the demands of the Jan Hus tradition.

One also can identify a Jew or rabbi taking place in the conspiracy. Looks pretty weird for a simple Batavian conspiracy! That the establishment was unhappy to see their hero painted as an ugly Cyclops seems probable.

But to be challenged in their flight forward into pompous fantasy in stead of taking up the urgent tasks of their time was another one.

King of Swedish Steel, Louis De Geer

Louis de Geer.

Comenius arrives in Amsterdam on invitation of the de Geer family in 1656, the year of Rembrandt’s bankruptcy (*5).

Louis de Geer, alias « the Steel King » and his son Laurent were the life-long protectors of Comenius for whom they paid the funeral and even build a chapel in the city of Naarden, some miles outside Amsterdam.

Originally from Luik (Liège) in today’s Belgium, that uncompromising Calvinist family settled in Amsterdam. It was the de Geer family who led the foundations of Sweden’s industrial flowering of iron, steel and copper . To do this, de Geer brought three hundred families of Walloon steelworkers to Sweden, and for whom he build hospitals, schools, housing projects and commercial facilities.

De Geer also financed the scottish preacher John Dury and the « intelligencer » Samuel Hartlib, two active friends of Comenius in England. At war with the Royal Society and Francis Bacon, they wanted to render scientific knowledge available to all of the population.

John Milton’s treatise On Education was dedicated to the same Samuel Hartlib. Louis de Geer and Sweden’s prime Minister Johan Skytte, realized Comenius education projects were the best of all possible investment to foster the physical economy. His educational reforms created a labor force of such an exceptional quality and astonishing productivity, that they warmly invited him to Sweden and asked him to reform the nation’s educational system.

That relationship of Comenius with the de Geer family leads us to Rembrandt, since Louis de Geer’s sister, Marghareta, and her husband Jacob Trip, one of the major shareholders of the Swedish copper mines, had their portrait done by Rembrandt, offering him a well paid order during very difficult years.

Margaretha De Geer, painted by Rembrandt.

The City of Amsterdam allotted Comenius a yearly pension, encouraged him to publish his complete works on pedagogy and offered him the keys of the city library. Comenius brought over his family and assistants and installed a library and a printing shop behind the Westerkerk where Rembrandt will be buried.

Comenius, when going every day from his house to his printing shop crossed the street where Rembrandt lived his last days. Since early this century, Czech curators got convinced that Rembrandt’s Portrait of an old man at the Uffizi Gallery in Florence, is in reality a portrait of Comenius (*6).

True or not, one has to realize that Rembrandt demanded to each of his models to sit each day for four hours over a period of three months to paint their portrait, a thing maybe not so evident for the aging Comenius.

But what is known with certainty is the fact that one of Rembrandt’s pupils, Juriaen Ovens, painted Comenius portrait during that period.

The Peace of Westphalia and the « Via Lucis »

Signing of the Peace of Westphalia in Münster 1648.

Although Bohemia did not gain its long-desired independence at the peace of Westphalia, one cannot underestimate Comenius influence on the negotiations leading to the establishment of the peace-treaty. His work, Cesta Pokoje (Road to peace) of 1630, written in Czech is described as,

« an ethical-religious writing in which love, faith and mutual comprehension are established as the single ethical foundations of a possible peace ».

From 1641 to 1642, right before the start of the first peace negotiations, Comenius wrote the Via Lucis (The path of light), which could have been used as a guiding memorandum for the negotiators.

At the question if this Via Lucis was a millenarist mystical vision, as has been often pretended, we can consider the following.

Asked what could be hoped for and when a major change could take place, Comenius answered that the hope would come with the arrival of a time where the Gospel of the Kingdom would be preached all over the world and universal peace established.

That change could arise as the result of the emergence of a light to which will turn not only the Christian, but all the people of the world.

That light will come, « from the combination of the lanterns of human conscience, of a rational consideration of the works of God or of nature, and from the law or divine will ».

For him, « human enterprise can, through prayer and considerations of pious men imagine the possible ways to unite these rays of light, to irradiate them on the entirety of the human species and to spill similar thoughts in the minds of others » (*7).

Rembrandt’s etching that Goethe would (wrongly) use as the frontispiece for his Faust in 1790, since the light here is the divine light and not that of the devil.

One identifies exactly that concept in an etching of Rembrandt that Goethe awkwardly used by having it copied as frontispiece for his Faust in 1790 (*8).

The subject here is not at all a man going along to get along with the devil, but light (mirror of Christ) enlightening the life and the mind of the mortals. Way before Voltaire and opposed to the Venetian illuminati, Comenius and Rembrandt made own the metaphor of light.

To get an even more precise idea of Comenius demands for peace, one can read another memorandum called Angelus Pacis (The peace-angel),

« send to the English and Dutch peace Ambassadors at Breda, a writing designated to be sent afterwards to all the Christians of Europe and then to all the nations of the world in order to stop them, that they cease fighting each other ».

Comenius first remarks laconically that England and Holland are morally so degraded that they even don’t need some spiritual difference as a pretext, but fight each other for purely material possessions! As a way out, he proposes a new friendship:

« But how do you conceive that new friendship (or rather reestablishment of your friendship)? Will it be not by the general pardon that you will allow each other? The wise men have always seen the oblivion of received injuries as the surest road leading to peace. Touching too rudely the wounds, is to revivify the pains and to furnish the wounds an occasion for irritation.

« When this is true, it would be to be wished that the river Aa, whose tranquil waters irrigate Breda, would turn for this hour into the river Lethe of which the poets tell us that whoever drinks their water forgets everything of the past.

« The one who is guilty of trouble, God will find him, even when men, for love of peace, spare him. That the just one starts accusing himself; that means that the one whose conscience accuses him of having broken the friendship and witnessed enmity, should, according to justice, be the first one and the most ardent to reestablish friendship. If the offended party neglects that duty of justice, it will be the honor of the offended party to assume that honorable role, according to the word of the philosopher. » (*9)

COMENIUS: TEACH EVERYTHING TO ALL AND EVERYONE

Jan Amos Komensky (« Comenius ») (1592-1670) was above all a militant teacher, practicing « the universal art of teaching everything to everybody » (pan-sophia) and reckless source of inspiring enthusiasm.

One year after his death in 1670, Leibniz wrote of him: « time will come, Comenius, that honors will be offered to your works, to your hopes and even to the objects of your desires ».

In some domains, indeed, Comenius was Leibniz‘s precursor. First, he fought the fossilization of thought resulting from the dominant Aristotelianism: « Little time after that unification between Christ and Aristotle, the church fell into a pitiable state and became filled with the uproar of theological dispute ».

Strong defender of the free will that he didn’t see entirely in contradiction with an Augustinianconcept of predestination, he felt closer to John Huss than to Calvin, while generally labeled a « Calvinist » by historians.

In 1608, Comenius enters the Latin School of Prérov (Moravia), a school reorganized at the demand of Charles Zerotina on the model of the Calvinist school of Sankt-Gall in Switzerland. Zerotina was one of the key figures of the Bohemian nobility, promoter of the Church of Unity of Brethren, organizer of popular education and key leader of the international anti-Habsburg resistance. For example, in 1589 he lends a considerable amount of money to the French King Henri IV, which he meets in Rouen, France, in 1593 in support of ending the religious wars with the the Spanish.

Henri IV’s conversion to Catholicism (« Paris is worth a mass ») ruined Zerotina’s hope to reproach the Unity of Brethren with the French Huguenots. Befriended with Theodore de Bèze, which he met regularly when studying in Basel and Geneva, Zerotina sent Comenius to study at the Herborn University in Nassau. That University was founded in 1584 by Louis of Nassau, brother of William the Silent, the leader of the revolt of the Netherlands against Habsburg’s Spain. Louis of Nassau, a key international coordinator of the revolt was in permanent contact with the humanist Huguenot leader Gaspard de Coligny in France and with Walsingham, the chancellor of England’s Queen Elisabeth Ist.

Together with Zerotina, Comenius unleashed the revolt of Bohemia of 1618. After spending some time with the guerrilla forces for which he drew a map of Moravia, Comenius went into exile, as bishop of his church, the « Unity Brethren of Bohemia ».

Till his death, he was the soul of the Bohemian resistance, the gray eminence of the Diaspora and the guardian that prevented the Czech language from disappearing, since it was replaced by German in Bohemia. Since wars are only possible if large parts of the population remain uneducated, for Comenius education became the leading edge to fight for Peace.

Opposed to the Jesuit educators who consolidated their own power by education the elites only, Comenius, starting from his conviction that every individual is made in the living image of God, elaborated with great passion a very high level curriculum, which he wanted accessible to all, as he develops this in his « The Great Didactic » (1638).

Following the advice of Erasmus and Vivès, Comenius abolishes corporal punishment and decides to bring boys and girls in the same class. With him, a school needs to be available in every village, free of cost and open to everybody.

Breaking the division between intellectual and manual work, the schools were part-time technical workshops, anticipating France’s Ecole Polytechnique and the Arts et Metiers (technical school to perfect working people), completely oriented towards the joy of discovery. Leibniz idea of academies originated in Comenius’ schools and societies of friends.

For him, as for Leibniz, the body of physics couldn’t walk without the legs of metaphysics. Integrating that transcendence, he strongly rejected the very idea that nature was reducible to a mere aggregate defined by formal laws, and he adamantly lambasted Bacon, Galileo and Descartes for doing so. In stead, nature has to be looked to as a dynamic process defined by the becoming. That becoming is not repetitive, but permanent progression and potentialization: nature has a quality of development, tending towards self-accomplishment and harmony.

He was severely attacked by Descartes’ « Judgment of the Pansophical works » and mocked by Voltaire, who made him appear as Candide‘s naive philosophy teacher « Pangloss ».

Founder of modern pedagogy, he realized children are beings of affection, before becoming beings of reason. Up till those days, ignorant children were often seen as possessed by the devil, a devil which had to be beaten out of them. The French cardinal Pierre de Bérulle, founder of the Oratorians, reflected that mindset when he wrote that « infancy is the most vile and abject state of man’s nature after that of death ».

To make knowledge accessible to all, Comenius revolutionized the dogmas of that educational approach. In well-ordered classrooms, beautifully decorated with maps, classes would last only one hour covering all the domains one fiends in an engraving of Comenius: theology, manual works, music, astronomy, geometry, botany, printing, construction, painting and sculpture.

Comenius taught Latin, but was strongly convinced that every pupil had to master first his mother tongue. That was a total revolution, since up till then, Latin was taught in Latin, and to bad for those who didn’t understand already !

He also will also re-introduce illustrated textbooks (« The sensible world in images »)(1653), which had been stupidly banned from schools to « not invite the senses to disturb the intellect ». For Comenius, images have the same role as a telescope, displacing the field of perception beyond immediate limits.

His ideas, and especially the rapid successes of schools adopting his pedagogy attracted all of Europe and beyond. In 1642, Comenius was hired by Johan Skytte, the influential chancellor of the University of Uppsala, to reorganize the Swedish education system according to his principles. Skytte, an erudite Platonist inspired by Erasmus, will be Gustaphe Adolph’s preceptor and his son Bengt Skytte will be an influential teacher of Leibniz.

Before that job, Comenius discarded a similar offer originating from Richelieu of France and the offer that came from John Winthrop Junior from the United States who offered Comenius to preside Harvard University, newly founded in the Massachussetts Bay Colony of America.

Rembrandt and Forgiveness

To express in art that precise moment where love gives birth to pardon and repentance will be precisely one of Rembrandt’s favorite subjects. The fact that he choose the name Titus for his son, after the roman emperor who supposedly had showed great clemency toward the early Christians, demonstrates that point. But Titus was also the name of a bishop of Creta who was a close collaborator of Apostle Paul.

Rembrandt was fascinated by the figure of Saint-Paul, who used to be after all a roman officer who, through his conversion, showed the possible transformation of each individual for the better, capable of becoming a militant for the good.

Self-portrait as Paul the Apostle.

Rembrandt’s self-portrait of the Rijksmuseum, with the famous « ghost-image » of a badly lit dagger nearly planted his breast supposedly represent him as Saint-Paul, traditionally represented defending Christian faith with the scripture in one hand and the sword in the other.

The bible in the armored hand do appear in that painting, but the sword here seems more as a dagger, suggesting an eventual reference to the name given by Erasmus to his Christian’s manual, the « Enchiridion » after the Greek word egkheiridion (dagger).

The Prodigal Son

In one of Rembrandt’s late works, the « Return of the prodigal son », despite the fact that the work was completed by a pupil, we see how profoundly he dealt with precisely that subject. The expressiveness of the figures is amplified by the nearly life-size representation on the wide canvas (262 x 205 cm).

The father’s eyes, plunged in interior vision, look yonder the small passage by which the son hasarrived, as doubting of the happiness that overwhelms him, since his son « who was dead », « came back to life ».

The son, who installs his convicts head on the father’s abdomen, engages in the act of total repentance. The naked foot who leaves behind the rotten shoe, communicates in a metaphorical way that sinners deed of repentance, offering what he has inside. The father embraces his son by putting his pardoning hands on his shoulders, while the jealous brothers stand by wondering and enraged why so much love is given to the son « who had spoiled the fathers good with prostitutes ».

Three observations indicate Comenius person and thought might have inspired this work.

First, according to all available portraits, the face of the father shows heavy resemblance with the treats of Comenius himself, a well known militant for peace based on repentance and pardon which Rembrandt probably met frequently during that period.

Second, and after a second look, the son doesn’t look European at all, but actually Negroid, which would add to the painting some critical thoughts on the widely practiced slavery of the European powers of those days.

To conclude, one could interpret the parable of the prodigal son in a much larger sense: is this not man itself, son of God, who returns to his father after having wandered on the roads of sin? Comenius, after a moment of nearly total desperation uses that same image in his book The labyrinth of the world and the paradise of the hearth (1623).

Similar to the image employed by the Dutch painter Hieronymous Bosch, in his « ambulant salesman », man gets lost in the multiplicity of the world that leads him to self-destruction, but after a crisis decides to regain divine unity.

In order to add still another dimension to the discussion on the quality of love involved in art, it is useful to contrast our master with the works of the most talented belonging to the tradition of his detractors: Peter-Paul Rubens.

Rembrandt, Rubens and other Philistines

But before investigating Rubens, it is appropriate to consider the following. Despite the fact that Rembrandt came out of the immense intellectual ferment of the late sixteenth century University of Leiden, one of the cradle’s of humanism, one cannot escape the fact that his lashing career would have infatuated many.

Remember, Constantijn Huygens « discovered Rembrandt » in 1629, while still a young millers son running a small boutique with Jan Lievens, asking them to come to Amsterdam and work for the government. (*10).

Rembrandt’s « patron » nevertheless would write without blushing in his diary Mijn Jeugd (my youth) that Peter Paul Rubens, the Flemish baroque painter was « one of the seven marvels of the world ».

Rubens was, before everything else, the talented standard bearer of the « enemy » Counterreformation and its Jesuits army, whose admiration made Rembrandt totally uncomfortable. How could this virtuoso painter be seen as the brightest star on the firmament of painting? According to some, Huygens was looking for « a Dutch Rubens », capable of making shine the « elites » of the nation.

Samson blinded by the Philistines, Rembrandt.

Rembrandt at one point got so irritated with Huygens’ shortsightedness that he
offered him a large painting called Samson blinded by the Philistines. The work, a pastiche of the violent style, painted « à la Rubens », shows roman soldiers gouging out Samson’s eye with a dagger. Did Rembrandt suggest that his Republic (the strong giant) and its representatives were blinded by their own philistinism?

When a little Page becomes a great Leporello

Rembrandt perfectly translates the feeling of revulsion any honest Dutch patriot would have felt in front of Rubens. Had the Dutch elites already forgotten that Peter Paul’s father, Jan Rubens, once a Calvinist city councilor of Antwerp close to the leadership of the revolt of the Netherlands, had severely damaged the integrity of the father of the fatherland by engaging in an extra-conjugal relationship with Anna of Saxen, the unstable spouse of William the Silent?

Humiliated, but with courage and determination, Rubens mother fought as a lioness to free her husband from an uncertain jail. Her son Peter Paul, could not but become the calculated instrument of vengeance against the protestants and an indispensable tool to do away the blame hanging over the family. Hence, at the age of twelve, Peter Paul was sent to the special college of Romualdus Verdonck, a private school specifically designed to train the shock troops of the Counterreformation.

From there on, Rubens becomes a pageboy at the little court of Marguerite de Ligne, countess de Lalaing at Oudenaarde, whose descendants still form the Royal blood of today’s Belgium. As a kid, Rubens copied the biblical images of the woodprints of Holbein and the Swiss engraver Tobias Stimmer. After two waves of iconoclasm (1566 and 1581), the Counterreformation was very eager to recruit image-makers of all kinds, but under strict regulations specified by the final session of the Council of Trent in 1563. (*12).

After a short training by Abraham van Noort, Rubens career was boosted by his entering of the workshop of Otto van Veen. Born in Leiden in 1556 and trained by the Jesuits, « Venius » was the pupil of the master-courtier Federico Zuccari in Rome. Zuccari was the court painter of Habsburg’s Philippe II of Spain and the founder of the « Accademia di San Luca ». Traveling from court to court, Venius succeeded in getting the favors of Alexander Farnèse, the malign Spanish governor in charge of occupying Flanders.

Farnèse, who actually organized the successful assassination of the father of the Netherlands, the erasmian humanist William the Silent in 1584, nominated Venius as his court painter and as engineer of the Royal armies.

Furthermore, Venius will be the man who opened Rubens mind on Antiquity and together they will read and comment classical authors in Latin. Especially, he will show Rubens that an artist, if he wants to attain glory during his lifetime, must appeal a little bit to his talent and a very much to the powerful.

In Italia

In may 1600, Rubens rides his horse to Venice. In June, during Carnival he encounters the Duke of Mantua, Vincent of Gonzague, who is the cousin of archduke Albert who is ruling then Flanders with Isabella since 1598.

The duke of Mantua, the oligarchic type Mozart portrays in his « Don Giovanni » and Verdi explicitly in « Rigoletto », was very fond at the idea to add a « fiamminghi » to his stable.

The court of Mantua, in a competition of magnificence with other courts, notably those of Milan, Florence or Ferrare, employed once the painter Mantegna, the architect Leon Battista Alberti and the codifier of courtly manners Baldassare Castiglione. At the times of Rubens, the court paid the living of poet Torquato Tasso and the composer Monteverdi which wrote in Mantua his « Orpheus » and « Ariane » in 1601.

Galileo was also one of the guests for a short period in 1606. But especially, the Duke had in his possession one of the largest collections of works of art of that period, and his agents in Italy and all over the world were in charge of identifying new works worth becoming part of the collection.

Circle of friends in Mantua, Rubens.

An inventory of 1629 lists three Titian’s, two Raphael’s, one Veronese, one Tintoretto, eleven Giulio Romano’s, three Mantegna’s, two Corregia’s and one Andrea del Sarto amidst others. Similar to Giulio Romano who became the mere instrument of the « scourge of the princes » Pietro Aretino, our Flemish painter became just another Leporello, an obligingly « valet » enslaved by the Duke.

When we look to his self-portrait with his Circle of friends in Mantua, we see a fearful man, who « became somebody » because surrounded by « people who made it » and recognized by the powerful.

In Espagna

Immediately the Duke gave Rubens a truly Herculean task: transport a quite sophisticated present to Philippe III and his prime minister the Duke of Lerma from Mantua to Madrid. On top of a little chariot specially designed for hunting and several boxes of perfume, the core of the present consisted of not less then forty copies of the best paintings of the Duke’s private collection, notably some Raphael‘s and Titians. On top, Rubens’ mission was « to paint the fanciest women of Spain » during his trip. While his patron in Mantua whines for his return, Rubens will deploy his seductive capabilities at the Spanish court which looked far more promising to his career.

Back in Italy, his immediate going to Rome seems an opportune move, since in these days Barocci was held for to old, Guido Reni for to young. Also, Annibale Carracci appeared out of order since suffering from melancholic apoplexies while Caravagio, accused of murder, was hiding on the properties of his patrons, the Colonna’s.

But essentially, Rubens goes to the holy city because he’s enthusiastically promoted there by the Genovese cardinal Giacoma Serra, very impressed by the « splendid portraits » of women Rubens painted for the Spinola-Doria dynasty in Genoa.

Nevertheless, hearing about the imminent death of his mother, Rubens rushes to Antwerp, and after much a hesitation settles his workshop there, far at a distance from the centers of power, but close to the fabulous privileges he obtains from the Spanish regents over the Netherlands, Albrecht and Isabella.

In Antwerpia

Rubens house in Antwerp (reconstruction of 1910)

These advantages were such that conspiracy-theorist see them as sufficient proof that there was a blueprint to kill the soul of the Erasmian spirit in Christian painting in the region.

First, Rubens will receive 500 guilders per year without any obligation concerning his artistic output except the double portrait of the rulers, any supplementary order necessitating separate payment.

Next, Rubens obtains a status permitting him to bypass the regulations and obligations of the Saint-Luc painters guild, particularly the rule that limits the number of pupils and the amount of their salary. And since a lot is never enough, Rubens obtains a tax-exemption status in Antwerp! As a real patrician he orders the building of his palace.

Broken down long time ago, and for whatever reasons, one has to observe that it was during the times of Flemish collaboration with Hitler’s Germany (from 1938 to 1946) that his Genovese modeled resort, temporarily recreated in 1910 for the Universal Exposition in Brussels, will be entirely rebuild after the engravings of Jacobus Harrewijn of 1692, decorated as the original and the interior filled with fitting old furniture (*14).

It is true that his enthusiasm for opulent blondes and violent action was interpreted by Nazi historians as the expression of profound sympathy for the Nordic races, while his visual energy was seen as the antithesis of « degenerated » art. The Rubens cult in Antwerp might tell us something interesting about the recurrent rise of rightwing extremism in that city.

Propaganda Genius

Rubens feat was to « merchandize » the ruling taste of the oligarchy of his time. Similar to the German filmmaker Leni Riefenstahl under Hitler, Rubens became the genial producer of their propaganda. Precocious child and brilliant draughtsman, he had spent hours and hours working after Italian collections and bas-reliefs in the ruins of Rome.

Since the « Warrior-pope » Julius II and Leo X took over the Vatican, art had to submit to the dictatorship of the degenerated taste of imperial Rome. Eight years of work, from 1600 to 1608, in Genoa, Mantua, Florence, Rome, without forgetting Madrid, with free access to nearly all the great collections of antiquities and paintings of the old families, enabled Rubens to constitute a « data-base », whose fructification will generate the bulk of his fortune.

Specialists do point easily to the unending stream of visual quotes identified in his works. A group of Michelangelo in « The Baptism of Christ » (Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Antwerp); a pose of Raphael’s Aristotle in the School of Athens in his « St-Gregory with St-Domitilla, St-Maurus and Papianus » (Gemäldegalerie, Berlin) or one of his Madonna’s in « The fall of man » (Rubenshuis, Antwerp), without forgetting a head of the Laocone in the « Elevation of the Cross » (Cathedral, Antwerp) or the « contraposto » of a Venus coming straight away from a roman statuary in « The union of Earth and Water » (Hermitage, Saint-Petersburg). (*11).

The Tulip, Seneca plus Ultra

The four philosophers, Rubens.

The desire to be accepted by the ruling oligarchs becomes even clearer when we discover his admiration for Seneca.

Through his education and under the influence of his brother Philippe, Peter Paul Rubens will become a fanatical follower of the Roman neo-stoic Seneca (4 BC – 65 AC). In his painting The four philosophers, Rubens paints himself standing, once again « on the map » with those who got a chair at the table.

With a view on the palatine hill in the background, site of the Apollo cult considered the authentic Rome, we see his brother Philippe, a renowned jurist, sitting across the leading stoic ideologue of those days, Justus Lipsius and his pupil Wowerius, all situated beneath a niche filled with a bust of Seneca honored by a vase with four tulips, two of them closed, and the other two opened.

Originally from Persia, the tulip bulb was brought from Turkey to Europe by an Antwerp diplomat in 1560. Its culture degenerated rapidly from a hobby for gentleman-botanist into the immense collective folly known as the Tulip Mania and « tulip-bubble » or « Windhandel » (wind-trade).

That gigantic speculative bubble bursted in Haarlem on February 2, 1637, while some days earlier, a tulip with the name of « vice-roy » went for 2500 guilders, paid in real goods being two units of wheat and four of rye, four fat calves, eight pigs, a dozen of sheep, two barrels of wine, four tons of butter, a thousand pounds of cheese, a bed and a silver kettle drum (*14).

« Rubens in his garden with Helena Fourment »

As can be seen in his painting Rubens in his garden with Helena Fourment, Rubens was not indifferent to that highly profitable business. Behind the master and his spouse, appears discretely behind a tree in Rubens garden a rich field of tulips!

But in the « Four philosophers », the tulip is nothing else than a metaphor of the « Brevity of life », an essay of Seneca.

The latter, tutor of Nero, preached a Roman form of sharp cynicism known under the label of fatum (fatality): to rise to (Roman) grandeur, man must cultivate absolute resignation. By an active retreat of oneself on oneself and by a obstinate denegation of a threatening and absurd world, man discovers his over-powerful self. That power even increases, if the self decides that death means nothing.

At the opposite of Socrates, who accepted to die for giving birth to the truth, Seneca makes his suicide his main existential deed. Waiting for his hour, his job is to steer his boredom by managing alternating pleasures and pains in a world where good and bad have no more sense.

As all cases of radical Aristotelianism, that philosophy, or « art of life » steers us in the hell of dualism, separating « reason », cleaned from any emotion, from the unbridled horses driving our senses. These two ways of being unfree makes us a double fool. Rubens fronts for that philosophy in his work Drunk Silenus.

Drunk Silenus, Rubens.

The excess of alcohol evacuates all reason and brings man back to his bestial state, a state which Rubens considers natural. Instead of being a polemic, the painting reveals all the complacency of the painter-courtier with the concept of man being enslaved by blind passion. Instead of fighting it, as Friedrich Schiller outlines the case repeatedly and most explicitly in his « On the Esthetical Education of Mankind », Rubens cultivates that dualism and takes pleasure in it. And sincerely tries to recruit the viewer to that obscene and degrading worldview.

Peace IS war

Peace and War, Rubens.

As an example of « allegories », let us look for a moment at Rubens canvas Peace and War.

Above all, that painting is nothing but a glittering « business-card » as one understands knowing the history of the painting. At one point, Rubens, who had become a diplomat thanks to his international relations, organized successfully the conclusion of a peace-treaty between Spain and England (which collapsed fairly soon).

Repeating that for him « peace » was based on the unilateral capitulation of the Netherlands (reunification of the Catholic south with the North ordered to abandon Protestantism), he succeeded entering the Spanish diplomatic servicesomething pretty unusual for a Flemish subject, in particular during the revolt of the Netherlands.

Following this diplomatic success, the painter is threefold knighted: by the Court of Madrid to which he presents a demand to obtain Spanish nationality; by the Court of Brussels and also by the King of England!

Before leaving that country, he offers his painting « Peace and War » to King Charles. The canvas goes as follows: Mars is repelled by wisdom, represented as Minerva, the goddess protecting Rome. Peace is symbolized by a woman directing the flow of milk spouting out of her breast towards the mouth of a little Pluto. In the mean time a satyr with goat hooves displays the corn of abundance…

On the far left, a blue sky enters on stage while on the right the clouds glide away as carton accessories of a theatre. Rubens main argument here for peace is not a desire for justice, but the increase of pleasures and gratifications resulting from the material objects which men could accumulate under peace arrangements! Ironically, seen the cupidity of the ruling Dutch elites, which Rembrandt would lambaste uncompromisingly, it seems that Rubens might have succeeded in convincing these elites to sell the Republic for a handful of tulips. If only his art would have been something else then self-glorification! Here, his style is purely didactical, copied from the Italian mannerism Leonardo despised so much.

Instead of using metaphors capable to make people think and discover ideas, the art of Rubens is to illustrate symbolized allegories. The beauty of an invisible idea has never, and can not be brought to light by this insane iconographical approach. His « style » will be so impersonal that dozens of assistants, real slave laborers, will be generously used for the expansion of his enterprise.

King Christian IV’s physician, Otto Sperling, who visits Rubens in 1621 reported:

« While still painting he was hearing Tacitus read aloud to him and at the same time was dictating a letter. When we kept silent so as not to disturb him with our talk, he himself began to talk to us while still continuing to work, to listen to the reading and to dictate his letter, answering our questions and then displaying his astonishing power. »

« Then he charged a servant to lead us through his magnificent palace and to show us his antiquities and Greek and Roman statues which he possessed in considerable number. We then saw a broad studio without windows, but which captured the light of the day through an aperture in the ceiling. There, were united a considerable amount of young painters occupied each with a different work of which M. Rubens had produced the design by his pencil, heightened with colors at certain points. These models had to be executed completely in paint by the young people till finally, M. Rubens administered with his own hand the final touch.

« All these works came along as painted by Rubens himself, and the man, not satisfied to merely accumulate an immense fortune by operating in this manner, has been overwhelmed with honors and presents by kings and princes ». (*15).

We know, for example, that between 1609 and 1620, not less than sixty three altars were fabricated by « Rubens, Inc. ». In 1635, in a letter to his friend Pereisc, when the thirty years war is ravaging Europe, Rubens states cynically « let us leave the charge of public affairs to those who’s job it is ».

The painter asks and obtains a total discharge of his public responsibilities the same year while retiring to enjoy a private life with his new young partner.

Painter of Agapè, versus painter of Eros

Being a human, Rembrandt correctly had thousand reasons to be allergic to Rubens. The latter was not simply « on the wrong side » politically, but produced an art inspiring nothing but lowness: portraits designated to flatter the pride of the mighty by making shine and glitter some shabby gentry; history scenes being permanent apologies of Roman fascism where, under the varnish of pseudo-Catholicism, the alliance of the violent forces of nature and iron-cold reason dominated. Behind the « art of living » of Seneca, there stood the brutal methods of manipulation of the perfect courtier described by Baldassare Castiglione in his « Courtier ». For courtly ethics, everything stands with balance (sprezzatura) and appearance, and behind the mask of nice epithets operates the savage passions of seduction, possession, rape and power-games.

On the opposite, Rembrandt is the pioneer of interiority, of the creative sovereignty of each individual. To show the beauty of that interiority, why not underline paradoxically exterior ugliness?

In the « Old man and young boy » of Domenico Ghirlandajo, an imperfect appearance unveils a splendid beauty. The old man has a terribly looking nose, but the visual exchange between him and the boy shows a quality of love which transcends both of them. At the opposite of Seneca, they don’t contemplate the « brevity of life », but the longevity or « immortality of the soul ».

Martin Luther King, in a sermon tries equally to define these different species of love. After defining Eros (carnal love), and Philia (brotherly love), he says:

« And then the Greek language comes out with another word. It’s the word agape. Agape is more than Eros; it’s more than an aesthetic or romantic love; it is more than friendship. Agape is understanding, creative, redemptive goodwill for all men. It is an overflowing love which seeks nothing in return. Theologians would say that it is the love of God operating in the human heart. And so when one rises to love on this level, he loves every man, not because he likes him, not because his ways appeal to him, but he loves every man because God loves him, and he rises to the level of loving the person who does an evil deed, while hating the deed that the person does. » (*17)

Then, King shows how that love intervenes into the political domain:

« If I hit you and you hit me and I hit you back and you hit me back and go on, you see, that goes on ad infinitum. It just never ends. Somewhere somebody must have a little sense, and that’s the strong person.

The strongperson is the person who can cut off the chain of hate, the chain of evil. And that is the tragedy of hate, that it doesn’t cut it off. It only intensifies the existence of hate and evil in the universe. Somebody must have religion enough and morality enough to cut it off and inject within the very structure of the universe that strong and powerful element of love. »

You probably understood our point here. Martin Luther King, in his battle for justice, was living in the same « temporal eternity » as Rembrandt and Comenius opposing the thirty years war. Isn’t that a most astonishing truth: that the most powerful political weapon at man’s disposal is nothing but transforming universal love, over more available to everyone on simple demand? But to become a political weapon, that universal love cannot remain a vague sentiment or fancy romantic concept. Strengthened by reason, Agapè can only reach height with the wings of philosophy.

Rembrandt and Comenius knew that « secret », which will remain a secret for the oligarchs, if they remain what they are. »

The Little Fur

Another comparison between two paintings will make the difference even more clearer between Eros and Agapè: Het pelsken (the little fur) of Rubens (left) and Hendrickje bathing in a river of Rembrandt (right).

That comparison has a particular significance since the two paintings show the young wives of both painters. At the age of fifty-three Rubens remarried the sixteen year old Helena Fourment, while Rembrandt settled at the age of forty-three with the twenty-two year old Hendrickje Stoffels.

The naked Helena Fourment, with staring eyes, and while effecting an hopeless gesture of pseudo-chastity, pulls a black fur coat over her shoulders. The stark color contrast between the pale body skin and the deep dark fur, a typical baroque dramatic touch of Rubens, unavoidably evokes basic instincts. No wonder that this canvas was baptized the « little fur » by those who composed the catalogues.

However, paradoxically, Hendrickje is lifting her skirt to walk in the water, but entirely free from any erotic innuendo! Her hesitating, tender steps in the refreshing water seem dominated by her confident smile. Here, the viewer is not some « Peeping Tom » intruding into somebody’s private life, but another human being invited to share a moment of beauty and happiness.

Suzanne and the Elderly

Another excellent example is the way the two painters paint the story of Suzanne and the elderly. Comenius, was so impassioned by this story that in 1643 he called his daughter Zuzanna in 1646 his son Daniel. This Biblical parable (Daniel 13) deals with a strong notion of justice, quite similar to the one already developed in Greece by Sophocles Antigone. In both cases, in the name of a higher law, a young woman defies the laws of the city.

In her private garden, far from intruding viewers, the beautiful Suzanne gets watched on by two judges which will try to blackmail her: or you submit to our sexual requests, or we will accuse you of adultery with a young man which just escaped from here! Suzanne starts shouting and refuses to submit to their demands. The next day, Suzanne gets accused publicly by the judges (the strongest) in front of her family, but Daniel, a young man convinced of her innocence, takes her defense and unmasks the false proofs forged by the judges. At the end, the judges receive the sentence initially slated for Suzanne.

Suzanna and the Elder, Rubens.

In the Rubens painting, a voluptuous Suzanne lifts her desperate eyes imploring divine help from heaven. The image incarnates the dominant but
insane ideology of both Counterreformation Catholicism and radical Protestantism: the denial of the free will, and thus of the incapacity to obtain divine grace through one’s acting for the good. For the Calvinist/protestant ideologues, the soul was predestinated for good or evil. Reacting by a simple inversion to the crazy indulgences, it was « logical » that no earthly action could « buy » divine grace. So whatever one did, whatever our commitment for doing the good on earth, nothing could derail God’s original design. The Counterreformation Catholics thought pretty much the same, except that one could claim God’s indulgence in the context of the rites of the Roman Catholic Church, especially by paying the indulgences: « No salvation outside the church ».

Suzanne and the elderly, Rembrandt.

In a spectacular way, Rembrandt’s Suzanne and the elderly reinstates the real evangelical Christian humanist standpoint: a chaste Suzanne looks straight in the eyes of the viewer which is witnessing the terrible injustice happening right under his nos. So, will you be the new Daniel? Will you find the courage to intervene against the laws of the State to defend a « Divine » justice? Hence, agapè is that infinite love for justice and truth, that leads you to courageous action and makes you a sublime personality capable of changing history, in the same way Antigone, Jeanne d’Arc, or Suzanne did before.

Plato versus Aristotle

The fact that Rembrandt was a philosopher is regularly put into question, even denied. The inventory of his goods, established when his enemies forced him into bankruptcy in 1654, doesn’t mention any book outside a huge bible, supposedly establishing a legitimate suspicion of him being near to illiteracy. While romanticized biographies portray him as an accursed poet, a narcissistic genius or the simple-minded mystical visionary son of a miller, a comment in 1641 from the artist Philips Angel underscores, not his painting, but Rembrandt’s « elevated and profound reflection ».

Aristotle contemplating Homer’s bust, Rembrandt.

It is Aristotle contemplating Homer’s bust, which demonstrates once and for ever how stupid the Romantics can be. Ordered by an Italian nobleman, the painting shows Aristotle as a Venetian aristocrat, as a perfect courtier: with a wide white shirt, a large black hat and especially carrying a heavy golden chain.

In short, clothed as Castiglione, Aretino, Titian and Rubens… Rembrandt shows here his intimate knowledge of the species nature of Plato’s enemies of the Republic, that oligarchy to whom Aristotelianism became a quasi-religion.

With great irony, the canvas completely mocks knowledge derived from the « blind » submittal to sense perception. Here Rembrandt seems to join Erasmus of Rotterdam saying « experience is the school of fools! ».

Equipped with empty eyes, incapable of perception, Aristotle is groping with an uncertain hand Homer’s head of which he was supposedly a knowledgeable commentator. Homer, the Greek poet who turned blind, stares worriedly to Aristotle with the open eyes of mind.

That inversion of the respective roles of Aristotle and Homer is dramatized by situating the source enlightening the scene as a tangent behind the bust of the poet.

Light reflections illuminating Aristotle’s hat underneath make appear the ironical « ghost image » of donkey ears, the conventional attribute widely used since the Renaissance to designate the stubbornness of scholastic Aristotelianism.

To this Aristotelian blindness, Rembrandt, whose own father became blind, opposes the other clear-sightedness of Simeon, as seen in his last painting, found on Rembrandt’s easel after his death.

All during his life, Simeon had wished to see the Christ with his own eyes. But, growing old, that hope quitted him with along with his sight. As he did every day, Simeon went one day to the temple. There, Maria asked him to keep her child in his arms. Suddenly, an infinite joy
overwhelmed Simeon, who, without seeing Christ with his mortal eyes, saw him much more clearly with his mind than all the healthy seers. Rembrandt wanted us to reflect on that conviction: don’t believe what you see, but act coherently with God’s design and you might see him. On Simeon’s hands, a series of dashes of paint suggest some kind of crystal ball, an image which only « appears » when our minds dares to see it, underlining Simeon’s prophetic nature.

Jesus Christ healing the sick

Christ healing the sick, etching, Rembrandt.

Rembrandt’s anti-Aristotelian philosophy is also explicitly manifest in an engraving known as Christ healing the sick, an exceptionally large etching on which he worked passionately over a six year period. In order to « sculpt » the ambiguous image of the Christ, son of both God and mankind, Rembrandt executed six oil portraits featuring young rabbi’s of Amsterdam. But it was Leonardo’s fresco, the Last Supper, which Rembrandt extensively studied as shown by drawings done after reproductions, that seems to have been his starting point.

Scientific analysis of his still existing copperplate indicate that the Christ’s hands were originally drawn as an exact imitation of Leonardo’s « Last Supper » fresco.

Completely different from the kind of « spotlight theatrics » that go from Caravagio to Hitchcock, the work reminds the description of the myth of the cavern in Plato’s Republic. But here stands the Christ blessing the sick.

Transfigured, and akin to the prisoners in Beethoven’s opera Fidelio, the sick people walk from right to left towards Christ. Encountering the light transforms them into philosophers!

One generally identifies easily, amidst others, Homer and Aristotle (who’s turning his head away from Christ), but also Erasmus and Saint-Peter, which according to some possesses here the traits of Socrates.

The etching brings together in a single instant eternal several sequences of Chapter XIX of Saint Mathew:

“Let the little children come to me, and do not hinder them, for the kingdom of heaven belongs to such as these.”

In a powerful gesture, Christ brushes aside even the best of all wise wisdom to make his love the priority, where Peter desperately tries to prevent the children from being presented to Jesus.

Sitting close to him we observe the image of an undecided young wealthy man plunged in profound doubts, since he desired eternal life but hesitated to sell his possessions and give it all to the poor.

When he left, Jesus commented that it was certainly easier for a camel to get through the eye of a needle, than for a rich man to enter the his kingdom.

Above simple earthly space situated in clock-ticking time, the action takes place in « the time of all times », an instantaneous eternity where human minds are measured with universality, some kind of « last judgment » of divine and philosophical consciousness.

The healing of the sick souls and bodies is the central breaking point which articulates the two universes, the one of sin and suffering, with the one of the good and happiness. Christ’s love, metaphorized as light, heals the « sick » and makes philosopher-kings out of them. They appear nearly as apostles and figure exactly on the same level as the apostles of Leonardo‘s milan fresco The last Supper. Brought out of darkness into the light, they become themselves sources of light capable of illuminating many others.

That « light of Agapè » is the single philosophical basis of Rembrandt’s revolution in the techniques of oil-painting: in stead of starting drawing and paint on a white gesso underground or lightly colored under-paint (the so-called priming, eventually adding imprimatura), all the later works are painted on a dark, even black under-paint!

The « modern » thick impasto, possible through the use of Venetian turpentine and the integration of bee wax, are revived by Rembrandt from the ancient « encaustic » techniques described by Pliny the Elder. They were employed by the School of Sycione three hundred years before Christ and gave us Alexander the Great‘s court painter Apelles, and the Fayoum mommy paintings in Alexandria, Egypt (*17).

Building the color-scale inversely permitted Rembrandt to reduce his late palette to only six colors and made him into a « sculptor of light ». His indirect pupil, Johannes Vermeer, systemized Rembrandt’s revolutionary discovery (*18).

Deprived of much earthly glory during their lives, Rembrandt and Comenius were immediately scrapped from official history by the oligarchic monsters that survived them. But their lives represent important victories for humanity. Their political, philosophical, esthetical and pedagogical battles against the oligarchy and its « valets » as Rubens, makes them eternal.

They are and will remain inexhaustible sources of inspiration for today’s and tomorrows combat.

NOTES:

  1. Karel Vereycken, « Rembrandt, bâtisseur de nation« , Nouvelle Solidarité, June 1985.
  2. The treatises of Westphalia (Munster and Osnabruck) of 1648, and the ensuing separate peace accords between France and the Netherlands with Spain, finally shred into pieces every political, philosophical and juridical argument serving as basis of the notion of empire, and by doing so put an end to Habsburg’s imperial fantasy, the « Thirty years war ». As some had outlined before, notably French King Henry IV’s great advisor Sully in his concept of « Grand Design », making the sovereign nation-state the highest authority for international law was, and remains today, the only safe road to guaranty durable peace. Empires, by definition, mean nothing but perpetual wars. If you want perpetual war, create an empire! Hence, through this revolution, small countries obtained the same rights as those held by large ones and the notions of big= strong, and small=weak, went out of the window. The Hobbesian idea that « might makes right » was abolished and replaced by mutual cooperation as the sole basis of international relations between sovereign nation-states. Hence, tiny Republics, as Switzerland or the Netherlands,the latter at war with Spain for nearly eighty years, finally obtained peace and international recognition. Second, and that’s undoubtedly the most revolutionary part of the agreements, mutual pardon became the core of the peace accords. For example paragraph II stipulated explicitly « that there shall be on the one side and the other a perpetual Oblivion, Amnesty or Pardon of all that has been committed since the beginning of these Troubles, in what place, or what manner soever the Hostilitys have been practis’d, in such a manner, that no body, under any pretext whatsoever, shall practice any Acts of Hostility, entertain any Enmity, or cause any Trouble to each other; » (translation: Foreign Office, London). Moreover, several paragraphs (XIII, XXXV, XXXVII, etc.) stipulate (with some exceptions) that there will be a general debt forgiveness concerning financial obligations susceptible of maintaining a dynamic of perpetual vengeance. In reality, the Peace of Westphalia was the birth of new political order, based on the creation of a new international economic and monetary system necessary to build peace on the ruins of the bankrupt imperial order.
  3. Footnote, p. 77 in Comenius by Olivier Cauly, Editions du Félin, Paris, 1995.
  4. Brochure dealing with that painting published by the Nationalmuseum of Stockholm.
  5. To put to an end to the politically motivated financial harassment which was organized by the family of his deceased wife, Saskia van Uylenburgh, Rembrandt submits on July 14, 1656 to the Dutch High Court a cessio bonorum (Cessation of goods to the profit of the creditors), accepting the sale of his goods. In 1660, Rembrandt abandons the official management of his art trading society to his wife Hendrickje Stoffels and his son Titus.
  6. p. 105, Henriette L.T.de Beaufort, in Rembrandt, HDT Willinck & Zoon, Harlem, 1957.
  7. p. 358, Samuel Hartlib and Universal Reformation, Cambridge University Press, 1994.
  8. p. 12-13, Bob van den Bogaert, in « Goethe & Rembrandt », Amsterdam University Press, Amsterdam 1999.
  9. p. 25, Marcelle Denis in Comenius, pédagogies & pédagogues, Presse Universitaire de France, 1994.
  10. Constantijn Huygens (1596-1687), was an exceptional precocious erudite. Politician, scientist, moralist, music composer, he played the violin at the age of six, wrote poems in Dutch, Latin, French, Spanish, English and Greek. His satire, « ‘t Kostelick Mal » (expensive folly), opposed to the « Profijtelijk Vermaak » (profitable amusement) makes great fun of courtly manners and the then rampant beaumondism. His son, Christiaan Huygens was a brilliant scientist and collaborator of Leibniz at the Paris Academy of sciences.
  11. One has to outline shortly here that contrary to the rule of the Greek canon of proportions (height of man = seven heads and a half), the Romans, as Leonardo seems to observe sourly in his drawing reworking Vitrivius, increase the body size up to eight and sometimes many more heads. It was the Greek canon established after the « Doryphore » of Polycletius, which settled the matter much earlier after many Egyptian inquiries on these matters. Leonardo, who wasn’t a fool, realized Vitruvius proportions (8 heads) are wrong, as can be seen by the two belly-buttons appearing in the famous man bounded by square and circle. Hence, the proportional « reduction » of the head was an easy trick to create the illusion of a stronger, more powerful musculature. That image of a biological man displaying « small head, big muscles » supposedly stood as the ultimate expression of Roman heroism. Foreknowledge of this arrangement permits the viewer to identify accurately what philosophy the painter is adhering to: Greek humanist or Roman oligarch? That Rubens chose Rome rather than Athens, leaves no doubt, as proven by his love for Seneca.
  12. « The holy Council states that it isn’t permitted to anybody, in any place or church, to install or let be installed an unusual image, unless it has been approved so by the bishop »; « finally any indecency shall be avoided, of that sort that the images will not be painted or possess ornaments of provoking beauty… » P. 1575-77, t. II-2, in G. Alberigo, « The ecumenical Councils », quoted by Alain Taton (p. 132) in « The Council of Trent », editions du CERF, Paris, 2000.
  13. p. 172, Simon Schama, in his magnificent Rembrandt’s eyes, Knopf, New York, 1999.
  14. For a more elaborate description of the tulip-bubble, Simon Schama, p. 471, « L’embarras de richesses, La culture hollandaise au Siècle d’Or », Gallimard, Paris, 1991.
  15. p. 117, Otto Sperling, Christian IV’s doctor, quoted by Marie-Anne Lescouret in her biography Pierre-Paul Rubens, J.C. Lattès, Paris, 1990.
  16. « Love your enemies », sermon of Martin Luther King, November 17, 1957, Dexter Avenue Baptist Church, Montgomery, Alabama. Quoted in Martin Luther King, Minuit, quelqu’un frappe à la porte, p.63, Bayard, Paris 1990.
  17. p. 87-88, Karel Vereycken, in The gaze from beyond, Fidelio, Vol. VIII, n°2, summer 1999.
  18. Johannes Vermeer of Delft was a close friend of Karel Fabritius, the most outstanding pupil of Rembrandt, who died at the age of thirty-four when the powderkeg of Delft exploded. Vermeer became the executor of his last will, a role generally reserved for the closest friend or relative. Anthonie van Leeuwenhoek, the inventor of the microscope and Leibniz correspondent, will become in turn the executor of Vermeer’s last will. That filiation does nothing more than prove the constant cross-fertilization of the artistic and scientific milieu. The Dutch « intimist » school, of which Vermeer is the most accomplished representative, is the most explicit expression of a « metaphysical » transcendence, transposed for political reasons, from the domain of religion, into the beauty of daily life scenes.

SELECTED BIBLIOGRAPHY:

  • Baudiquey, Paul, Le retour du prodigue, Editions Mame, 1995, Paris.
  • Bély, Lucien, L’Europe des Traités de Westphalie, esprit de la diplomatie et diplomatie de l’esprit, Presses Universitaires de France, Paris, 2000.
  • Callot, Jacques, etchings, Dover, New York, 1974.
  • Castiglione, Baldassare, Le Livre du Courtisan, GF-Flammarion, 1991.
  • Cauly, Olvier, Comenius, Editions du Félin, Paris, 1995.
  • Clark, Kenneth, An introduction to Rembrandt, Readers Union, Devon, 1978.
  • Comenius, La Grande Didactique, Editions Klincksieck, Paris, 1992.
  • Denis, Marcelle, Comenius, Presses Universitaires de France, Paris 1994.
  • Descargues, Pierre, Rembrandt, JC Lattès, 1990.
  • Goethe Rembrandt, Tekeningen uit Weimar, Amsterdam University Press, 1999.
  • Grimberg, Carl, Histoire Universelle, Marabout Université, Verviers, 1964.
  • Haak, B., Rembrandt, zijn leven, zijn werk, zijn tijd, De Centaur, Amsterdam.
  • Hobbes, Thomas, Le Citoyen ou les fondements de la politique, Garnier Flammarion, Paris, 1982.
  • Jerlerup, Törbjorn, Sweden und der Westphalische Friede, Neue Solidarität, mai 2000.
  • King, Martin Luther, Minuit, quelqu’un frappe à la porte, Bayard, Paris, 2000.
  • Komensky, Jan Amos, Le labyrinthe du monde et le paradis du cœur, Desclée, Paris, 1991.
  • Lescourret, Marie Anne, Pierre-Paul Rubens, JC Lattès, Paris, 1990.
  • Marienfeld Barbara, Johann Amos Comenius : Die Kunst, alle Menschen alles zu lehren. Neue Solidarität.
  • Rembrandt and his pupils, Nationalmuseum, Stockholm, 1993.
  • Sénèque, Entretiens, Editions Bouquins, Paris, 1993.
  • Schama Simon, Rembrandt’s Eyes, Knopf, New York 1999.
  • Schama, Simon, L’embarras de richesses, La culture hollandaise au Siècle d’Or, Gallimard, 1991.
  • Schiller, Friedrich, traduction de Regnier, Vol. 6, Histoire de la Guerre de Trente ans, Paris, 1860.
  • Sutton, Peter C., Le Siècle de Rubens, Mercatorfonds, Albin Michel, Paris, 1994.
  • Tallon, Alain, Le Concile de Trente, CERF, Paris, 2000.
  • Tümpel, Christian, Rembrandt, Fonds Mercator-Albin Michel, 1986.
  • Van Lil, Kira, La peinture du XVIIème siècle aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, dans l’art du Baroque, Editions Köneman, 1998, Cologne.


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Rembrandt: 400 years old and still young!

Selfportrait

Rembrandt H. van Ryn, was born on July 15, 1606, as the son of a not so poor miller living in the revolutionary city of Leyden in the Netherlands.

Today (2006), four hundred years later, even without any knowledge of the specific historical context, few are those that remain indifferent to his artistic message and skill. Why Rembrandt? What particular quality of his paintings, engravings and drawings gave him the power to reach over centuries of time?

As we will document here, Rembrandt, a precocious intellectual, became already quite « universal » as a young adult. But let’s try to find out what « universal » means.

The Revolt of the Netherlands

The revolt of the Burgundian Netherlands (Note 1) against the tyranny the Fuggers, bankers at the helm of the Spanish and Austrian Habsburg empire, resulted in the tragic break-up of this « nation-state in the making » between the north (today’s Netherlands) and the south (the territory that today includes Belgium and part of northern France).

The Habsburg empire, while brutally sticking to the rich southern part (Flanders), cynically offered the « insurgents » that, if they wished to have a country, they could settle in the malaria-infested swamps of the North, where 75% of the territory lies below sea level, but nevertheless an area slowly domesticated by generations of hardworking farmers thanks to a vast system of canals, dikes and locks, patiently erected since the end of the thirteenth century.

But Charles V, and even worse, his son Philip II of Spain, didn’t believe in the power of mind or that of work. Instead, they believed in the power of the sword and the terror of the Inquisition. After a long war and much unnecessary bloodshed, their policies had reached an impasse, and on April 9, 1609, the semi-bankrupt Habsburgs were forced to sign a twelve-year truce with the new Republic of the Netherlands.

Education

That same year, Rembrandt, hardly 3 years old, entered basic school, where girls and boys learn to read, to write and to calculate. School opens at 6 a.m. in the summer, at 7 a.m. in winter, and finishes only at 7 p.m. Classes start with prayer, the reading and discussion of passages of the Bible and the singing of psalms. Here Rembrandt develops an elegant handwriting and more than rudiments of the Bible.

The Netherlands want to survive. Its leaders wisely used the 12 year truce (1609-1621) to fulfill their commitment to the general welfare. This way, early XVIIth century Holland became maybe the first country of the world where everybody got the chance to learn how to read, write and calculate.

That universal school system, whatever its inadequacies, offered to both poor and rich alike, was the secret of the Dutch « Golden Century ». It’s schooling will also create the generations of Dutch immigrants that will participate a hundred years afterwards in the American Revolution

Others would enter the secondary school at the age of 12, but Rembrandt precociously enters Leyden’s Latin School at the age of 7. There, pupils generally, besides rhetoric, logic and calligraphy, learn, not only Greek and Latin, but English, French, Spanish or Portuguese. Then, in 1620, at the age of 14, since no age limit in the Netherlands bridled young talents, Rembrandt inscribed at the Leyden University. His choice is not Theology, Law, Science, nor Medicine, but Literature.

Did Rembrandt want to add to his knowledge of Latin, the mastery of Greek and Hebrew philology and perhaps Chaldean, Coptic or Arabic? After all, Leyden was already publishing Arabic-Latin dictionaries, while the Netherlands were increasingly growing to become the book printing centre of the world.

From its foundation in 1585, after a historic battle for the city’s freedom, Leyden University became a rallying point for humanists worldwide and a center for new discoveries in optics, physics, anatomy and cartography, offering the world such famous scientists as Christian Huygens (1629-1695) and Antonie van Leeuwenhoek (1632-1723), both correspondents of Leibniz.

People flocked in from Flanders, Germany, Denmark, Sweden, England and even Hungary. By 1621, over fifty Frenchmen were teaching in Leyden. In a desperate effort to pollute this source of creativity, in 1630, René Descartes registered as a « mathematician » at the University of Leyden. (Note 2)

But the big trouble had already started way before. A disastrous theological « debate » degenerated into a conflict akin to civil war. On the one side, Jacob Arminius, founder of the « Remonstrant » current upholding the Erasmian-Rabelaisian concept of man endowed with a free will although that free will remained to be fine-tuned with the grace of God. This view was also held by the elder general and capable national leader, Johan van Oldenbarnevelt (1547-1619).

On the opposing side, one Franciscus Gomarus, defender of the fatalist Calvinist doctrine of « predestination », a doctrine adhered to by Prince Maurits, the young incoming son of the founder of the nation, William the Silent. While leaders were strongly divided, the 1619 « Dordrecht Synod » installed the radical Calvinist doctrine as the law.

Johannes Uytenbogaert

But Leyden was mostly « Arminian » and so was Rembrandt. Rembrandt’s 1633 and 1635 portraits of Johannes Uytenbogaert, the main reverend leading the Arminians who was obliged to spent several years of his life in exile to escape from persecution, show how closely Rembrandt was connected to this movement.

So, when Rembrandt entered University, the situation was very hot. Arminian-minded teachers are on the leave and often forced to do so. So was Rembrandt, and after two months, at age 14, he quitted University and went full time into painting and set up his own workshop.

By 1621, the truce had come to an end, and the Spanish army was once again conducting an all-out war against the Netherlands, which was accused, not without reason, of supporting the Bohemian revolt and harboring the leaders of its resistance. (Note 3)

As a young intellectual confronted with injustice and political and religious madness, Rembrandt entered the studio of Jacob Isaaczoon van Swanenburg, a learned Dutch painter who lived in Venice and Naples, where he worked from 1600 to 1617 before running into trouble with the Inquisition, which accused him of « painting on Sundays ».

Few works have survived from this master, renowned for his city views and portraits. But his subjects and style resemble those of the great humanist Hieronymus Bosch. For three long years, Rembrandt learned how to grind pigments, master essences, varnishes, brushes, canvases and panels.

But above all, Swanenburgh made his pupil a master in the art of engraving and etching.

Pelgrims of Emmaus

The supper at Emmaus, Rembrandt, 1628.

Rembrandt’s interest in the power of ideas clearly appears in the « Pilgrims at Emmaus », where an atmosphere of astonishment and horror break out when Christ reveals himself to the disbelievers.

Self-portrait, Pieter Lastman.

Then, before setting up his studio, Rembrandt will spend six months in the workshop of Pieter Lastman in Amsterdam. With Lastman, Rembrandt finally finds a master that departs from the traditional Dutch landscapes, still-lives and boring group portraits.

Building on the theatrical settings of Caravaggio, Lastman paints biblical, Greek and Roman mythology. He paints history! And Rembrandt always desired to become a historieschilder. Now, Rembrandt finally found in painting the literature he was looking for when inscribing in the University.

Also, in Lastman’s workshop, he meets the talented Jan Lievens, with whom he will work for a while.

Knowing how to know thyself

Rembrandts reputation is largely the fruit of the near to one hundred multiform self-portraits, including about twenty engravings, covering the walls of numerous museums around the world. Some pragmatists tell us Rembrandt did that many self-portraits because he just was the cheapest model in town, and probably the most patient one. Others claim he was simply noting down his unending grimaces, the famous tronies, to prepare future dramatic historical paintings.

We think there is more to it and we approve Simon Schama who wrote that, « The reason for the multiplication of his self-image was not a relentless, almost monomaniacal assertion of the artistic ego but something like the exact opposite. »

The self-portrait, an art expression that has nearly disappeared from today’s practice, always throws an extremely daring challenge to the painter looking into the mirror. Is this me? I didn’t realize I look that way. I’ve changed again! What is wrong? The a priori ideas in the mind of the perceiver or the sense perceptions he’s confronted with? Real thinking, in essence, comes down to confronting not just those burning paradoxes, but the joy of overcoming them with self reflexive irony, and a truthful commitment to the permanent discovery and communication of that increasing irony through a Socratic dialogue.

Rembrandt, at the age of 22 starts training his first pupil, Gerrit Dou, only fifteen years old. Samuel van Hoogstraten, who was another young pupil, reported Rembrandt advising him:

« Try to learn introducing in your work what you know already. Then, very soon, you will discover what escapes you and want to discover. »

Hoogstraten’s self-portrait at age 17 demonstrates what a contagious genius Rembrandt became rapidly as a teacher.

But Rembrandt’s main problem was to show movement. Anima means soul and for Rembrandt animating the mind of the viewer was the art of making that viewer conscious of his own quality of moving the soul, i.e. moving the mover. Through this process of teaching and self-teaching Rembrandt works out various ways to tell his-stories.

One funny way to put faces into motion is to wrap them into clothing, put on jewelry, and choose a specific light setting that generates interesting eye-attracting shadows bringing into light the plastic volumes. Explore facial expressions evoking anger, fear, happiness, self-doubt, laughter, etc.

The real subject is not Rembrandt, but the discovery of human consciousness through self-consciousness. The mirror image permits oneself to look over one’s shoulder down on oneself. Leonardo and others advised artists to view their own work in a mirror, since the « fresh » mirror image offered the artist another « viewpoint », revealing those remaining imperfections that had escaped from his attention.

Rembrandt’s wife, Saskia

Also, the compassion and self esteem one is forced to develop in that process becomes a basic ingredient for promethean and agapic character formation. Then, Rembrandt’s joyful process of self-discovery spills naturally over into the portraits done of others.

Look how funny Saskia smiles, when she dresses up « as Rembrandt » with a feathered reddish hat, carrying a golden chain and with her little hand lost in Rembrandt’s large glove.

Then, there are also the self-portraits in assistenza, where the painter’s face pops up uninvited in a larger painting, such as in Velazquez« Las Meninas ».

The Stoning of Saint-Stephen

The Stoning of Saint-Stephan

One of Rembrandt’s grimacing faces appears behind the martyr in the first known painting by the young Rembrandt, The Stoning of Saint-Stephen. Executed at the age of 19, the work powerfully expresses the basis of Rembrandt’s ideas. Loaded with some twenty figures, the subject had previously been treated by Lastman and Adam Elsheimer, a young German Mannerist living in Rome, whose works Rembrandt had admired while contemplating reproductions in Swanenburgh’s studio.

But why Saint-Stephen? Rembrandt’s choice stems directly from the subject. This Greek-speaking Jewish convert, the first Christian martyr, was tried by a court of law for blasphemy. He unabashedly told the Sanhedrin judges that they were « stiff-necked and uncircumcised in heart and ears » and that they were people who had « received the law by the disposition of angels, and have not kept it… »

Stephen also told them that God could not be kept « locked up in a temple ». At one point, Stephen,

« being full of the Holy Spirit, and having his eyes fixed on heaven, saw the glory of God, and Jesus standing at the right hand of God, and he said: ‘Behold, I see the heavens opened, and the Son of Man standing at the right hand of God’.

« And crying aloud, they stopped their ears, and with one accord rushed upon him; and having pushed him out of the city, they stoned him; and the witnesses laid their garments at the feet of a young man called Saul. And they stoned Stephen, who prayed and said: Lord Jesus, receive my spirit. And kneeling down, he cried aloud: Lord, do not impute this sin to them. »

The painting leaves the left side entirely in shadow, in a partially failed attempt to evoke the idea of Stephen seeing the « open heavens. » Saul is in the shadows because he is the one encouraging the execution. Later, on the road to Damascus, he would have his own vision of the « heavens opening » and in turn convert to Christianity, since Saul is none other than the future St. Paul.

In short, as we have said, at the age of 19, Rembrandt powerfully asserts the principles for which he wants to live and for which he is prepared to die, ideas that he must have discovered at the age of fourteen during the great Sophist event, the great « theological debate » that was the beginning of the end of the Republic.

Ideas

Historians might scream there is no space here for political manifestos. They are right. Rembrandt’s ideas go far beyond simple minded militantism, and their political impact is much more profound.

In 1641, an artist, Philips Angel, adressing the painting guild, honored Rembrandt and underscored the artist’s « elevated and profound reflection ». What were these « elevated and profound » ideas all about?

  • Truth. Somebody must mobilize the courage to stand up and tell the truth in front of established authorities or misleading public opinion. That theme comes regularly back, notably with « Suzanna and the Elders ». Daniel, a witness of injustice will speak up and saves Suzanna from the death sentence.
  • Reason. Faith and religion do not always coincide with religious rites. Look to the angry angel preventing Abraham from killing his own son in « The sacrifice of Isaac ». Think before acting! Reason, love of God and love for mankind must guide any religious practice and on the basis of reason, a dialogue of cultures can enrich humanity.
  • Self-perfection. Change, yes. People can find in themselves the means to identify their errors and change for the better. The example of Saint-Paul will stand as a permanent reference for Rembrandt, who painted him several times and even represented himself as the Church father.
  • Love, Repentance, Pardon. In a period of permanent danger of « religious wars », Rembrandt strongly identifies with Saint Stephen’s demand « Lord, lay not this sin to their charge. » Rembrandt will paint several times « The return of the prodigal son ». The father gives a great feast for the returning son because he « who was dead came back to life ». The notion of pardon, and acting in the advantage of the other, will become the key concept for the success of the world Peace of Westphalia concluded in 1648 ending the thirty years war, including the recognition of the Netherlands as a sovereign state.

The Night Watch

The Night Watch

Misrepresented as a nocturnal scene, the Night Watch is probably one of the greatest intellectual provocations against cold Aristotelian classicism.

The Netherlands was at war. Amsterdam, like most major cities, maintained a considerable militia of archers, crossbowmen and harquebusiers. These small citizen armies had a firing range and a meeting hall, the Kloveniersdoelen, where soldiers could rest after training.

Obviously, such glorious gatherings deserved to be immortalized in vast group portraits, where all the members of the company was presented in such a way that, as van Hoogstraten put it, « you could, as it were, behead them all with a single cannon shot. »

Rembrandt completely overturned this traditional representation. Firstly, apart from the 2 captains and their 16 companions (who each paid for their presence on the canvas), Rembrandt added another third of figures to the original number.

Secondly, the revolutionary concept implemented is the idea of depicting the whole group as « on the march », not just advancing, but raising flags and weapons after passing under a circular arch seen just behind them.

Thirdly, a spectacular sense of movement emanates from the rapid oscillation of a chiaro-oscura, illuminating one part, casting another into shadow.

Finally, the show seems formally a confused, chaotic scene. People enter from all sides. In infinite heteronomy, one loads his rifle, another beats the drum, another raises his spear while another stares at his rifle.

Beyond this apparent hectic confusion, what remains is the spirit of a republican citizenry called to arms and moving from chaos to unity, a subject Rembrandt represented the same year in an allegorical oil sketch, Concord of the State.

Against narrow academic rigor, the spirit of inclusion of the multitude so common to Flemish painters like Bruegel was once again manifesting itself.

Van Hoogstraten, defending Rembrandt against these critics (as usual, those who were jealous of his brilliant performance) commented:

« Rembrandt observed this requirement [of unity] very well… and although in the opinion of many he went too far, making the painting more according to his personal taste than according to the individual portraits he had been commissioned to paint.

Nevertheless, the painting, no matter how harsh the critics, will stand, in my judgment, against all these rivals because it is so picturesque in its conception and because it is so powerful that, according to some, all the other doelen works look like playing cards in comparison. »

Immortality

We took here just a few examples to demonstrate that Rembrandts universal character derives directly from his ruthless commitment, directed to make us conscious of the creative potential given to all human beings, men and women, old and young, Christians, Jews, Muslims or others, a creative and creating human nature called the soul.

This commitment is once again available in today’s new generation and can therefore be mobilized for great achievements.

From this point of view, Rembrandt is in a good position to become a reference individual capable of leading us out of the current cultural « dark age », where video games teach our children to take perverse pleasure in gratuitous violence and push them to become « naturally born killers ».

In contrast, a Rembrandt who catches life and loves mankind will trace the divine in the slightest spark of light. As some sort of 5th apostel, without ever painting God directly, Rembrandt reveals the harmony of his creation.

Those who took time studying his paintings can tell themselves: « God exists, I just met Rembrandt », since through Rembrandt’s art God’s tender love and blessing power are revealed to us in our human reality.

That « immortal » nature of Rembrandt’s soul will doubtlessly nourish the « immortality » of the creative geniuses he will inspire. Let us not wait another four hundred years to celebrate such a genius, for what he brings us is living and not to be buried in the history of art

Notes:

  1. Friedrich Schiller, The revolt of the Netherlands; Karel Vereycken, How Erasmus Folly saved our Civilization; Karel Vereycken, « Rembrandt, bâtisseur de nations » in Nouvelle Solidarité, June 10 and 17, 1985.
  2. Years earlier, René Descartes, using his own funds, made a trip to Bohemia and in 1620 took part in the battle of Montagne Blanche, leading to the massacre of Prague, the capital of Bohemia. One biographer reports that Descartes, entering Prague, immediately appropriated Kepler’s Brahe scientific instruments.
  3. For a detailed report on the links between Rembrandt and Comenius and the Bohemian revolt, see Karel Vereycken, The light of Agapê, Rembrandt and Comenius versus Rubens, Ibykus N°85, 2003.
  4. Ernst van Wetering, director of the Rembrandt Research Project (RRP), on the basis of scientific examinations of Rembrandt’s works, estimates that the master required his models to pose for three hours a day for at least three months.
  5. Karel Vereycken, Leonardo, painter of movement, Fusion N°108, 2006.
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Le violoniste, d’après Jacques Callot

Violoniste, d’après Jacques Callot. Copie au burin sur cuivre par Karel Vereycken.
Violoniste, d’après Jacques Callot. Copie au burin sur cuivre par Karel Vereycken.
Violoniste, d’après Jacques Callot. Copie au burin sur cuivre par Karel Vereycken.
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Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide

Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 4e état, trait, roulette, aquatinte, grattoir.
Poséidon
Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 3e état, trait, roulette, aquatinte, grattoir.
Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 2e état, trait, roulette, aquatinte.
Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 1er état, trait, roulette.
Poséidon procédant à la destruction d’Atlantide, Karel Vereycken, croquis préparatoire.
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Qui est là?

Qui est là? (5e état, détail). Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, aquatinte, pointe sèche).
Qui est là? (5e état) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, aquatinte, pointe sèche).
Qui est là? (détail) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, aquatinte, pointe sèche).
Qui est là? (4e état) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, roulette, aquatinte, pointe sèche).
Qui est là? (3e état) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, roulette).
Qui est là? (2e état) Eau-forte sur zinc, 2e état, de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre, roulette).
Qui est là? (1er état, détail) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre).
Qui est là? (1er état) Eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, février 2023 (trait, sucre)
Plaque de zinc avec dessin (sucre et encre de Chine).
croquis
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Odile et Odette

Odile et Odette, eau-forte sur zinc de Karel Vereycken, janvier 2023.
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Ambiance hausmannienne

Ambiance haussmannienne, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, encre bistre, janvier 2023.
Ambiance haussmannienne, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc,
4e état, janvier 2023.
Ambiance haussmannienne, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc,
3e état, janvier 2023.
Ambiance haussmannienne, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 2e état, déc. 2022.
Ambiance haussmannienne
Ambiance haussmannienne, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 1e état, déc. 2022.
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L’olivier du Pont du Gard

Olivier pont du Gard
L’olivier du Pont du Gard, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, encre bistre.
Olivier au Pont du Gard.
L’olivier du Pont du Gard, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, encre sépia, deuxième état.
L’olivier du Pont du Gard, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, effet bistre, premier état.
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Autoportrait à l’écharpe

Autoportrait à l’écharpe, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 4e état, tirage couleur (octobre 2022)
Autoportrait à l'écharpe.
Autoportrait à l’écharpe, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 3e état, tirage couleur (octobre 2022)
Autoportrait à l'écharpe.
Autoportrait à l’écharpe, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 2e état (octobre 2022)
Autoportrait à l’écharpe, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 1er état (octobre 2022)
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La mort de Melencolia

encre gris de payne
La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, en noir de payne.
mort melencolia
La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 7e état, terminée.
La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 6e état d’un travail en cours.
Préparation des réserves pour l’aquatinte.

La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 5e état d’un travail en cours.
La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 4e état d’un travail

La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, 3e état d’un travail en cours.

La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, deuxième état d’un travail en cours.
Mort de Melencolia
La mort de Melencolia, Karel Vereycken, eau-forte sur zinc, premier état d’un travail en cours.
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Hommage à Joëlle Serve

Voici mon post facebook du 29 décembre 2020

Pendant la Covid-19, la vie continue, les enterrements aussi. Assisté aujourd’hui au service funéraire de ma professeure de gravure, ma très chère Joëlle Serve.

Joëlle Serve

Joëlle était diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris et lauréate de l’Institut, prix Casa Velázquez.

Une des premières femmes, en 1975, à avoir créé et dirigée un atelier de gravure, rue Daguerre à Paris, l’Atelier 63 et en 1983 l’association de gravure Trace.

A Paris, elle accueillait des jeunes coréennes, italiennes ou américaines, montrant que la France, parfois si arrogante, est aussi un pays sachant faire preuve d’hospitalité.

Joëlle Serve avec une élève.

Joëlle était une personnalité haut en couleurs, une femme de caractère plein d’humour, qui détestait l’hypocrisie, la lâcheté et surtout les tièdes et les faux-culs. Pas vraiment de quoi se faire beaucoup d’amis dans la cour du monde de l’Art.

En gravure, pendant dix ans, elle m’a (presque) tout appris. Méthodique, elle jugeait l’apprentissage des techniques comme essentiel pour équiper les artistes d’un vocabulaire permettant de s’exprimer.

Pour refaire le cheminement de la découverte de la gravure, on a commencé par apprendre le trait en copiant une planche tirée des Prisons de Piranèse, ensuite l’aquatinte en copiant un paysage du Lorrain et enfin une technique combiné en copiant un des caprices de Goya.